Fiction historique

Dans l’ombre du brasier

Titre : Dans l’ombre du brasier
Auteur : Hervé Le Corre
Éditeur : Payot-Rivages (collection Rivages noir)
Date de publication : 2020

Synopsis : La « semaine sanglante » de la Commune de Paris voit culminer la sauvagerie des affrontements entre Communards et Versaillais. Au milieu des obus et du chaos, alors que tout l’Ouest parisien est un champ de ruines, un photographe fasciné par la souffrance des jeunes femmes prend des photos « suggestives » afin de les vendre à une clientèle particulière. La fille d’un couple disparaît un jour de marché. Une course contre la montre s’engage pour la retrouver. Dans l’esprit de L’homme aux lèvres de saphir (dont on retrouve l’un des personnages), Hervé Le Corre narre l’odyssée tragique des Communards en y mêlant une enquête criminelle haletante.

Y a des riches et y a des pauvres, ce sera toujours comme ça, et les riches ils seront toujours plus forts que les pauvres parce qu’eux ils savent se serrer les coudes pour défendre leur bout de gras alors que le populo est bien trop con pour faire pareil.

Dans le cadre des 150 ans de la Commune de Paris, découvrez nos différents articles sur le sujet : « La Commune de Paris » de Sebastian Haffner ; « Louise Michel, la Vierge rouge » de Mary et Bryan Talbot (à venir : « C’est la nuit surtout que le combat devient furieux », témoignage d’Alix Payen retranscrit par Michèle Audin et « Les damnés de la Commune » de Raphaël Meyssan)

Plongée éprouvante dans la Semaine sanglante

Les dernières heures de la rébellion sociale, insurrection qui, après avoir suscité l’espoir, s’apprête à être écrasée dans le sang et la souffrance… : Hervé Le Corre restitue dans un style remarquable la reprise en main des Versaillais en immergeant le lecteur au plus prêt des Communards insurgés de 1871. On est pris dans ce tumulte de fièvre, de poussière et de sang, chaque combat de rue étant remarquablement décris. Ça transpire le courage, la rage, la peur, la camaraderie, la fragilité de la vie : combattre jusqu’au sacrifice suprême pour un idéal écrasé sans la moindre pitié. L’écriture de Le Corre est toujours aussi remarquable, lui, l’auteur de polar, qui délaisse quelque peu son genre de prédilection (quoique présent tout de même) pour nous livrer un focus sur un évènement de notre histoire et dont on commémore cette année le 150ème anniversaire.

Alors il circule, effrayé et excité par ces préparatifs d’une guerre d’un genre nouveau, où chaque place sera un champ de bataille et chaque rue une position à conquérir et à défendre.

Au plus prêt des Communards

Les personnages de Le Corre sont extrêmement attachants (Le Rouge, formidable guerrier notamment) et le lecteur éprouve une immense empathie pour ces femmes et ces hommes qui savent que l’issue de leur rage et de leur combat sera vain, balayé par un adversaire supérieur en nombre et sans aucune pitié. Deux mondes s’opposent, celui des petites gens contre celui des nantis, en cela rien n’a changé. L’amour est aussi présent malgré les combats et le chaos (peut-il être au dessus de tout ?) à travers le personnage de Nicolas cherchant sa bien-aimée, la peur vrillée au ventre de ne pas la retrouver.

Nicolas et le Rouge le regardent partir vers la barricade de l’ avenue de l’Empereur, traînant des pieds, son fusil à l’épaule. Qu’est-ce qu’on attend ? demande le Rouge. J’en sais rien. C’est une drôle de question, non ? En principe on sait ce qu’on attend, tu crois pas ? Ou alors, on espère quelque chose et c’est vague. Du pain pour les mioches et des écoles pour qu’ils soient moins couillons que nous, par exemple. Mais ça suffit pas de l’attendre. C’est pas comme un train. Si tu vas pas le chercher, ça n’arrive pas tout seul. La Commune c’est ça, je crois. On est allés la chercher sans attendre encore des siècles que ça nous tombe tout rôti dans la gueule.

« Dans l’ombre du brasier » est un récit passionnant, un roman de grand qualité, un de plus, de cet auteur décidément passionnant.

Livrovore passionné de lecture, de cinéma, de théâtre et en règle générale par tout ce qui a trait à la culture, sans prétention.

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