Fantastique - Horreur

A lire à ton réveil

Titre : A lire à ton réveil
Auteur/Autrice : Robert Jackson Bennett
Éditeur : Le Bélial (collection Une Heure lumière)
Date de publication : 2025 (mai)

Synopsis : Peu après la fin de la Seconde Guerre mondiale.
James fuit Londres et ses créanciers en quête d’un refuge paisible, plaçant ses espoirs dans un hameau perdu au cœur d’une Lorraine marquée par les horreurs passées. Au fil de son ermitage, des semaines, des mois, il écrit à Laurence, son amant à la santé fragile resté en Angleterre… Non loin de son logis, une découverte ravive la passion pour l’histoire de cet oxfordien contrarié : en pleine forêt, les ruines d’une abbaye dont la fondation semble remonter aux origines du christianisme. Suivant la piste d’une légende locale, alors qu’il se familiarise avec les gens des environs, James explore les reliques du site et déniche un passage menant à ce qui pourrait être une crypte. Mais est-il bien en présence d’une ancienne abbaye ? De plus en plus exigeantes au cœur d’un hiver lorrain implacable, ses recherches confinent bientôt à l’obsessionnel, et les fables dont les natifs du coin le bercent, conjuguées à un compagnonnage pour le moins étrange, ne tardent pas à produire chez lui des effets effrayants…

Un récit purement fantastique

Après le percutant « Vigilance », Robert Jackson Bennett fait son retour dans la collection Une Heure Lumière du Bélial avec « A lire à ton réveil », une novella fantastique se déroulant au tout début des années 1950. L’auteur opte ici pour un récit épistolaire et met en scène un homme ayant fui Londres suite à des dettes de jeux pour gagner la France d’où il écrit à son compagnon, le pressant de le rejoindre. Au fil de ses lettres, on apprend que le héros a fait l’acquisition d’une maison isolée à proximité d’une forêt dans laquelle il est tombé sur les ruines d’une ancienne abbaye. Bien décidé à en apprendre plus sur ce monument et son histoire (son domaine d’expertise), il se lance alors dans l’excavation du bâtiment qui semble mystérieusement s’agrandir chaque jour, de nouveaux pans de murs apparaissant sans qu’il ne se souvienne les avoir déterrés la veille. Et c’est loin d’être la seule bizarrerie à laquelle James se retrouve confronté. Des lumières apparaissent en effet de nul part la nuit autour de chez lui, tandis que les gens du coin adoptent une attitude étrange et multiplient les références à une légende du folklore local. Si le jeune homme adopte dans un premier temps une attitude amusée face à ces événements dont il se réjouit de l’excentricité, sa curiosité va peu à peu se muer en obsession, et son amusement en terreur. Qu’il s’agisse de ses œuvres de fantasy ou de ses incursions en SF ou dans le fantastique, tous les romans ou nouvelles de Robert Jackson Bennett m’avaient jusqu’à présent convaincue. Or, si je suis loin d’avoir été totalement rebutée par ce récit, du moins suis-je nettement restée sur ma fin.

Un personnage difficile à cerner

L’ambiance est pourtant travaillée et convaincante, le malaise s’insinuant progressivement dans la tête du personnage et dans celle des lecteurices. Il faut dire que le décor est particulièrement efficace : un homme seul dans une maison isolée en bordure de forêt, des ruines ancestrales, des interactions sociales limitées… J’ai malgré tout eu du mal à m’immerger dans cette histoire dont j’ai eu l’impression de n’avoir effleuré que la surface. La faute en incombe à mon sens au protagoniste, un jeune homme dont on sait finalement très peu de chose et auquel je ne me suis jamais attachée. James est en effet un personnage difficile à cerner, d’une nature assez exubérante dans un premier temps, produisant un babillage intarissable sur les avantages et le caractère bucolique de sa nouvelle vie. Il est assez déstabilisant de le voir alors fait aussi peu de cas d’événements pourtant déjà perturbants mais qui semblent pourtant glisser complètement sur lui. Si la peur qui finit par le gagner a eu assez peu d’effet sur moi (qui suis pourtant facilement impressionnable en matière de ambiance angoissante), c’est aussi en partie à cause du caractère presque absurde de certains passages. Un personnage en particulier m’a en effet donné l’impression d’être tombé dans un monde sans queue ni tête à la manière de celui de Lewis Carroll, et ce côté absurde a suffit à repousser totalement l’angoisse. La seule chose qui est parvenue à m’émouvoir est finalement l’affection manifeste que le personnage porte au destinataire de ses lettres et c’est la raison pour laquelle j’ai trouvé la conclusion de la novella réussie, bien que le reste de l’histoire ne m’ait pas emballée.

Avec « A lire à ton réveil », Robert Jackson Bennett opte pour une novella fantastique et met en scène un jeune homme victime de phénomènes étranges dans le petit coin de France où il s’est retranché au début des années 1950. En dépit d’une atmosphère efficacement anxiogène, je ressors de cette lecture avec l’impression d’être passée à côté du récit, la faute notamment à un héros auquel je ne suis pas parvenue à m’identifier et dont je n’ai pas toujours compris les réactions.

Autres critiques : ?

Passionnée d'histoire (surtout le XIXe siècle) et grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement) mais aussi d'essais politiques et de recherches historiques. Ancrée très à gauche. Féministe.

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