Fantastique - Horreur

Le pacte de sang

Titre : Le pacte de sang
Auteur/Autrice : Clément Bouhélier
Éditeur : Critic
Date de publication : 2024

Synopsis : 1364, bataille d’Auray, les troupes de Bertrand du Guesclin sont en déroute. Deux chevaliers en fuite s’aventurent à l’intérieur d’un mystérieux château abandonné, où ils vont faire face à la pire des abominations. Près de 700 ans plus tard, lors d’un séminaire en Bretagne, les employés d’une entreprise de référencement web participent à un escape game dans ce même château. Pour eux aussi, la nuit va virer au cauchemar. Quelque part derrière les murs sombres, une chose attend, tapie…

Un classique de la littérature fantastique revisité

Après s’être essayé aussi bien à la science fiction avec son diptyque (« Chaos ») qu’à la fantasy avec sa série à succès « Olangar », Clément Bouhélier revint au genre fantastique auquel il s’était déjà essayé avec « Passé déterré ». Relativement court, le roman met en scène plusieurs périodes et plusieurs protagonistes et propose une nouvelle interprétation du mythe du vampire. L’action se situe ainsi tour à tour au Moyen Age, à la fin du XVIIIe, et de nos jours. Chaque fois, on suit un individu ou un groupe qui va s’aventurer dans un château isolé dans lequel ils vont se retrouver confrontés à un monstre redoutable qui n’aspire qu’au carnage. On assiste ainsi aussi bien à la confrontation entre la créature et deux chevaliers de la fin du XIVe, rescapés de la bataille d’Auray, qu’à la mise en scène élaborée pour piéger les salariés d’une entreprise pensant participer à un escape game. Les chapitres alternent entre l’une et l’autre de ces époques et permettent progressivement de comprendre la nature du monstre évoqué, mais aussi son histoire, son fonctionnement, ses aptitudes et ses vulnérabilités, l’auteur ayant chois de mettre en avant des aspects bien spécifiques de cette figure particulièrement omniprésente dans la littérature fantastique. Clément Bouhélier possède un style toujours aussi agréable ce qui, couplé aux nombreux rebondissements que comporte l’histoire, permet de mener rapidement à terme la lecture. Les chapitres sont en effet courts, l’action quasi permanente, ce qui encourage à poursuivre toujours un peu plus longtemps. Je ressors toutefois quelque peu déçue de cette lecture, et ce d’autant plus que j’avais adoré la précédente série de l’auteur. Parmi les choses qui m’ont dérangée figure en premier lieu l’absence de mystère concernant la nature du monstre mis en scène. On se doute en effet dès le départ du mythe dont Clément Bouhélier a choisi de s’inspirer, si bien qu’on n’est que rarement surpris par la tournure prise par l’intrigue.

Une lecture en demi teinte

Ce manque général de surprise se manifeste également dès qu’il est question du sort réservé à celles et ceux qui se retrouvent confrontés à la créature qui hante le château. Les cadavres ont en effet tendance à s’amasser à vitesse grand V, si bien que la fin sanglante qui attend la grande majorité des personnages ne fait que peu de doute. Cela n’est pas sans provoquer une sorte de détachement, puisqu’il est difficile de s’attacher à un personnage quand on devine qu’il n’est finalement là que pour servir de chair à canon. C’est d’autant plus dommage que, en ce qui concerne l’intrigue se déroulant à notre époque, plusieurs salariés de l’entreprise pris au piège de l’escape game possédaient un bon potentiel. Comme dans « Olangar », on retrouve en effet (de manière très sous-jacente) un propos politique avec la dénonciation de la nocivité du capitalisme, ici illustrée par le rachat d’une start-up par une autre, avec les inévitables licenciements à venir suite à cette restructuration. Ce contexte économique et les conséquences dramatiques qu’il engendre, à commencer par le désespoir de celles et ceux qui se retrouvent laissés sur le carreau, est toutefois (trop) rapidement évacué. Dès lors que le jeu commence l’intrigue ne se focalise alors plus que sur la disparition successive de la grande majorité des personnages présentés auparavant, ce qui n’est pas sans fait naître chez les lecteurices un sentiment de gâchis. Car même si le roman parvient de temps à autre à rompre la monotonie de ce déchaînement de violence par un retournement de situation inattendu, force est de constater qu’on est davantage tenu en halène par une sorte de fascination morbide que par réel intérêt pour les scènes sanglantes qui se succèdent siècle après siècle.

Avec « Le pacte de sang » Clément Bouhélier renoue avec le genre fantastique et propose une réinterprétation moderne du mythe du vampire. Bien que divertissant et rapide à lire, le roman manque de surprise et d’émotion, la succession de massacres perpétués par le monstre finissant par lasser et insensibiliser.

Autres critiques : Célinedanaë (Au pays des cave trolls) ; L’ours inculte

Antiquiste passionnée d’art, de cinéma, de voyage et surtout grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement).

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