Swing Time
Titre : Swing Time
Auteur : Zadie Smith
Éditeur : Gallimard (collection Du monde entier) Trad. de l’anglais par Emmanuelle et Philippe Aronson
Date de publication : 16 août 2018
Synopsis : Deux petites filles métisses d’un quartier populaire de Londres se rencontrent lors d’un cours de danse. Entre deux entrechats, une relation fusionnelle se noue entre elles. Devant les pas virtuoses de Fred Astaire et de Jeni LeGon sur leur magnétoscope, elles se rêvent danseuses. Tracey est la plus douée, la plus audacieuse mais aussi la plus excessive. Alors qu’elle intègre une école de danse, la narratrice, elle, poursuit une scolarité classique au lycée puis à l’université, et toutes deux se perdent de vue. La plus sage devient l’assistante personnelle d’Aimee, une chanteuse mondialement célèbre. Elle parcourt le monde, passe une partie de l’année à New York et participe au projet philanthropique d’Aimee : la construction d’une école pour filles dans un village d’Afrique. Pendant ce temps, la carrière de Tracey démarre, puis stagne, tandis que progresse son instabilité psychologique. Après une série d’événements choquants, les deux amies se retrouveront pour un dernier pas de danse.
Personne n’est plus ingénieux qu’un pauvre, quel que soit l’endroit où il vit. Quand on est pauvre, il faut penser à chaque étape. La richesse, c’est le contraire. Avec la richesse, on a tendance à ne pas réfléchir.
Dans ce cinquième roman, Zadie Smith conte l’histoire de deux jeunes métisses londoniennes (Tracey et la narratrice que Smith ne nomme jamais) et de leur amitié naissante à travers leur passion commune pour la danse et les comédies musicales (celles des grandes heures hollywoodienne). Et, comme souvent en amitié, des parcours qui s’éloignent pour mieux se rejoindre.
Roman d’apprentissage, abordant de nombreux thèmes : le racisme ordinaire, la difficulté de grandir dans des familles instables, la désillusion des rêves inaboutis, la filiation, les chemins qui se séparent avec le temps etc… Autant dire, que l’auteure anglo-jamaïcaine brasse large. Elle ajoute aussi un troisième personnage, une star mondiale prénommée Aimee (dont la narratrice est devenue une des assistantes), personnage égocentrique, décidée à mettre en place un projet humanitaire au Sénégal, que Smith s’amuse à disséquer afin de bien mettre en lumière le décalage entre la bienveillance solidaire et la réalité du terrain, sa faisabilité sur la durée.
Zadie Smith n’a pas son pareil pour parler de thèmes très actuels avec ce qu’il faut de sensibilité, de justesse et parfois de légèreté pour nous capter. Son regard affuté sur notre époque est toujours intéressant. Pourtant, « Swing Time » ne m’a pas totalement convaincu, en cause la difficulté que j’ai eu à m’attacher aux personnages (ceux de Tracey ou d’Aimee notamment). Ce manque d’intérêt et d’empathie pour deux des personnages desservent à mon sens le plaisir plein et sans retenue qu’aurait pu être ce roman.
Malgré ces bémols, « Swing Time » confirme une voix et un talent qui compte indiscutablement dans la littérature anglo-saxonne. Que les Éditions Gallimard soient remerciés pour cette opération ma foi fort agréable.