Super-Héros

Batman : Noël

Batman Noel

Titre : Batman : Noël
Scénariste et Dessinateur : Lee Bermejo
Éditeur : Urban Comics (DC Deluxe)
Date de publication : Décembre 2012 (2011 en VO chez DC Comics)

Synopsis : La nuit de Noël, Batman traque un petit malfrat à la solde de son pire ennemi. Cette course-poursuite va l’amener à rencontrer trois visions du passé, du présent et de l’avenir, et à s’interroger sur les tenants et aboutissants de sa croisade contre le crime.

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– Je croyais qu’utiliser des parents ou des enfants comme appâts, ça ne se faisait pas, à la chasse…
– La justice a un prix.

Mon bouquiniste préféré a encore eu l’outrage de proposer toute une gamme d’Urban Comics en état neuf ! Et ce Batman : Noël de la fin d’année 2012 (pour la VF) en faisait partie. Sa connexion avec l’ « esprit de Noël » m’avait fait tiquer, il est vrai, à l’époque et j’étais curieux de voir ce qu’il en était. Alors en ce tout début d’Avent, plongeons-nous dans ce Batman : Noël.


 

Batman : Noël est un one-shot entièrement réalisé par le dessinateur Lee Bermejo qui, pour une fois, se charge donc également de l’aspect scénaristique. Et il ne se fonde pas sur n’importe quelle intrigue puisqu’il s’est donné comme objectif de « batmaniser » le fameux « Un chant de Noël » de Charles Dickens ! Si nous n’avons pas là l’idée originale du siècle tant ce classique a pu être adapté sous bien des formes, son utilisation au service de l’univers de Batman et de Gotham peut se révéler bien instructif. En effet, Gotham est bien souvent façonnée comme profondément victorienne et l’aspect gothique produit par l’auteur vient habilement servir et soutenir ce propos. Toutefois, on regrette rapidement que l’aspect graphique donné par Lee Bermejo fasse que les toits et les façades ne sont que des toiles de fond où se joue cette tragédie.

Si nous nous rapprochons davantage de l’intrigue en elle-même, nous faisons dans le plutôt classique puisque Batman poursuit encore et toujours le Joker, mais il va s’agir de s’attacher un peu aux dommages collatéraux de cette course-poursuite latente. Si l’attachement de l’auteur à changer d’angle de vue est louable, afin de favoriser celui du péquin standard englué dans le tourbillon du crime au dernier niveau des bas-fonds de Gotham, je ne peux m’empêcher de revenir sur ce qui fait l’essence du texte de Dickens : la rencontre de l’antihéros avec trois représentations de son passé, de son présent et de son futur. Celle du passé est largement soulignée, même si le lien est ténu ; celle du présent n’est pas expliquée et finalement cela aurait pu être quelqu’un d’autre ; enfin, celle du futur est parfaitement compréhensible concernant la folie de Batman, sauf que ce n’est pas du tout le sujet de ce comics. Bref, cette reprise m’a semblé vraiment bancale, d’autant plus que la narration est assurée en arrière-plan de l’action, par de longs cartouches, ce qui ne favorise pas l’immersion.

Nous pouvons positiver sur l’aspect graphique, spécialité de Lee Bermejo. Il cherche véritablement à faire naître une ambiance froide, voire glaciale, et quasi déshumanisée, au sein de Gotham. Les teints mats et les couleurs sombres accentuent ce constat et font de Batman une figure gothique très prenante. Cela s’ajoute au Gotham enneigé et mélancolique qui colle comme il faut à la période hivernale, puisque nous découvrons que cette aventure du Chevalier Noir non seulement se déroule le jour de Noël, mais surtout est conté comme un récit échafaudé au coin du feu en attendant le Père éponyme.

Je ne sais donc pas si c’est ma relativement faible attirance pour les contes de Noël ou bien le fait que j’ai attaqué ce volume une fois l’été terminé, mais je ne me suis que très peu senti aspiré dans l’histoire. On survole l’intrigue, tel Batman au-dessus de Gotham, sauf que nous, nous ne descendons pas voir ce qui se trame au fond de cette ville théoriquement sale et pouilleuse à tout point de vue, alors, à mon humble avis, ce conte de Noël franchement lancé dans la thématique gothique n’est que faiblement à la hauteur du projet de départ.

Autres critiques : Maedhros909 (Lire, voir, jouer, écouter, découvrir)

Kaamelotien de souche et apprenti médiéviste, tentant de naviguer entre bandes dessinées, essais historiques, littératures de l’imaginaire et quelques incursions vers de la littérature plus contemporaine. Membre fondateur du Bibliocosme.

Aucun commentaire

  • maedhros909

    Je n’avais pas tilté pour les bâtiments de style victorien à mettre en parallèle avec le contexte « Dickens », bien vu, et d’accord avec toi du coup, cela aurait pu être encore plus exploité même si c’est déjà joli. Par contre j’ai ptete plus apprécié les trois rencontres (surtout la deuxième). A mon sens y’a que « lui » qui pouvait venir car il est à la fois l’exacte opposé de Batman et à la fois son meilleur « ami », comme on peut le voir dans pleins d’autres volumes. Si ça avait été genre Oliver Queen ou quelqu’un « coupé du monde » comme Green Lantern l’impact de la psychologie de Batman aurait pas eu le même sur eux et inversement.
    En passant merci de linker régulièrement mes articles, c’est super sympa 😉

    • Dionysos

      Tout à fait, mais du coup on reste classique dans ces rencontres, c’est sûrement le but aussi, je comprends bien. Le sens à y donner est juste parfois étrange.
      De rien pour les liens, j’aime beaucoup tes critiques.

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