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Nellie Bly – Dans l’antre de la folie
Titre : Nellie Bly – Dans l’antre de la folie
Scénariste : Virginie Ollagnier
Dessinatrice : Carole Maurel
Éditeur : Glénat
Date de publication : 2021Synopsis : Pour mener son enquête, elle se fera passer pour folle. Nellie Bly est complètement folle. Sans cesse, elle répète vouloir retrouver ses « troncs ». Personne n’arrive à saisir le sens de ses propos, car en réalité, tout cela n’est qu’une vaste supercherie. Nellie cherche à se faire interner dans l’asile psychiatrique de Blackwell à New York dans le but d’y enquêter sur les conditions de vie de ses résidentes. Y parvenant avec une facilité déconcertante, elle découvre un univers glacial, sadique et misogyne, où ne pas parfaitement remplir le rôle assigné aux femmes leur suffit à être désignée comme aliénée. L’histoire vraie de la pionnière du journalisme d’investigation et du reportage clandestin. Un récit poignant porté par le mépris de l’injustice et des persécutions, enrobé d’un graphisme élégant.
La folie peut devenir une consolation à la réalité.
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Un pays de fantômes
Titre : Un pays de fantômes
Auteur : Margaret Killjoy
Éditeur : Argyll
Date de publication : 2022 (août)Synopsis : Poussé par une industrie florissante, l’empire borolien se tourne cette fois vers les Cerracs, un territoire montagneux composé d’une poignée de villes et de villages ; une simple formalité. Journaliste en disgrâce, Dimos Horacki signe désormais des papiers ronflants dans une gazette de la capitale. Mais voilà que son employeur l’envoie au front écrire un article élogieux sur un gradé en vue de l’armée impériale. Sur place, Dimos découvre la réalité de l’expansion coloniale, et surtout, il met un visage sur leurs mystérieux ennemis, les anarchistes de Hron, qui défendent non pas leurs possessions, mais leur mode de vie et leur indépendance. Et tandis que la guerre fait rage autour de lui, que ses pas le portent de ferme en village jusqu’à la cité-refuge de Hronople, le reporteur voit peu à peu ses convictions voler en éclat.
-Tu crois que ma jambe est là-haut, elle aussi, à brûler à l’intérieur d’une de ces étoiles ? Elle est enterrée dans la même fosse que mes amis, après tout.
-Tu n’y crois pas vraiment, rassure-moi ?
-Non.
-Tant mieux.
-Mais c’est une idée assez plaisante.
-Je pense que c’est un bon résumé de la religion. -
Les enfants de la Terreur
Titre : Les enfants de la Terreur
Auteur : Johan Héliot
Éditeur : L’Atalante
Date de publication : 2022 (février)Synopsis : « Il amena peu à peu son idée des portraits d’enfants de la Révolution, première génération d’une race qui ferait la fierté de la nation mais dont beaucoup vivaient dans l’abandon, réduits aux pires extrémités, ici même, à Paris, certainement des milliers d’une invisible armée, qu’on craignait parce qu’on ignorait tout ou presque de son mode de subsistance ; mais lui, Sade, se faisait fort de détecter ses us et coutumes pour le compte des lecteurs que cela passionnerait, car qui ne rêvait pas de s’immiscer dans les arcanes d’une telle société secrète sans rien risquer et pour le prix modique d’une gazette ? » Dans cette fine uchronie, Sade forme avec le chevalier d’Éon un duo marginal qui dialogue avec érudition et joie de vivre, tout en enquêtant sur les horreurs de leur temps.
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Écotopia
Titre : Écotopia
Auteur : Ernest Callenbach
Éditeur : Folio SF
Date de publication : 2021 (janvier)Synopsis : Trois États de la côte ouest des États-Unis — la Californie, l’Oregon et l’État de Washington — décident de faire sécession et de construire, dans un isolement total, une société écologique radicale, baptisée Écotopia. Vingt ans après, l’heure est à la reprise des liaisons diplomatiques entre les deux pays. Pour la première fois, Écotopia ouvre ses frontières à un journaliste américain, William Weston. Au fil des articles envoyés au Times-Post, il décrit tous les aspects de la société écotopienne : les femmes au pouvoir, l’autogestion, la décentralisation, les vingt heures de travail hebdomadaire et le recyclage systématique. D’abord sceptique, voire cynique, William Weston vit une profonde transformation intérieure. Son histoire d’amour intense avec une Écotopienne va le placer devant un dilemme crucial : choisir entre deux mondes.
Les commentaires proviennent de sources très diverses, qui vont du simple journaliste au contradicteur le plus véhément. Il n’y a aucune règle d’objectivité, contrairement à la déontologie de nos présentateurs télé : la majorité des Écotopiens méprisent cette idée comme relevant du « fétichisme bourgeois » et croient qu’on sert mieux la vérité en indiquant d’abord de quel point de vue l’on s’exprime.
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Les Tragiques
Titre : Les Tragiques – Ils ne sont morts qu’une fois
Auteur : Christian Montaignac
Éditeur : En Exergue (À l’air libre) [site officiel]
Date de publication : 9 septembre 2020Synopsis : La grandeur du sport et son secret éclat se tiennent dans l’invitation à durer le temps de quelques saisons plus ou moins ensoleillées avant d’entrer dans des automnes refroidis, de goûter aux effets douceâtres de la nostalgie, de recueillir les retombées d’une renommée. Les sportifs, plus ou moins consciemment, s’y préparent par la succession de petites morts que sont les fins de matchs et de compétitions, les échecs et les abandons. Et au moment d’en finir avec leur carrière, les hommages se multiplient sur le ton de la bienveillance, autant de « merci ». Pour beaucoup, un certain bonheur est dans l’après car il leur reste l’avantage de se réchauffer du regard des autres, de ressasser et de partager les meilleurs souvenirs. Il en est, toutefois, qui ne goûteront jamais aux bienfaits d’une seconde vie. Ce sont nos Tragiques.
Ceux-là n’ont pas profité d’une expression souvent utilisée, « le champion meurt toujours deux fois », une seule a suffi. Leur rêve éveillé s’est brisé, la mort les a emportés au cœur d’une jeunesse dorée. Ils ont incarné le mot d’André Malraux selon lequel la tragédie d’une fin en pleine gloire a « transformé leur vie en destin ». Nos Tragiques, entre connus et méconnus, sont morts dans cet âge d’or où rien n’était fini de leur passion de jeunesse. Sans avoir voulu rejoindre James Dean, le plus fameux d’entre tous, dans sa volonté de « vivre vite et de faire un beau cadavre », ils sont partis comme lui, dernier éclat d’un soleil noir. Il s’agit de leur redonner la lumière. La mort ne suffit pas à tirer la conclusion de leur histoire. Il y a chez eux, en eux, ce romantisme dont le sport est porteur quand il ne se limite pas à une somme de chiffres, à la longueur des statistiques, aux lignes d’un palmarès. Leur gloire, c’est notre mémoire.Le suicide est cette ultime parole qui réduit un être au silence, provoque la parole des vivants. Il faut soudain comprendre, essayer. Parce que comprendre, c’est se sentir moins coupable. Et la question revient, lancinante : pourquoi ?
Par le biais d’une Masse Critique Babelio, j’ai eu le plaisir de découvrir le livre Les Tragiques, du journaliste Christian Montaignac chez les éditions En Exergue.
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Bâtonner – Comment l’argent détruit le journalisme
Titre : Bâtonner – Comment l’argent détruit le journalisme
Auteur : Sophie Eustache
Éditeur : Éditions Amsterdam
Date de publication : 2020Synopsis : « Bâtonner », c’est copier-coller une dépêche en la remaniant à la marge. Symptôme ordinaire d’une dépossession des travailleurs, le bâtonnage illustre ce que l’argent fait au journalisme : la concurrence s’intensifie, la production de contenus s’accélère, l’information en vient à être usinée en série. Et tandis que les éditorialistes pontifient, les petites mains de la profession, de plus en plus précaires, perdent le sens de leur métier. La fusion du néolibéralisme et du numérique détériore la nature de leur travail et les conditions de son exercice. Dès lors, pourquoi les journalistes continuent-ils à consentir à ce qu’ils font ? Fruit d’une longue enquête, ce livre décrit les ressorts de l’aliénation d’une profession déqualifiée et disqualifiée, qui certes proteste mais continue de se croire indispensable à la vertu publique. Toujours plus prompte à « décoder » les fake news des autres, elle en oublie que le journalisme-marchandise n’est pas l’ami du peuple, mais un vice qui corrompt la pensée et, avec elle, la possibilité de la démocratie.
Le pouvoir bourgeois fonde son libéralisme sur l’absence de censure, mais il a constamment recours à l’abus de langage. Peut-être faudrait-il créer le mot SENSURE, qui par rapport à l’autre indiquerait la privation de sens et non la privation de parole. (Bernard Noël)
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Les Voraces
Titre : Les Voraces (Les élites et l’argent sous Macron)
Auteur : Vincent Jauvert
Éditeur : Robert Laffont [site officiel]
Date de publication : 16 janvier 2020Synopsis : Jamais sous la Ve République les élites qui dirigent notre pays n’ont été aussi riches et obnubilées par l’argent.
Jamais autant de hauts fonctionnaires n’ont pantouflé à prix d’or dans le privé.
Jamais autant de ministres n’ont été multimillionnaires.
Jamais autant de responsables politiques, et non des moindres, ne sont devenus lobbyistes ou avocats d’affaires…
Comment en est-on arrivé là ? Pourquoi la situation a-t-elle empiré sous Macron ?
Après deux ans d’enquête et grâce à une quarantaine de témoignages inédits, Vincent Jauvert révèle les mœurs de ces élites si voraces qui ont pris le pouvoir dans le sillage du nouveau président de la République. Il décrit leur course à l’argent, leurs campagnes en coulisses pour dissimuler leurs véritables revenus et leurs conflits d’intérêts. Un document implacable.Que va-t-il faire ? [Michel Sapin] « Je travaillerai avec des gouvernements étrangers pour la mise en place de dispositifs anticorruption, en Afrique notamment, et cela dans le cadre d’appels d’offres mondiaux », assure-t-il. L’argent ? « Ce n’est pas pour ça que j’ai accepté. Comme senior advisor, je serai payé 500 euros de l’heure, ce n’est pas cela qui va changer mon niveau de vie, surtout qu’après charges et impôts il ne m’en restera que 30%… ».
Après La Face cachée du Quai d’Orsay en 2016 et Les Intouchables d’État, le journaliste à L’Obs Vincent Jauvert continue à décortiquer le pouvoir, la rémunération indécente et les privilèges de la bourgeoisie souvent issue de la très haute fonction publique et des plus hauts dirigeants de la Ve République française dans Les Voraces (Les élites et l’argent sous Macron), publié chez Robert Laffont en 2020.
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Ces cons de journalistes
Titre : Ces cons de journalistes
Auteur : Olivier Goujon
Éditeur : Max Milo [site officiel]
Date de publication : 24 janvier 2019Synopsis : Gagner 500 € par mois après quarante ans de métier, risquer sa vie, et la perdre en Syrie à cause de commandes et d’une ouverture de crédit annulées, résister pour l’honneur à un ministre de l’Intérieur avec un salaire de stagiaire, l’auteur multiplie les témoignages de journalistes, à la fois contraints et révoltés, devant des conditions de travail exécrables !
S’appuyant sur une actualité brûlante, le livre analyse la situation de la presse et du métier de journaliste en 2019. L’auteur montre comment les nouveaux statuts prolétarisent des milliers de journalistes, comment la communication prend le pas sur l’information, l’urgence sur la vérité, comment la loi (fake news, protection des sources…) génère de la censure et de l’autocensure, et comment, face à cette adversité, « ces cons de journalistes » tentent de se réinventer, d’exister sur le web, de renouer avec le temps long, de créer un Conseil de déontologie, et de continuer à faire leur métier… tout simplement !L’ultime vérité de la loi de protection des sources est celle-ci : si on l’avait appliquée, nous n’aurions entendu parler ni du Mediator, ni des Panama Papers, ni des Paradise Papers, ni du Dieselgate, ni de l’affaire UBS… Inquiétant.
Et voilà comment deux lois à la con au service des grandes entreprises et d’intérêts politico-financiers empêcheront des journalistes déjà fragilisés par un abandon social et une précarité économique de travailler !
Faut être con, non ?Chez les éditions Max Milo, vous trouvez différents essais ou enquêtes qui cherchent à nous éclairer sur la réalité du monde. Ces cons de journalistes ne fait pas exception.
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Ali Pacha
Titre : Ali Pacha
Auteur : Alexandre Dumas
Éditeur : Libretto [site officiel]
Date de publication : 17 septembre 2009 (1862 pour la première édition)Synopsis : « ‘‘Mon père, dit Haydée en relevant la tête, était un homme illustre que l’Europe a connu sous le nom d’Ali-Tebelin, pacha de Janina, et devant lequel la Turquie a tremblé.’’ Ali Pacha, personnage historique utilisé comme ressort dramatique secondaire dans Le Comte de Monte-Cristo, réapparaît presque vingt ans plus tard sous la plume de Dumas, dans une chronique historique qui lui est tout entière consacrée et qui, jusqu’à aujourd’hui inédite en français, est imprimée en italien dans L’Indipendente, journal napolitain de Dumas, entre octobre et décembre 1862.
Sa genèse est marquée du coin de l’extravagance : séduit par des lettres que lui adresse « S.A. le prince Georges Castriote Skanderberg, président de la junte gréco-albanaise » (et que nous publions en annexe), Alexandre Dumas, à peine remis de son épopée au côté de Garibaldi, s’enflamme pour la cause de l’indépendance de la Grèce et de l’Albanie, multipliant par ailleurs dans son journal les articles relatifs à la question grecque, jusqu’à ce qu’une cruelle désillusion ne dissipe le mirage politique.
Ce portrait du terrible pacha de Janina, tyran d’origine albanaise entré en révolte ouverte contre l’Empire ottoman, constitue donc un écrit de circonstance, voire de propagande, un biais pour populariser la cause que l’auteur a embrassée : Ali Pacha, « homme qui avait à la fois en lui du Tibère, du Caligula et du Néron », symbole de la résistance face à l’oppression turque qui jadis avait tant impressionné Byron, est en même temps une figure éminemment romantique de la force qui va. »Ces Klephtes n’étaient soumis à aucune discipline. Dans la bataille, ils ne marchaient point en ligne, mais combattaient dispersés et, chacun à sa guise, se garantissaient autant que possible du feu de l’ennemi à l’aide du premier objet venu : arbre, rocher, pan de mur, accident de terrain. Ils faisaient feu debout ou à genoux, puis se couchaient sur le flanc ou sur le dos pour recharger leurs fusils ; étaient-ils enveloppés de toutes parts et de manière à n’échapper à la mort qu’en s’ouvrant un chemin de vive force à travers l’ennemi, ils jetaient leur fusil sur l’épaule, tiraient leur sabre et faisaient le ghioroussi, c’est-à-dire la « trouée du désespoir ».
Qui osera se lever et avouer qu’il ne se souvient pas de l’intervention décisive d’Haydée de Janina dans le mythique Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas ? Encore faut-il l’avoir lu (ou vu), me direz-vous…
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Issa Elohim
Titre : Issa Elohim
Auteur : Laurent Kloetzer
Éditeur : Le Bélial’ (collection Une Heure Lumière)
Date de publication : 2018 (février)Synopsis : Europe. Demain. Dérèglements climatiques, terrorisme et guerres confessionnelles secouent les restes d’un ordre mondial en miettes et jettent des millions de réfugiés sur les routes. L’horizon est fluctuant ; le monde se recroqueville face à un futur incertain et menaçant. Et puis il y a les Elohim — ou prétendus tels. Des êtres exceptionnels, mystérieux, porteurs d’un espoir nouveau, et qui semblent s’incarner sur Terre de manière aléatoire. Qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? Que sont-ils ? Valentine Ziegler est pigiste. Lorsque, depuis sa Suisse natale aussi préservée que sécurisée, elle entend parler de la présence possible d’un de ces êtres dans un camp de réfugiés tunisien géré par l’agence européenne Frontex, elle auto-finance en hâte son voyage dans l’espoir d’un reportage digne d’intérêt. Valentine est toutefois très loin d’imaginer au devant de quoi elle se précipite, l’étendue de la révolution à laquelle elle va se mesurer. Une possible épiphanie à même de changer sa vision du monde, si ce n’est le monde tout entier…
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