Fantastique - Horreur

Les attracteurs de Rose Street

Les attracteurs de Rose Street

Titre : Les attracteurs de Rose Street
Auteur : Lucius Shepard
Éditeur : Le Belial
Date de publication : 2018 (septembre)

Synopsis : Londres. Fin du XIXe siècle. La ville est polluée par l’industrialisation. Samuel Prothero, aliéniste reconnu et membre du club des inventeurs, est sollicité par l’ingénieur Jeffery Richmond. Celui-ci est le concepteur des attracteurs, des machines destinées à purifier l’air londonien. Mais son invention attire aussi les fantômes, en particulier celui de sa sœur décédée dans des conditions étranges…

Penser que lorsque nous errons dans le brouillard londonien, l’étoffe évanescente d’autres vies se drape autour de nos capes et de nos manteaux. Qu’autour de nous dérivent des ombres et des spectres, des êtres qui s’accrochent aux liens de la chair, de vieux amis et de vieux ennemis qui nous veulent encore du bien ou du mal.

Un aliéniste, un scientifique et un fantôme sont dans une maison…

« Les attracteurs de Rose Street » est le quinzième ouvrage de la collection « Une Heure Lumière » qui s’est jusqu’à présent toujours révélée excellente, que ce soit par la qualité des textes proposés ou celle de leurs couvertures. Ce nouvel ajout à leur collection ne fait d’ailleurs pas exception à la règle et nous permet une fois encore de découvrir une novella signée par un grand auteur étranger et jusqu’alors inédite en français. Après Ken Liu, Kim Johnson, Stephen Baxter ou encore Roger Zelazny, c’est cette fois Lucius Shepard (malheureusement décédé en 2014) qui est mis à l’honneur avec ce texte relevant davantage du fantastique que de la science-fiction. Le récit se passe à Londres, à la fin du XIXe siècle, et met en scène un certain Samuel Prothero, aliéniste de profession, et appartenant au très huppé Club des Inventeurs, dont il espère que l’étroite collaboration avec ses membres lui donnera la possibilité de s’élever dans la société. Il fait là-bas la connaissance de Jeffrey Richmond, que tous les membres du club s’accordent à éviter, pas seulement en raison de son caractère peu amène, mais aussi et surtout à cause de son lieu d’habitation : le quartier mal famé de Saint Nichol. Quelle n’est alors pas la surprise de Prothero de se voir demander de l’aide par cet homme étrange. Le patient qu’il veut lui confier ? La défunte sœur de Richmond, Christine, dont le fantôme se manifeste chaque jour depuis sa mort dans la maison qu’elle occupait alors… La chose paraît d’autant plus étonnante que cette apparition (ainsi que toutes les autres constatées dans cette même maison) seraient causées par les prototypes installés sur le toit par Richmond et destinés à purifier l’air londonien.

Londres, le XIXe, la misère sociale et ses tragédies

Le principal atout de ce texte tient essentiellement à son atmosphère. La qualité de la reconstitution de l’époque tient d’ailleurs moins à la précision avec laquelle les décors sont décrits qu’à l’ambiance qui se dégage de chacun des lieux visités. L’auteur réussit notamment à créer un contraste intéressant entre la bonne société dont sont issus les membres du Club des Inventeurs, avec leurs belles maisons et leurs soirées mondaines, et les plus pauvres parmi les pauvres, réduis à vivre dans d’horribles conditions. La description du quartier de Saint Nichol fait particulièrement froid dans le dos, et laisse entrevoir l’immense misère qui régnait effectivement à l’époque dans certains quartiers de la capitale. Dans un tel décor, les fantômes paraissent presque autant à leur place que les pauvres hères qui hantent les rues, et c’est cette prise de conscience ajoute encore à l’effroi que fait naître le récit de Samuel Prothero. Car c’est là un autre des atouts de cette novella qui parvient en peu de temps et de mots à nous glacer l’échine. Si vous aimez les histoires de fantômes vous allez être servi ! L’intrigue est pour sa part bien construite et ne cesse de nous surprendre au fil des pages, jusqu’à l’ingénieuse conclusion trouvée par l’auteur. Rien à redire non plus du côté des personnages : on s’attache rapidement à l’aliéniste (qui occupe ici le rôle de narrateur) ainsi qu’a tous les personnages féminins, fantôme compris. Jeffrey Richmond est pour sa part plus difficile à cerner, mais c’est justement ce mystère qui fait une partie du sel de cette histoire. On peut également saluer le soin apporté par Lucius Shepard à son écriture qui participe elle aussi à mettre le lecteur dans l’ambiance de cette fin de XIXe.

Lucius Shepard signe avec « Les attracteurs de Rose Street » une très bonne novella qui séduit autant par le frisson qu’elle procure que par la qualité de l’immersion qu’elle propose, et ce en très peu de pages. Encore un bel ajout à la collection du Bélial !

Autres critiques : Apophis (Le Culte d’Apophis) ; Belette (The Cannibal Lecteur) ; Célindanaé (Au pays des cave trolls) ; Dionysos (Le Bibliocosme) ; Elhyandra (Le monde d’Elhyandra) ; Jean-Philippe Brun (L’Ours inculte) ; Lorhkan (Lorhkan et les mauvais genres) ; Sometimes a Book ; Tigger Lilly (Le dragon galactique)

Antiquiste passionnée d’art, de cinéma, de voyage et surtout grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement).

8 commentaires

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