Pax Romana
Titre : Pax Romana
Scénariste et Dessinateur : Jonathan Hickman
Éditeur : Urban Comics
Date de publication : 21 février 2014 (2008 en VO chez Urban Comics)
Synopsis : 2045. Alors que l’Islam est devenu la religion dominante en Europe et que l’Ouest rejette le monothéisme, les laboratoires du CERN découvrent la possibilité du voyage dans le temps. Le Pape ordonne alors la création d’une armée privée qu’il envoie en 312 après J.-C., au temps du règne du premier empereur chrétien, Constantin. Arrivés à destination, les paradoxes temporels, idéologiques et personnels des mercenaires du Vatican entrent alors en collision, menaçant leur mission : changer le passé pour sauver le futur.
Je suis l’agrégat illuminé d’un millier de Saints-Hommes. Je suis l’Évêque de Rome, le Panchen Lama, le Pratyekabouddha, le Dernier Calife, le Prêtre Éternel d’Amon-Ra, le Rabbin Noir et le Shaman Blanc… je suis le Vicaire du Christ. Je suis la Pape Génétique.
Urban Comics met régulièrement en avant les travaux d’un auteur particulier avec plusieurs de ses œuvres. Après notamment Brian K. Vaughan, puis Sean Murphy en 2013, 2014 commence avec Jonathan Hickman. Celui qui s’illustre sur les principales séries Avengers de Marvel a débuté sa carrière chez Image Comics en publiant des histoires peu conventionnelles, dont Pax Romana est un parfait exemple.
Dans un monde futuriste, un pape génétique vient conter à un enfant-roi la quête de ses ancêtres à travers l’espace-temps. En effet, au milieu d’un XXIe siècle dominé par l’Islam, les scientifiques soutenus par le Vatican découvrirent le voyage temporel. Aussitôt, un commando d’élite fut monté (les mercenaires pullulent dans ce XXIe siècle très militarisé) et le pape du moment les envoya au IVe siècle à la rencontre de Constantin Ier avec pour mission de faire du catholicisme la religion dominante pour des millénaires et des millénaires. Or, que se passe-t-il quand on lâche quelques centaines de militaires surentraînés avec de la technologie nucléaire en plein Antiquité tardive ? Des dégâts, assurément.
Avec ce monumental pitch de départ, Jonathan Hickman s’est donné les clés pour aller très loin dans sa réflexion sur la religion, l’injustice du libre arbitre et le rapport entre individu et collectivité. Il lâche aux côtés d’un Constantin le Grand opportuniste une ribambelle de personnalités fortes prêtes à tout pour faire leur trou dans le nouveau continuum espace-temps qui s’offre à eux. Si sa façon de distiller les coups de théâtre et les renseignements sur l’intrigue pourra en gêner quelques-uns, nous ne pouvons retirer à Jonathan Hickman son ingéniosité dans la constitution de son uchronie. Il créé une aventure tendue tout du long, et réussit même à nous surprendre encore à la dernière page.
L’aspect graphique fait également de Pax Romana un comics qu’il convient de ne pas proposer sans aide aux néophytes. Par des planches très avant-gardistes, minimalistes et uniquement fondées sur la bichromie, Jonathan Hickman magnifie des situations très tendues et fait de son monde une machine particulièrement ordonnée. Les coups d’éclat, nombreux encore une fois, sont mis en valeur par l’aspect mécanique de leur exécution et par quelques gerbes bien maîtrisées, exceptionnellement écarlates. Même si une quantité folle de textes compose ce comics, il se dévore une fois que nous nous sommes emparés du pitch de départ.
Fans d’uchronies couillues, de remises en cause des religions et de styles graphiques non conventionnels, foncez ! Les autres, abordez ce genre de comics par étape, avec prudence et précaution, cela vaudra toujours mieux que d’être déçu à la lecture de cette idée géniale.
Voir aussi : La critique de YvanTilleul (Sin City) et de PoisonFanny (ComicsPourNoob)


Aucun commentaire
Escrocgriffe
Alors celui-là, je vais le lire, c’est une certitude ! Un grand merci pour m’avoir fait découvrir cette uchronie complètement barrée teintée de religion, je note la référence…
Dionysos
De rien ! Une vraie satisfaction si on tolère des planches peu académiques. 😉