Science-Fiction

Carnum

Carnum

Titre : Carnum
Auteur : Christophe Carpentier
Éditeur : Au Diable Vauvert [site officiel]
Date de publication : 6 octobre 2022

Synopsis : Certains qu’il y a une place en 2022 pour un cannibalisme librement consenti, une chirurgienne et un entrepreneur de renom décident de commercialiser de la viande humaine.
Denrée fort addictive, sa consommation va rapidement menacer l’équilibre d’une humanité déjà vacillante.
Au terme de cette fable à la saveur aigre-douce, qui fera tomber le tabou civilisationnel ultime, nous saurons enfin si la pureté peut jaillir de l’innommable.

Eh, arrêtez votre char, là. C’est pas parce qu’on mange de la viande humaine qu’on est de mauvaises personnes.

Après Cela aussi sera réinventé et L’Homme-canon, Au Diable Vauvert propose à la rentrée 2022 un autre roman de Christophe Carpentier : Carnum !

Capitalisme cannibale

Jérôme Mareuil est au bout du rouleau. Il a pourtant tout réussi. Ou justement il a tout réussi, et n’en peut plus à cause de cela. Magnat du transport routier depuis des années, il décide de tout plaquer, sa femme, sa famille, ses affaires, pour s’isoler et réfléchir à sa fin. Mais c’est sans compter Edwige Müller, chirurgienne renommée, qui se passionne d’un coup pour la viande humaine depuis qu’elle a goûté la jambe amputée d’un enfant lors d’une opération. Elle offre à Jérôme une opportunité d’investir les 4 millions d’euros qu’il a récupérés de sa mirobolante entreprise : créer un tout nouveau marché de vente de viande humaine ! Mais comment faire de l’argent sur un tabou ? Comment créer un marché, de niche certes, sur une denrée difficile à trouver au premier abord, difficile à refourguer puisque la demande n’existe pas, et difficile à vendre sans essayer soi-même au risque de s’y perdre ?

La forme au service du fond

Cela aussi sera réinventé avait l’avantage de fournir un monde de science-fiction très développé, mais le défaut de vouloir trop en dire, trop faire déblatérer les personnages en de longs monologues exposant leurs motivations complexes. L’Homme-canon gagnait en vigueur en proposant un texte sous forme de pièce de théâtre sur des thématiques proches du précédent et misait sur une absurdité certaine. Carnum, lui, affine davantage la forme pour servir le propos complètement absurde du « tabou civilisationnel ultime ». Ici, d’un côté, le style est agréable, la forme théâtralisée (héritée de L’Homme-canon) fonctionne très bien avec la découverte progressive des personnages, le rendu absurde de certaines scènes et les didascalies à répétition. Toutefois, l’ensemble reste court, bon certes, mais court (moins de 200 pages). Cela ne pose pas de problème pour une pièce de théâtre, d’autant que les ellipses sont habilement utilisées, cela en pose davantage quand on s’attend à une conclusion plus dense pour ce roman. On ne peut qu’anticiper une fin tragique à cette fuite en avant, et l’amoncellement de scènes un brin gores ne pouvait de toute façon pas se répéter sur plusieurs centaines de pages sans déranger à l’excès, mais tout de même il y a une petite sensation de coupe-faim sur la fin. Dans le même ordre d’idée, mais avec un traitement davantage « zombiesque », lisez également Carne, de Julia Richard.

Décidément, Christophe Carpentier nous propose des romans théâtralisés de plus en plus barrés et ce n’est pas pour nous déplaire !

Autres critiques :

Kaamelotien de souche et apprenti médiéviste, tentant de naviguer entre bandes dessinées, essais historiques, littératures de l’imaginaire et quelques incursions vers de la littérature plus contemporaine. Membre fondateur du Bibliocosme.

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