Ali Pacha
Titre : Ali Pacha
Auteur : Alexandre Dumas
Éditeur : Libretto [site officiel]
Date de publication : 17 septembre 2009 (1862 pour la première édition)
Synopsis : « ‘‘Mon père, dit Haydée en relevant la tête, était un homme illustre que l’Europe a connu sous le nom d’Ali-Tebelin, pacha de Janina, et devant lequel la Turquie a tremblé.’’ Ali Pacha, personnage historique utilisé comme ressort dramatique secondaire dans Le Comte de Monte-Cristo, réapparaît presque vingt ans plus tard sous la plume de Dumas, dans une chronique historique qui lui est tout entière consacrée et qui, jusqu’à aujourd’hui inédite en français, est imprimée en italien dans L’Indipendente, journal napolitain de Dumas, entre octobre et décembre 1862.
Sa genèse est marquée du coin de l’extravagance : séduit par des lettres que lui adresse « S.A. le prince Georges Castriote Skanderberg, président de la junte gréco-albanaise » (et que nous publions en annexe), Alexandre Dumas, à peine remis de son épopée au côté de Garibaldi, s’enflamme pour la cause de l’indépendance de la Grèce et de l’Albanie, multipliant par ailleurs dans son journal les articles relatifs à la question grecque, jusqu’à ce qu’une cruelle désillusion ne dissipe le mirage politique.
Ce portrait du terrible pacha de Janina, tyran d’origine albanaise entré en révolte ouverte contre l’Empire ottoman, constitue donc un écrit de circonstance, voire de propagande, un biais pour populariser la cause que l’auteur a embrassée : Ali Pacha, « homme qui avait à la fois en lui du Tibère, du Caligula et du Néron », symbole de la résistance face à l’oppression turque qui jadis avait tant impressionné Byron, est en même temps une figure éminemment romantique de la force qui va. »
Ces Klephtes n’étaient soumis à aucune discipline. Dans la bataille, ils ne marchaient point en ligne, mais combattaient dispersés et, chacun à sa guise, se garantissaient autant que possible du feu de l’ennemi à l’aide du premier objet venu : arbre, rocher, pan de mur, accident de terrain. Ils faisaient feu debout ou à genoux, puis se couchaient sur le flanc ou sur le dos pour recharger leurs fusils ; étaient-ils enveloppés de toutes parts et de manière à n’échapper à la mort qu’en s’ouvrant un chemin de vive force à travers l’ennemi, ils jetaient leur fusil sur l’épaule, tiraient leur sabre et faisaient le ghioroussi, c’est-à-dire la « trouée du désespoir ».
Qui osera se lever et avouer qu’il ne se souvient pas de l’intervention décisive d’Haydée de Janina dans le mythique Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas ? Encore faut-il l’avoir lu (ou vu), me direz-vous…
C’est d’un Alexandre Dumas journaliste politique dont il est question dans cette « affaire d’Albanie ». Il expose, il rend compte, il ressort des faits du fond des tiroirs, mais avant tout il donne son avis et met en place une propagande pour une éventuelle révolte albanaise. La préface est d’ailleurs très diserte à ce propos, et je conseillerais presque de la lire après avoir découvert le texte en lui-même, car ma lecture en a été bouleversée, je pense.
Pamphlet ou documentaire ? Fiction historique ou véritable récit-témoignage ? L’œuvre simplement titrée « Ali Pacha » se révèle simpliste quand on la lit au premier degré, mais diablement tortueuse quand on commence à vouloir l’analyser. Alexandre Dumas y brosse le portrait d’une peuplade bien particulière au sein de la péninsule balkanique qui a tantôt résisté vaillamment contre l’Empire ottoman, tantôt dû se plier au joug ottoman.
Références littéraires, monologues laudatifs et allusions dépréciatives envers ses ennemis, l’auteur ne lésine pas sur les moyens qui sont les siens, et pour lesquels on l’a recruté. Si vous cherchez un style ampoulé et travaillé dans un unique but de propagande, n’ayons pas peur du mot ce coup-ci, vous trouverez cela ici, amis c’est intéressant, notamment quand ça passe par des sentences du type : « Cherchez Souli sur la carte : le nom y est encore, les Souliotes n’y sont plus. » IL faut reconnaître que ça claque un brin…
Leur vitesse à la course était égale à leur agilité au saut. Homère appelle son héros Achille aux pieds légers. Qu’était-ce qu’Achille ? Un Klephte thessalien. Certains Armatolis, sous le poids de leurs costumes et de leurs armes, surpassaient la vitesse d’un cheval au galop. Le capitaine Zacharias, si célèbre dans la Morée, était cité pour un des hommes doués jusqu’au prodige de cette légèreté à la course ; la tradition rapporte que lorsqu’il courait, ses talons frappaient ses oreilles.