Les 5 Terres, tome 5 : L’objet de votre haine
Titre : L’objet de votre haine
Cycle/Série : Les 5 Terres, tome 5
Auteurs : Lewelyn et Jérôme Lereculey
Éditeur : Delcourt (Terres de légendes) [site officiel]
Date de publication : 6 janvier 2021
Synopsis : Mederion a fait arrêter les étudiants qu’il a rencontrés en audience et cette décision va mettre le feu aux poudres. L’avant-dernier volet de la série animalière événement est explosif !
Tandis qu’Astrelia est ramenée contre son gré à Angleon, le roi Mederion a fait enfermer les étudiants qui étaient venus discuter avec lui librement. Non seulement cette décision révolte Terys et le Conseil, mais elle décide également les étudiants les plus révolutionnaires à passer à l’action. Tandis que les uns pansent leurs blessures, les autres se déchirent dans une cité devenue le théâtre d’affrontements intimes de plus en plus violents.
Si trahir son propre sang, sa propre famille, est le propre de l’élite, alors vous m’excuserez de vouloir la voir disparaître une bonne fois pour toutes.
Bientôt la fin du cycle d’Angleon : c’est déjà le cinquième tome des 5 Terres qui se profile, toujours par Lewelyn et Jérôme Lereculey chez les éditions Delcourt.
Il n’y a rien de plus étouffant qu’un secret qu’on ne peut partager.
L’objet de votre haine
Comme au tome précédent, Astrelia a encore les honneurs d’une première planche muette zoomant progressivement sur son regard plein de sentiments contradictoires, objet de haine d’une noble sur le déclin mais giron d’une haine qui ne demande qu’à éclore. Cela donne le ton de cet opus. De leur côté, la question des étudiants partagés entre révolution radicale et négociations subtiles avec le souverain qu’il faudra « éclairer » est approfondie. Cette intrigue prend une plus grande ampleur désormais et le nombre de personnages qui y sont attachés grandit assez vite. Comme l’affirme Sameus, l’ancienne Ombre du roi, « le problème avec les étudiants commence à prendre de l’ampleur ». Les dialogues sont davantage poussés désormais, puisqu’il s’agit non seulement de montrer les conséquences des actes du roi Mederion, mais surtout d’expliquer les différents types de régimes politiques qui sont possibles. Cela parle monarchie, oligarchie, noblesse, peuple, bourgeoisie, partage des richesses, représentativité : ça devient captivant ! De fait, il s’agissait de retrouver quelques personnages (un peu) moins engoncés dans les habits de l’aristocratie ; même si ce ne sont pas les couches les plus populaires de la société qui interviennent pour l’instant, ces étudiants émettent des avis divergents de ce qu’on a pu voir des basses querelles de trône depuis le premier tome. Et là, le personnage de This va sûrement rejouer un rôle intéressant. En complément, le sort d’Astrelia finit par se régler, tout comme celui des quatre otages revenus à la case départ sauf pour l’un d’eux dont les conséquences semblent très graves. Dans ce cas comme dans d’autres, et ce contrairement au tome 4, on multiplie les tragédies (infirmités, assassinats, morts prétendument accidentelles, etc.).
Récits complémentaires
C’est le bon moment d’aborder un autre point positif de cette série : le worldbuilding. En effet, il est sous-entendu que, malgré la densité des intrigues, les auteurs auraient aimé placé bien d’autres éléments dans le scénario de ce cycle. Cela se repère bien entendu dans le dense résumé au début de chaque tome, mais également dans les compléments scénaristiques présents en postface. À chaque fois, il s’agit de faire le récit d’un événement ou d’un personnage (ici le capitaine Blasserius Terra, capitaine de la garde royale et responsable de la formation des cadets, dont la fidélité est le principal rempart défendant la royauté féline) dont les tenants et aboutissants ne sont pas complètement connus pour comprendre ce qui est dévoilé dans l’intrigue concernée. Plutôt que de miser sur une longue explication qu’il faudrait maladroitement intégrer dans un dialogue à rallonge, ces récits varient un peu et permettent une autre entrée en matière. Graphiquement, il y a quelques tentatives supplémentaires d’innover, par exemple en consacrant une double planche à une seule et même scène et d’insérer dans la succession de cases un arrière-plan qui se poursuit d’une page à l’autre, cela permet de casser un peu la dynamique classique du gaufrier. Ce n’est pas révolutionnaire, mais c’est utilisé ici pour montrer à la fois le temps qui passe pendant la conversation en cours et l’espace plus large qui la contient (souvent la cité d’Angleon dans un très large panoramique).
Comme ton père, tu te fiches totalement de ce que les autres pensent de toi. Et comme ta mère, tu es prêt à tout sacrifier pour ce en quoi tu crois. Comment, dans ces conditions, pourrais-tu ne pas être le meilleur roi qu’Angleon ait jamais connu ?
En conclusion, le rythme se reprend un gros coup de fouet dans ce cinquième tome, avant l’assaut final et sûrement quelques derniers retournements de situation.
Voir aussi :
Tome 1 ; Tome 2 ; Tome 3 ; Tome 4 ; Tome 5 ; Tome 6 ; Tome 7
Autres critiques :