Undertaker, tomes 1 & 2 : Le mangeur d’or & La danse des vautours
Titre : Le mangeur d’or – La danse des vautours
Cycle/Série : Undertaker, tomes 1 et 2
Scénariste : Xavier Dorison
Dessinateur : Ralph Meyer
Éditeur : Dargaud
Date de publication : 30 janvier 2015 / 27 novembre 2015
Synopsis : Jonas Crow, croque-mort, doit convoyer le cercueil d’un ancien mineur devenu millionnaire vers le filon qui fit autrefois sa fortune.Des funérailles qui devraient être tranquilles, à un détail près : avant de décéder, Joe Cusco a avalé son or pour l’emmener avec lui dans l’éternité. Pas de chance, le secret est éventé et provoque la fureur des mineurs d’Anoki City.Comment laisser enterrer une telle fortune alors que pour survivre, eux suent sang et eau dans les filons ?
Jonas Crow pour vous servir, si vous dénichez du confédéré récalcitrant ou du hors-la-loi, je suis votre homme! Plus besoin de s’épuiser à creuser la terre et à scier du cercueil. Vous télégraphiez à San Bernardino ou à Lancaster, et me voilà ! Et si vous tombez sur un gang ou une bande, faites-vous plaisir… Je vous fais une ristourne à partir de trois cadavres.
Incontestablement l’une des stars de cette fin d’année 2017, le quatrième tome d’Undertaker vient clore le second diptyque de la série de Xavier Dorison et Ralph Meyer. Parus fin janvier 2015 puis en novembre de la même année, les deux premiers albums ont été à leur époque perçus comme un retour du western à son sommet dans le neuvième art. Dargaud ornait d’ailleurs sobrement le premier album du petit autocollant discret « Le plus grand western depuis Blueberry« . Présent dans mes coups de coeur 2017 avec le troisième album, effectuons un petit retour en arrière en nous attaquant aux deux premiers albums dans ce même article. Deux chroniques pour le prix d’une, ce sont les fêtes après tout !
Jonas Crow fait partie de ces personnages peu avenants que l’on aime guère fréquenter dans les contrées arides de l’Ouest des Etats-Unis. C’est que l’homme fait son beurre en travaillant avec les défunts comme croque-mort (undertaker) itinérant, et la populace semble bien convaincue que croiser un tel personnage est rarement de bon augure. L’arrivée d’un télégramme en provenance d’Anoki City fait se diriger lourdement le corbillard de Crow et son compagnon pour préparer le corps de feu Joe Cusco, riche patron minier. Sauf que celui qui a envoyé le télégramme, c’est Joe Cucso lui-même et qu’il n’est pas vraiment mort. Pas encore, du moins. Le croque-mort n’est pas le dernier à se demander dans quel traquenard il est tombé là.
Avec ces deux premiers albums, Xavier Dorison livre un scénario aux petits oignons qui sort des sentiers classiques du western, ne serait-ce que par son héros, sans en oublier les codes pour autant avec ses personnages féminins aux caractères bien trempés, ses sales têtes burinées par le soleil, ses paysages rougeâtres et la poudre qui parle. Cependant, Undertaker, c’est avant tout le personnage génial de Jonas Crow, plein de cynisme et de mystère (qui se découvre peu à peu dans le second tome), avec son passé trouble et son macabre compagnon, le vautour Jed. Les personnages secondaires ne sont pas en reste pour autant : l’imperturbable gouvernante chinoise Lin, géniale, la jeune anglaise Rose Prairie et toute une foule de protagonistes pas toujours bien intentionnés. Entre les personnages, les répliques fusent, cinglantes, justes aussi. Dorison fournit un vrai travail d’orfèvre. Le premier tome laisse notre undertaker préféré en fort mauvaise posture et Danse des vautours est une course-poursuite effrénée entre Crow et les habitants d’Anoki, bien décidés à empêcher le croque-mort de convoyer sa défunte clientèle vers sa destination finale. Ce premier diptyque ne souffre aucunement de problème de rythme. Les informations sur le héros sont distillées progressivement et Le mangeur d’or n’est nullement un album introductif. Sur des tempos différents, les deux volumes s’avalent d’un trait et sans ennui avec quelques flashbacks justement dosés pour épaissir un personnage qui était déjà particulièrement réussi! Xavier Dorison en garde encore certainement sous sa plume, on ne fait pour le moment qu’apercevoir le passé de Jonas. Des surprises sont encore à venir, à n’en pas douter.
Pour parfaire encore ce portrait d’Undertaker, on ne peut que saluer le magnifique travail de Ralph Meyer, accompagné à la couleur par Caroline Delabie. Blood n’guts ! Le Far-West n’avait pas été si beau depuis longtemps ! Les scènes de nuit sont nombreuses ce qui donne lieu à une luminosité particulièrement travaillée et qui baigne chaque planche d’une superbe ambiance. Que dire des personnages encore, l’undertaker en tête avec son visage et son regard, magnifiques, dignes des plus beaux yeux bleus des spaghettis de Sergio Leone. Il y a indéniablement un peu de Giraud aussi dans les environnements de Ralph Meyer, moins détaillés certes, mais aussi plus lisibles. Le découpage est remarquable d’efficacité et les cadrages ne le sont pas moins. Sublime, et puis c’est tout.
Les deux premiers albums d’Undertaker sont une véritable pépite. Une histoire prenante et originale portée par des personnages riches et rendus plus passionnants encore par le trait et la couleur irréprochables de Ralph Meyer.
Autres critiques :
3 commentaires
The Cannibal Lecteur
J’ai adoré Undertaker ! J’ai déjà lu le tome 3, différent des deux premiers. Je me demande ce que nous réserve le tome 4.
Aelinel
Je ne peux qu’être d’accord avec ta chronique : Undertaker est une bande dessinée époustouflante!
Casper
Ah, je suis rassuré ! Je ne suis donc pas seul^^. As tu lu les 3 et 4? Les chroniques arrivent bientôt 😊