Fantasy

Fantasy : Les coups de coeur de l’année 2020

Nous voilà arrivés en décembre, le moment idéal pour faire un point sur les lectures les plus marquantes de 2020 ! La plupart relèvent de la fantasy (on ne se refait pas) mais figurent également quelques titres de fantastique ou de science-fiction. Pour plus de clarté, j’ai séparé les romans uniques ou les premiers tomes de série sortis dans l’année des suites de séries déjà entamées et dont j’ai déjà parlé les années précédentes. [Un simple clic sur le titre de l’ouvrage vous permettra d’accéder directement à l’article complet le concernant.]

1- Vita Nostra – Marina et Sergueï Diatchenko (L’Atalante)
Sacha, une jeune fille originaire d’Europe de l’Est, rencontre un jour un homme étrange qui, au terme d’une longue série d’épreuves, la conduit dans une école très particulière, peuplé de professeurs étranges et d’élèves qui semblent tous souffrir de malformation ou de désordres mentaux. Avec « Vita nostra » Marina et Sergueï Diatchenko signent un roman déroutant mais aussi remarquable, tant par sa construction que par sa manière de se réapproprier des thématiques éculées en fantasy (l’enfant prodige, l’école de magie…). Si le contexte russe n’est évidemment pas étranger à la perte de repères éprouvé par le lecteur, celle-ci tient aussi et surtout à l’habilité avec laquelle les auteurs parviennent à entretenir le mystère concernant la nature de l’enseignement dispensé à cette jeune héroïne touchante et courageuse, tout en prenant garde à préserver la fluidité du récit. Un gros coup de coeur !

Vita nostra
 

2- Je suis ta nuit – Loïc Le Borgne (ActuSF)
1980, dans le petit village breton de Duaraz. Une bande de six enfants, cinq garçons et une fille, s’amusent à faire les quatre-cent coups et entendent bien profiter de leur dernière année avant leur entrée au collège. Leur insouciance ne va cependant pas tarder à voler en éclat lorsqu’une série d’événements plus étranges les uns que les autres vont venir perturber la petite vie paisible de ce village. Pour Maël, le chef de la bande, tous ces mystères n’ont qu’un seul et même responsable : le Bonhomme Nuit, une sorte de Croque-mitaine dont la cible ne serait autre que notre héros et sa bande. « Je suis ta nuit » est un roman sombre et angoissant mais aussi lumineux et poétique qui met en scène le passage prématurée à l’âge adulte d’un groupe d’enfants dans lesquels chaque lecteur pourra sans aucun doute se reconnaître. En dépit de la jeunesse des protagonistes et de l’apparente légèreté de l’intrigue, les thématiques traitées sont très dures et il ne fait aucun doute que le roman s’adresse donc avant tout à un public d’adultes.


 

3- Au bal des absents – Catherine Dufour (Seuil)
Claude, quarantenaire et chômeuse en fin de droits, saisit une opportunité qu’elle ne peut pas laisser passer alors qu’elle s’apprête à se retrouver à la rue : on lui propose de se rendre dans un petit village paumé de province pour y enquêter sur la disparition d’une famille américaine qui se serait volatilisée après avoir loué un magnifique manoir. Un manoir qui manque faire mourir Claude de terreur la première nuit, lorsqu’une présence manifestement très hostile lui fait comprendre qu’elle n’est pas la bienvenue. Le problème, c’est que notre héroïne n’a nul part ailleurs ou aller. Pour Claude, la situation est donc simple : ce sera le fantôme, ou elle. Roman d’horreur fantastique à vous glacer le sang, « Au bal des absents » est aussi et surtout un récit sur l’extrême pauvreté et les extrémités auxquelles elle nous réduit. Tour à tour drôle ou terrifiant, le texte se dévore d’une traite tant la tension est grande et le désir de connaître le vainqueur de cette lutte sans merci entre Claude et Colombe impérieux. A ne pas lire la nuit !


 
 

Un long voyage – Claire Duvivier (Aux forges de Vulcain)
Originaire d’une petite île dominée par un immense empire, Liesse est cédé dès son plus jeune âge comme esclave à deux représentants officiels. Le garçon vit relativement paisiblement dans la concession impériale, jusqu’à ce qu’il croise la route de Malvine Zélina de Félarasie , une jeune femme issue d’une des plus noble lignée de l’empire et au parcours prometteur, qui vient d’être nommée gouverneuse de la province. Pari réussi pour Claire Duviver qui signe avec « Un long voyage » un très beau premier roman qui aura de toute évidence séduit aussi bien les amateurs de fantasy que les néophytes en la matière. Le choix de relater la vie d’une femme de premier plan du point de vue de son discret et peu influent secrétaire est une excellente idée et permet à l’autrice de donner une dimension plus authentique et plus intime à son récit.


 

Le chant des cavalières – Jeanne Mariem Corrèze (Les Moutons Électriques)
Sophie est une jeune novice appartenant à l’ordre des Cavalières et dont toute une cohorte d’intrigants a décidé du destin il y a bien longtemps. Un destin exceptionnel et qui, si la jeune fille se montre à la hauteur des attentes que certains ont placé en elle, devrait totalement bouleverser le royaume de Sarda et la vie de ses habitants. Jeanne Mariem Corrèze signe un premier roman remarquable qui mérite tout à fait le qualificatif de « pépite ». Un univers riche et original en dépit de son apparent classicisme, une intrigue bien ficelée dont les enjeux se complexifient au fil du récit, une belle galerie de personnages, une plume soignée : autant de qualités qui font de ce roman une véritable réussite.

Le chant des cavalières
 

Olangar, une cité en flammes – Clément Bouéhlier (Critic)
Olangar bouillonne à nouveau, surtout depuis la décision prise par la Chancellerie de créer des ZEF, zones économiques franches, où, au nom de l’emploi, carte blanche est donnée aux investisseurs qui peuvent ainsi s’affranchir de la réglementation en vigueur partout ailleurs et rester flous concernant la nature de leur business. La zone de Lorkhil suscite notamment beaucoup de questions, d’autant que les espions envoyés sur place par certains curieux ne sont jamais revenus. Pari réussi pour Clément Bouhélier qui nous offre avec « Une cité en flammes » un nouveau roman qui tient toutes ses promesses et dépasse même largement en maîtrise « Bans et barricades ». Sens du rythme, intrigue bien construite, personnages nuancés et attachants, univers immersif : tous les ingrédients sont là pour faire un bon roman de fantasy qui ravira aussi bien les néophytes que les habitués du genre. A ne pas manquer !

Olangar - Une Cité en flammes
 

Vigilance – Robert Jackson Bennett (Le Bélial – Collection Une Heure Lumière)
Dans une Amérique en déclin, un nouveau type d’émission télévisée baptisée « Vigilance » est né. Le principe est simple : lâcher dans une zone bondée de monde plusieurs individus armés, les laisser faire un carton ou se faire dégommer… et diffuser le tout sous la forme d’une émission de télé-réalité. Choquant ? Oui, mais visiblement pas suffisamment pour que la réprobation de certains ait raison de la violence et du voyeurisme des autres, puisque l’émission fait un carton a chaque diffusion. Robert Jackson Bennett signe un roman coup de poing qui nous dépeint une Amérique futuriste glaçante de familiarité. Avec cruauté et lucidité, l’auteur nous plonge au cœur de la violence de cette société en pleine déliquescence, plus obsédée par l’idée de se protéger d’un péril imaginaire que de se pencher sur les véritables dangers qui causeront leur perte.


 

Un gars et son chien à la fin du monde – Charlie Fletcher (J’ai lu – Nouveaux Millénaires)

Dans un monde post-apocalypse plutôt tranquille, Griz, un adolescent qui vit avec sa famille sur une petite île écossaise coupée du monde, voit sa vie basculer lorsqu’un voyageur débarque sur l’île et profite de la bienveillance de ses hôtes pour leur dérober plusieurs possessions. Parmi elles, la chienne de Griz qui, sur un coup de tête, va se lancer à la poursuite du voleur à bord de son bateau et avec pour seule compagnie son autre chien. La traque va évidemment l’amener à arpenter des territoires inconnus et les ruines plus ou moins identifiables de notre civilisation. Un premier roman remarquable qui, s’il ne révolutionne pas le genre post-apo, n’en possède pas moins énormément de charme. De l’aventure, du suspens, de l’émotion, des personnages attachants et un héros surprenant jusqu’au bout : voilà ce qui vous attend à la lecture de cet ouvrage qui laisse rêveur.


 

Harrison Harrison – Daryl Gregory (Le Bélial)

Harrison est un adolescent à priori ordinaire, si on excepte l’absence de l’une de ses jambes, perdue après un terrible accident en mer qui causa la mort de son père. Des années après les faits, Harrison accepte de suivre sa mère pour quelques mois dans une petite bourgade côtière éloignée de tout afin qu’elle puisse procéder à des relevés océanographiques. La ville de Dunnsmouth va toutefois leur réserver bien des surprises. Original, drôle et palpitant : voilà ce qui vient à l’esprit pour qualifier le roman de Daryl Grégory une fois la lecture terminée. « Harrison Harrison » est ainsi un bel hommage à Lovecraft, doublé d’une enquête bien construite qui enchaîne les rebondissements tout en mettant en scène un héros drôle et attachant. Un roman rafraîchissant, qui vous poussera sans doute à réfléchir à deux fois avant de vous aventurer sur la mer. Qui sait ce qui se cache sous l’eau ?

Harrison Harrison
 

Le prieuré de l’oranger – Samantha Shannon (De Saxus)

Séparées par l’Abysse, une vaste étendue d’eau difficile à traverser, les royaumes d’Est ou d’Ouest possèdent chacune leur raison de haïr ou de craindre leur lointain voisin : les Occidentaux parce qu’ils considèrent les Orientaux comme des hérétiques adorateurs de dragons ; les Orientaux parce qu’ils craignent le retour d’une maladie venue de l’Ouest. Mais une sombre menace grandit dans les entrailles de la terre où le Sans-Nom, gigantesque dragon de feu précédemment vaincu par l’humanité, sort peu à peu de son sommeil. D’une manière ou d’une autre, il va falloir que les deux continents fassent front ensemble pour ne pas être détruits. Si l’autrice réutilise un certain nombre d’archétypes de la fantasy, elle sait également s’en détacher, notamment en ce qui concerne le traitement des personnages féminins qui sont nombreuses à occuper le devant de la scène. Une très belle épopée.


 

Vaisseau d’arcane, tome 1 – Adrien Tomas (Mnémos)

Tout commence avec Sof, infirmière tout ce qu’il y a de plus ordinaire et menant une vie bien rangée. Ou du moins était-ce le cas jusqu’à ce que son frère, journaliste et opposant farouche au pouvoir en place, ne soit victime d’une décharge d’Arcane, un phénomène magique frappant apparemment aléatoirement et transformant les « Touchés » en coquille vide, pulvérisant leur esprit tout en les dotant de pouvoirs extraordinaires. La jeune femme prend alors la fuite avec son frère, poursuivis par un assassin aussi doué qu’insaisissable. D’ailleurs, la mission qu’on lui a confié, compte-t-il vraiment la mener à bien ? Adrien Tomas nous offre ici un nouveau roman qui change de ses précédents parutions mais qui se révèle d’aussi bonne qualité. Outre un univers qui comporte plusieurs touches d’originalité bienvenues, on peut surtout saluer la volonté de l’auteur d’aborder dans son récit des problématiques actuelles qui renforcent l’immersion du lecteur et l’invite à se questionner sur des sujets de société. Que les amateurs d’aventure se rassurent, le roman comporte également son lot de scènes d’action et de rebondissements qui rendent la lecture particulièrement dynamique et agréable. Vivement la suite !

Vaisseau d'arcane, tome 1 - Les Hurleuses

 
 
Je passe rapidement sur les suites de séries de fantasy poursuivies en 2020 et qui m’ont encore offert de belles heures de lecture : « Les flots sombres » de Thibaut Latil-Nicolas (série « Chevauche-brumes ») chez Mnémos ; « La Tempête des échos » de Christelle Dabos (série « La Passe-miroir ») chez Gallimard ; « L’hiver de la sorcière » de Katherine Arden (série « Trilogie d’une nuit d’hiver ») chez Denoël.

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En espérant que ce petit bilan vous donnera envie de vous plonger à votre tour dans tous ces univers ! Et vous, quels ont été vos coups de cœur cette année ?

Antiquiste passionnée d’art, de cinéma, de voyage et surtout grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement).

12 commentaires

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