Science-Fiction
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News Science-Fiction et nouvelles collections (novembre 2018)
À l’heure où débute le festival des Utopiales de Nantes, il y a encore différentes annonces qui pourraient attirer votre attention dans le petit monde de la science-fiction, littéraire notamment, ludique aussi un peu.
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BonheurTM
Titre : BonheurTM
Cycle/Série : Trademark, tome 1
Auteur : Jean Baret
Éditeur : Le Bélial’ [site officiel]
Date de publication : 13 septembre 2018Synopsis : Demain. Quelque part dans la jungle urbaine… Il ouvre les yeux. Se lève. Y a du boulot…
« Avez-vous consommé ? » Il contemple l’hologramme aux lettres criardes qui clignotent dans la cuisine sans parvenir à formuler la moindre pensée.
« Souhaites-tu du sexe oral ? »
La question de sa femme l’arrache à sa contemplation. Il réfléchit quelques secondes avant de refuser la proposition : il a déjà beaucoup joui cette semaine et il n’a plus très envie. Sans oublier que le temps presse.
Sa femme lui demande de penser à lui racheter une batterie nucléaire. Une Duracell. Il hoche la tête tout en avalant son bol de céréales Weetabix sur la table Microsoft translucide qui diffuse une publicité vantant les mérites d’une boisson caféinée Gatorade propice à l’efficacité. Il se lève, attrape sa femme, lui suce la langue pendant de longues secondes, puis enfile sa veste Toshiba – son sponsor de vie – et se dirige vers la porte. Dans le ciel encombré, sur les façades des tours, sur le bitume, ou simplement à hauteur d’homme, des milliers d’hologrammes se déplacent lentement au gré de courants invisibles au cœur des monades grouillantes.
Il est flic. Section des « Crimes à la consommation », sous-section « Idées ». Veiller à la bonne marche du monde, telle est sa mission. Autant dire que la journée promet d’être longue…Jean Baret est un prophète, une voix sans pareille dans le concert de l’anticipation sociale et culturelle. Peut-être, enfin, le renouveau d’un genre SF qui balbutie trop souvent son futur. Avocat au barreau de Paris, culturiste et nihiliste – l’un ne découlant pas forcément de l’autre – il est le rejeton improbable du Chuck Palahniuk de Fight Club et du Philip K. Dick d’Ubik. Avec BonheurTM, premier jalon de la trilogie Trademark, roman coup de poing visionnaire et syncopé aussi hilarant qu’effrayant, il nous offre le miroir à peine déformé de nos sociétés modernes en bout de course : rien moins qu’une révolution.
— Tu ne trouves pas que c’est quand même un paradoxe ?
[…]
— Hein ? Qu’est-ce qui est un paradoxe ?
— Ben, le fait que travailler est nécessaire pour qu’on ait un pouvoir d’achat suffisant, mais que travailler ne nous laisse pas assez de temps pour consommer !
— Ah… Ouais en effet… Tout est une question d’équilibre. Consommer, c’est aussi donner du travail aux autres. Te faire plaisir en t’achetant tout ce que tu veux, c’est la garantie d’un taux de chômage faible.
— Oui, mais reconnais qu’avec le boulot qu’on a, c’est pas toujours facile.
— Personne n’a dit que ça le serait.Trademark, c’est d’abord une nouvelle parue dans un numéro de la revue Bifrost. Mais avec BonheurTM, Jean Baret lance une trilogie Trademark où il compte bien montrer une société où l’ultraconsommation est devenue la norme. VieTM et MortTM sont deux autres romans prévus pour être des volumes lisibles indépendamment.
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Frankenstein 1918
Titre : Frankenstein 1918
Auteur : Johan Héliot
Éditeur : L’Atalante
Date de publication : 2018 (octobre)Synopsis : Grande Guerre, 1914. Après un premier engagement désastreux, les Anglais décident l’opération Frankenstein : plutôt que de construire des chars, on créera de la chair à canon. À partir des archives du fameux docteur et grâce à la production d’électricité à présent industrialisée, des unités de soldats pouvant être sacrifiés sans remords seront fabriquées – les champs de bataille du nord de la France fourniront la « matière première ». Winston Churchill est nommé responsable de l’unité de recherche sur la régénération. Les « frankies » vont faire leurs preuves sur le terrain, mais la société se partage entre pro et anti. L’opération finalement interrompue, l’un d’eux, Victor, échappe au massacre.
Le pire pour ces garçons consistait à se rendre compte qu’ils mourraient pour la conquête d’un demi-yard de terre dénué de valeur stratégique, repris le lendemain par ceux d’en face à un prix aussi exorbitant. Où était la logique, où était la grandeur, où la nécessité de l’ultime sacrifice ? Nulle part, évidemment.
[Attention : Je n’ai mis ici que la moitié du résumé de la quatrième de couverture et je vous conseille de vous en tenir là, le reste spoilant la quasi totalité du roman.]
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Frankenstein 1918
Titre : Frankenstein 1918
Auteur : Johan Héliot
Éditeur : L’Atalante (La Dentelle du Cygne) [site officiel]
Date de publication : 20 septembre 2018Synopsis : Grande Guerre, 1914. Après un premier engagement désastreux, les Anglais décident l’opération Frankenstein : plutôt que de construire des chars, on créera de la chair à canon. À partir des archives du fameux docteur et grâce à la production d’électricité à présent industrialisée, des unités de soldats pouvant être sacrifiés sans remords seront fabriquées – les champs de bataille du nord de la France fourniront la « matière première ». Winston Churchill est nommé responsable de l’unité de recherche sur la régénération. Les « frankies » vont faire leurs preuves sur le terrain, mais la société se partage entre pro et anti. L’opération finalement interrompue, l’un d’eux, Victor, échappe au massacre.
Après la terrible hécatombe de la Guerre terminale et ses cent millions de victimes estimées, militaires et civiles, quel plus bel horizon concevoir pour le futur que la mort enfin vaincue ? Quel plus beau présent offrir aux enfants du malheur, grandis sur les décombres du passé ?
Avec Frankenstein 1918, Johan Héliot est de retour chez les éditions L’Atalante et fait d’une pierre deux coups : il célèbre le bicentenaire du roman fondateur de Mary Shelley et le centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale en narrant les conséquences d’une « Grande Guerre » qui n’aurait pas pris fin en 1918.
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Eternity Incorporated
Titre : Eternity Incorporated
Auteur : Raphaël Granier de Cassagnac
Éditeur : Mnémos (Dédales) / Hélios
Date de publication : juin 2011 / avril 2015Synopsis : Plusieurs siècles après l’anéantissement de la civilisation par un virus inconnu, une partie de l’humanité survivante a trouvé refuge dans une ville-bulle régentée par un ordinateur central omnipotent.
Au sein de ce sanctuaire, nous vivons les destins entrecroisés de Sean, Ange et Gina.
Un changement majeur dans l’ordre de la Bulle les lance sur la quête dangereuse des secrets du Processeur et d’eux-même…
Physicien de métier, Raphaël Granier de Cassagnac signe avec ce roman un texte ambitieux qui conduira plus loin le lecteur dans sa réflexion sur notre futur.En me réveillant ce jour-là, je sentis que l’aube nous avait apporté l’impossible.
Raphaël Granier de Cassagnac est physicien des particules, mais il est également auteur de différents ouvrages, notamment chez les éditions Mnémos (nouvelles, anthologies, directeur de la costaude collection de beaux livres Ouroboros). Eternity Incorporated fut son premier roman, commencement d’une trilogie de science-fiction anticipatrice.
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Toxoplasma
Titre : Toxoplasma
Auteur : David Calvo
Éditeur : La Volte
Date de publication : 2017 (octobre)Synopsis :Après la Révolution, l’île de Montréal est assiégée — ses ponts bloqués par l’armée fédérale. Partout dans les rues se déchirent les partisans de l’ancien monde libéral et ceux qui aspirent à une société anarchiste, transformant le paysage urbain en un champ de ruines festif où survivent des communautés humaines en pleine recomposition. Au cœur de ce chaos, Nikki Chanson bosse dans un vidéo-club. Paumée mais pleine de talents cachés, elle partage son temps entre la refourgue de mauvais films aux mauvaises personnes, les enquêtes sur des faits divers sordides et les soirées film en compagnie de Kim, coureuse de bois virtuels. Mais entre ses hallucinations en VHS et ses rêves de forêts détruites, le quotidien de Nikki menace de s’engouffrer dans une conspiration meurtrière à laquelle elle ne pourra échapper que grâce au soutien de sa copine et d’une marionnette d’un show pour enfants qui n’est autre qu’un chien mort.
-C’est vraiment « The New Age » qui tire son épingle du jeu, en proposant une virée exponentielle dans la conspiration. Un mystère épais, paranoïaque, aux ramifications sans fin. Une plongée dans le glauque des salles polyvalentes, du mal en costume-cravate, du pouvoir tout-puissant des grilles de calcul, d’un capitalisme sans tête, sans âme, partout à la fois, qui sait tout, voit tout, entend tout, et des soldats de l’ombre qui luttent contre cet enfer conceptuel où l’humanité est aujourd’hui enfermée, célébrant la toute-puissance de la commodité sans se poser la question du pourquoi.
_ Oui, mais, est-ce qu’il y a une histoire d’amour ? demande le mâle, intrigué.
_ Ah, mais bien sûr monsieur. Il faut beaucoup d’amour pour faire exploser une tête. -
Pyramides
Titre : Pyramides
Auteur : Romain Benassaya
Éditeur : Critic
Date de publication : 2018 (février)Synopsis : 2182. À bord d’arches géantes, les humains fuient une Terre sur le déclin. Leur destination ? Sinisyys, une autre planète bleue découverte aux confins du système Eridani. Parmi ceux qui rêvent de la rejoindre, Éric et Johanna.Or, après avoir émergé du sommeil cryogénique, ils comprennent qu’ils n’ont pas atteint Sinisyys mais une structure artificielle si grande que l’esprit humain ne réussit même pas à en imaginer les limites. Où sont-ils ? Comment sont-ils arrivés là ? Éric, Johanna, et les autres colons, parviendront-ils à percer le mystère de l’artéfact labyrinthique puis à faire repartir le Stem III vers sa destination initiale ? Pour cet échantillon d’humanité au bord de l’extinction, débute alors un compte à rebours au final incertain !
Une faible chance de survie vaut mieux que pas de chance du tout.
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The Manhattan Projects, tome 1 : Pseudo-science
Titre : Pseudo-science
Cycle/Série : The Manhattan Projects, tome 1 (épisodes #1-15)
Scénariste : Jonathan Hickman
Dessinateur : Nick Pitarra
Coloriste : Jordie Bellaire
Éditeur : Urban Comics (Urban Indies) [site officiel]
Date de publication : 5 janvier 2018 (2012-2013 en VO chez Image Comics)Synopsis : Octobre 1938. Le président Roosevelt reçoit une lettre d’Albert Einstein l’informant des progrès des savants allemands en matière de physique nucléaire. Dans quelques mois, les nazis pourraient disposer de la bombe nucléaire. Suite à cette révélation, le président américain décide la création du Projet Manhattan et rassemble les plus grands esprits scientifiques, chargés de contrer les avancées de l’ennemi ; projet qui aboutira quelques années plus tard à la création des premières bombes atomiques. Voici pour l’histoire officielle… Et s’il ne s’agissait que d’une partie de la vérité ? Si le Projet Manhattan avait servi d’écran pour occulter la création de nombreux autres projets encore plus fous et encore plus dangereux pour l’Humanité ? Et si la bombe atomique n’était que la plus modeste de leurs créations ?
Le Projet Manhattan est mené par plusieurs scientifiques, dans le but de mettre au point la première bombe atomique de l’histoire.
Mais je puis vous assurer, Professeur Oppenheimer, qu’ici, nous travaillons sur des choses bien plus intéressantes.Il existe toujours des bédéastes très productifs ; chez nos amis anglo-saxons, Jonathan Hickman fait partie de ceux-là, puisqu’en plus de toutes ses publications « mainstream » concernant les super-héros, il a d’ores et déjà multiplié plusieurs séries dites « indés » qui sont reprises en français par Delcourt puis Urban Comics. Dans le style, découvrez donc Pax Romana ou East of West, mais Manhattan Projects vaut largement aussi son pesant de cacahuètes.
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Hors-Série 2018 : Sept anniversaires
Titre : Hors-Série 2018 : Sept anniversaires (Seven Anniversaries)
Auteur : Ken Liu
Éditeur : Le Bélial’ (Une Heure-Lumière) [site officiel]
Date de publication : 6 septembre 2018Synopsis : Une Heure-Lumière, c’est la distance que parcourt un photon dans le vide en 3600 secondes, soit plus d’un milliard de kilomètres… Faire voyager vite et loin le lecteur, voilà l’ambition de cette collection inédite, tant par la forme que par le fond, devenue emblématique des éditions du Bélial’ en moins de trois années d’existence. Une collection ici fêtée avec ce premier hors-série introduit par Olivier Girard, son maître d’œuvre, au côté duquel on retrouvera aussi Aurélien Police, la source de son identité graphique, Ken Liu, l’un de ses auteurs référents, sans oublier un catalogue et une présentation exhaustive de l’ensemble des titres déjà parus sous ses désormais fameuses couvertures mouchetées.
Une heure-lumière… avec les étoiles pour objectif !Si on n’agit pas, la plus grande partie de l’Asie de l’Est deviendra inhabitable d’ici un siècle. Quand on établit une liste des mini-âges glaciaires et des mini-périodes chaudes de notre histoire, elle correspond à une liste de migrations de masse, de génocides, de guerres. Vous comprenez ?
[…]
Les pays riches, les plus gros pollueurs, voudraient que les pays pauvres arrêtent de se développer, de consommer autant d’énergie. Ils jugent équitable de dire aux pauvres de payer pour les riches, d’obliger les gens à la peau sombre à cesser d’essayer de rattraper les gens à la peau claire.Pour terminer sa troisième année de publications de leur collection Une Heure-Lumière, les éditions Le Bélial’ font les choses en grand, en petit format !
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La Station de l’Agnelle (recueil)
Titre : La Station de l’Agnelle
Cycle/Série : Nouvelles, tome I
Auteur : Jean-Claude Dunyach
Éditeur : L’Atalante (La Dentelle du Cygne) [site officiel]
Date de publication : octobre 2000Synopsis : Bientôt mille ans que j’attends l’événement : la Grande Conjonction, l’alignement de toutes les étoiles de la galaxie Dunyach dans un même chapelet de perles rares. Mille ans, c’est long ! Surtout qu’à chaque saison de chaque année d’autres astres éclosent et qu’il faudra aller les moissonner un peu partout dans l’univers.
Cueilleur d’étoiles. Des étoiles qu’on rit à chaudes larmes quand elles décrivent les habitudes migratoires des pères Noël, des étoiles qui se pleurent en silence aux abords de la station de l’Agnelle, des étoiles à vous glacer les neurones lorsque sonne l’heure des vers. Et en filigrane, dans chacun de leur noyau en fusion, une infinité d’histoires d’amour avec chute. Dans ce premier opus, il y a tout ça, et plus. Il y a Jean-Claude Dunyach, le semeur d’étoiles.
AyerdhalNos racines étaient sur Terre, mais la Terre est morte et nous n’avons plus de jardin. Nous connaissons les secrets qui permettent de voyager vite et loin, mais nous ne savons pas comprendre ce que nous découvrons au bout du voyage.
(« La Station de l’Agnelle »)Il est toujours bon de lire des recueils ou des anthologies de nouvelles de temps à autre, d’autant plus quand il s’agit de découvrir des récits anciens d’auteurs reconnus. Ainsi, sont toujours disponibles (et édités de manière cohérente) les recueils de Jean-Claude Dunyach chez les éditions L’Atalante. Édité en 2000, La Station de l’Agnelle fut le premier de ces recueils, mais déjà il contient les fondamentaux et arbore les symboles amenés à se répéter : une couverture de Gilles Francescano et une présentation de Yal Ayerdhal, deux proches amis de l’auteur. Il compile dix nouvelles qui avaient eu une vie éditoriale très diverse auparavant, étant publiées (sauf une) soit dans des revues spécialisées, soit dans anthologies thématiques, entre 1995 et 2000. Dix nouvelles, dix univers à découvrir en quelques pages : forcément, comme elles ne sont pas classées par ordre chronologique (d’écriture ou bien de première publication), il est toujours intéressant de comprendre comment le recueil a été pensé.