Super-Héros

Luminary, tome 1 : Canicule

Luminary 1 Canicule

Titre : Canicule
Cycle/Série : Luminary, tome 1
Scénariste : Luc Brunschwig
Dessinateur : Stéphane Perger
Éditeur : Glénat [site officiel]
Date de publication : 9 mai 2019

Synopsis : Sa part d’ombre : être un homme de lumière
Pittsboro, sud des États-Unis, juillet 1977. Une journée d’été pas tout à fait comme les autres. Les infos annoncent un pic de chaleur jamais atteint depuis plus de trente ans. Billy, jeune employé noir d’un cirque, assiste une tigresse de la troupe mettant bas. Tout le monde assiste, ébahi, au don qui lui permet de maîtriser la bête sauvage. De l’autre côté du pays, à New-York, une gigantesque explosion de lumière survient au cœur de la ville. Tout dans un rayon de plusieurs centaines de mètres a été littéralement anéanti. Tout, sauf un homme, indemne, au milieu des décombres. Cet homme, c’est Darby McKinley, admis quelques semaines plus tôt à la clinique d’où provient l’épicentre de l’explosion. Ce serait donc lui l’origine du phénomène. Reste à savoir d’où lui vient ce pouvoir. Et ce qu’il compte en faire…
Avec Luminary, Luc Brunschwig et Stéphane Perger nous livrent une fresque super-héroïque entièrement réalisée en couleur directe et ancrée dans une réalité contemporaine, qui n’est pas sans rappeler la série Heroes.

L’arrestation des leaders de la Black Liberation Army se poursuit, monsieur le président… La presse reprend systématiquement les communiqués que nous leur fournissons par l’intermédiaire de la police.
Pour l’heure, personne ne semble vouloir remettre en question la piste terroriste.
— C’est toujours ça !

Luc Brunschwig (notamment auteur de la série Holmes et Bob Morane : Renaissance) et Stéphane Perger (notamment auteur des séries Sir Arthur Benton et Sequana) collaborent pour la première fois et débarquent chez Glénat avec un nouveau projet : créer un comics de super-héros à la française avec Luminary !

Obtenir du pouvoir aux États-Unis dans les années 1970

Dans Luminary, ce sont deux trames narratives qui apparaissent en parallèle : l’une dans le sud des États-Unis là où les tensions liées à l’esclavage sont encore bien présentes et l’autre à l’est, à New York notamment, qui joue davantage sur une thématique conspirationniste mêlant drames familiaux, enquêtes fédérales et entreprises illégales. Comme l’indique dès le départ la couverture, nous suivons pour cela trois personnages principaux : Billy, un jeune assistant circassien qui apprend le métier et se découvre un don pour amadouer les animaux ; Darby, un jeune homme bossu qui participe à des tests médicaux pour réparer sa colonne vertébrale ; le docteur Henkel, un vieux scientifique loin de son pays qui cherche à récupérer ses recherches. La vie des trois est bouleversée quand un phénomène surnaturel les confronte à des événements qui les dépassent : Billy doit gérer seul son don qui lui permet de maîtriser certains animaux au risque d’être vu comme un monstre ; Darby est vu comme un monstre, mais subit une transformation qui risque de le faire complètement changer de statut ; Henkel saisit l’opportunité de porter secours à Darby pour tenter de faire éclater sa vérité.

En forme de récit super-héroïque

Clairement, Luminary se place dans la droite lignée des super-héros à la française en se réclamant d’un hommage à Photonik. Et en effet, quantité de détails (personnages, situations, etc.) rappellent cette publication des années 1980 qui a marqué une génération d’auteurs aujourd’hui sur le devant de la scène, dont Luc Brunschwig donc. Plus classiquement, nous sommes ici en présence d’une « origin story », c’est-à-dire que ce premier tome place le contexte (les États-Unis de la fin des années 1971) et surtout présente en profondeur les personnages, leurs motivations, leur passé. C’est notamment le cas pour Darby qui bénéficie de flashbacks afin de bien comprendre comment il en est arrivé à être complètement replié sur lui-même, pour ne plus subir les attaques d’autrui. C’est évidemment lui le héros, qui doit composer avec ses faiblesses pour avancer malgré tout, malgré la tentation de se venger de ses tortionnaires passés. Fortement influencé par les comics de super-héros, ce tome recèle forcément de poses iconiques, de cases très dynamiques et de colorisations très « chatoyantes ». Ce n’est pas pour rien que ce premier tome s’intitule « Canicule », car il fait chaud rien qu’à voir certaines planches nous éclater à la figure ; quelques autres sont très classiques à côté de celles où l’entité Luminary prend conscience de ses pouvoirs solaires.

Du fond social et politique

Placer n’importe quel récit dans le contexte de la fin des années 1970 aux États-Unis, cela signifie déjà que le lecteur doit ressentir la cruelle désillusion de la guerre de Viêtnam : les États-Unis ne sont pas infaillibles, alors qu’ils sont en pleine guerre froide. C’est également une époque où la ségrégation sociale, spatiale et raciale est particulièrement présente, un moment où les Black Panthers font parler d’eux, d’autant plus que le Ku Klux Klan est très puissant. Tout cela est brassé par le scénario pour ressortir comme une bouffée de chaleur oppressante : Billy se fait surprendre par des suprématistes blancs en mal de victimes expiatoires ; Darby subit les frustrations de ses proches ; le docteur Henkel est englué dans une conspiration d’État sur la destinée de ses recherches sur l’énergie solaire. Dommage, cela dit, de ne pas voir ce qu’une héroïne aurait pu proposer dans ces situations ; il y a certes un personnage féminin qui prendra probablement de l’envergure par la suite, mais ce n’est pas non plus énorme.

Ainsi, ce premier tome lance de façon très intéressante une série censée être un hommage à Mikros mais qui, pour le lecteur moyen, met surtout en place une nouvelle mythologie où la forme super-héroïque n’est qu’un prétexte bien utile pour aller voir ce que des personnages proches de nous peuvent faire face à des situations exceptionnelles.

Voir aussi :

Autres critiques :

Kaamelotien de souche et apprenti médiéviste, tentant de naviguer entre bandes dessinées, essais historiques, littératures de l’imaginaire et quelques incursions vers de la littérature plus contemporaine. Membre fondateur du Bibliocosme.

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