Fantasy

La Tour de Garde – Capitale du Nord, tome 2 : Mort aux geais !

Capitale du Nord tome 2 - Mort aux geais

Titre : Mort aux geais !
Cycle/Série : La Tour de Garde – Capitale du Nord
Auteur : Claire Duvivier
Éditeur : Aux Forges de Vulcain (Fiction) [site officiel]
Date de publication : 21 octobre 2022

Synopsis : Après les terribles meurtres de la maison De Wautier, le monde d’Amalia Van Esqwill s’est écroulé. Considérés comme les principaux suspects, Yonas et elle trouvent refuge dans les tumultueux Faubourgs de la ville. Mais s’ils peuvent se cacher de la garde havenoise, qui les protégera de l’emprise de l’enchantement ? Pour survivre, Amalia devra surmonter sa douleur, dompter ses peurs, s’adapter à la clandestinité… et accepter de confier son destin au jeu de la tour de garde.

Toutes ces histoires n’en racontaient qu’une seule, finalement : celle de la lente décadence d’une cité trop sûre d’elle qui prenait conscience qu’elle était construite sur l’ancien estuaire d’un fleuve et que ses fondations s’enfonçaient dans la glaise.

Deuxième tome de la trilogie de Capitale du Nord, Mort aux geais ! est le 3e roman de Claire Duvivier chez les éditions Aux Forges de Vulcain, sorti début octobre 2022.

Mode survie

« Spoiler alert », le premier tome, Citadins de demain, s’est conclu par un cliffhanger puissant et Mort aux geais débute son intrigue immédiatement après celui-ci. C’est ainsi qu’Amalia Van Esqwill est en bien fâcheuse posture, certes accompagnée par son ami d’enfance Yonas Russmor, mais en fuite après la tuerie dont elle a été la spectatrice inattendue. Survivre, se cacher, récupérer quelques piécettes ou des informations, voici le quotidien de ces deux-là, partis sans rien de leur confort désormais perdu, excepté les reliques de leur ami Hirion De Wautier. Le peigne qui endort, le miroir qui dévoile la sombre cité Nevahed et un double diadème qui permet de communiquer. Armés de ces artefacts, de leur volonté de survivre et de toutes les capacités travaillées depuis des années lors de leur éducation en tant que « citadins de demain », Amalia et Yonas comptent bien rebondir et, pourquoi pas, retrouver leur place. Ils doivent pour cela accepter de se dissimuler dans les Faubourgs de la cité et, bien sûr, apprendre à se fondre dans de nouveaux réseaux de sociabilisation. Mais voilà, deux obstacles de taille se dressent devant eux : tout d’abord, Amalia et Yonas ont des hauts et des bas, entre eux comme dans leur motivation individuelle (les événements récents les ont un brin chamboulé), et puis la cité de Dehaven traverse une crise économique, sociale et politique qui complique leurs plans.

Dehaven s’embrase

La tuerie chez les De Wautier a eu le mérite d’arriver au moment où Dehaven doit affronter les volontés d’indépendance de ses colonies ultramarines et craint de faire éclater une certaine paix sociale bien confortable pour les élites au pouvoir, anciennement aristocratiques. On retrouve alors les enseignements du premier tome, cette fois dans un contexte de potentielles émeutes, d’affrontements de classes et de coups bas politiques. L’intérêt de ce deuxième tome est de nous proposer une relecture des personnages déjà rencontrés, à commencer par Amalia elle-même puisqu’elle est loin, ici, d’être une sainte, une héroïne au service du bien, elle est au contraire faillible et ses intentions peuvent parfois se brouiller. Ce qui est certain, c’est que l’ambiance est désormais davantage à la « mort aux geais », ces aristocrates qui dominent la ville même une fois l’ancien régime monarchique aboli : par l’intermédiaire d’Amalia, on explore un peu mieux les inégalités criantes entre classes sociales de Dehaven, à travers les différents parlers (noble ou vulgaire par exemple), la vie au sein des Faubourgs et d’autres aspects culturels du quotidien.

La Tour de garde

Le récit d’Amalia se poursuit et le mystère de La Tour de Garde s’épaissit. En effet, les éléments reliant cette Capitale du Nord à son équivalent du Sud sont parsemés tout au long du roman, mais cela reste assez ténu : un personnage secondaire cité en train de faire des allers-retours entre l’une et l’autre, une ou deux références géographiques quand il s’agit d’envisager un voyage, etc. Heureusement, l’élément central reste ce jeu de plateau proche des échecs, cette Tour de garde qui, espérons-le, n’est pas qu’un jeu mais symbolise bien plus dans le paysage, notamment de Dehaven. Une fois les deuxièmes tomes passés, il n’y a pas de liens directs créés entre Amalia de Dehaven et Nox de Gemina, alors que leurs intrigues se ressemblent quand même beaucoup, et que les contextes sont construits en parallèle. Difficile d’être certain sur la nature des liens qui vont unir ces deux cités dans les troisièmes tomes (avril 2023 pour Capitale du Sud, octobre 2023 pour Capitale du Nord) : serait-ce un simple lien narratif avec un croisement réel des intrigues ? ou plus « extraordinairement » un lien physique entre le jeu lui-même et l’emplacement de ces deux cités ? Puisque la magie intervient des deux côtés, il est permis de rêver. Une chose est sûre, les couvertures, elles, sont prêtes à se rejoindre, il est important de rappeler le beau travail d’Elena Vieillard dans la composition de cette fresque en six parties.

En somme, Mort aux geais procure le même effet que Citadins de demain : une écriture habile, un voyage intéressant porté par un personnage complexe et… une fin de tome rageante !

Voir aussi :
Tome 1 ; Tome 3

Autres critiques :

Kaamelotien de souche et apprenti médiéviste, tentant de naviguer entre bandes dessinées, essais historiques, littératures de l’imaginaire et quelques incursions vers de la littérature plus contemporaine. Membre fondateur du Bibliocosme.

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