Les chemins de Ji, tome 1 : La Branche romine

Titre : La branche romine
Cycle/Série : Les chemins de Ji, tome 1
Auteur : Pierre Grimbert
Éditeur : Mnémos
Date de publication : 2025 (janvier)
Synopsis : Cent dix-huit ans avant ce jour, un homme étrange emmena une délégation de sages sur une petite île oubliée… Mais deux siècles plus tôt, pareille expédition avait déjà eu lieu, provoquant son lot de drames, dont les effets se font encore sentir chez les lointains descendants de ces émissaires ! Ainsi, un érudit passionné de généalogie et de magie entraîne malgré eux quelques aventuriers dans une quête démarrant sur l’île Ji. Ensemble, ils vont chercher à en percer le secret et à comprendre pourquoi tous les héritiers de la dernière expédition semblent avoir été exterminés par les Züu. Et comme si cela ne suffisait pas, des créatures oubliées sortent d’un long sommeil, furieuses d’être à nouveau dérangées. Car personne ne peut emprunter impunément les chemins de Ji.
…
Re-re et re-retour à Ji !
En 1999 paraissait le premier tome de la série « Les secrets de Ji », l’une des œuvres les plus marquantes de Pierre Grimbert qui a ensuite connu de nombreuses autres suites (« Les enfants de Ji » ; « Les Gardiens de Ji »). En ce qui me concerne, il s’agit de l’une des séries qui m’a permis de véritablement m’initier à la fantasy lorsque j’étais adolescente, aussi ai-je toujours gardé une tendresse particulière pour cet univers. Vingt-cinq ans plus tard, l’auteur revient justement avec une nouvelle aventure dans le monde de Ji et met en scène les descendants lointains des protagonistes des précédentes séries. Bon, ça sent un peu le réchauffé, chose dont l’auteur est malheureusement un peu coutumière comme on a récemment pu le constater avec le très bon « Le sang des parangons », suivi peu de temps après du très mauvais « L’âme des parangons » (qui reprenait exactement le même concept dans un nouveau décor). Si la déception n’est pas aussi grande dans le cas de cette « Branche romine » qui ouvre « Les chemins de Ji », force est de reconnaître que, pour celles et ceux qui sont déjà familiers de l’univers, l’impression de tourner en rond se manifeste assez vite. L’action se déroule ici dans une grande cité portuaire dans laquelle débarque Liéronim, un homme mystérieux venu se renseigner auprès d’une notaire sur une île située au milieu de nul part ainsi que sur ses propres origines. Une succession d’événements malheureux vont amener le magicien à confier ce qu’il voulait pourtant taire à tout prix : il est en quête de l’île de Ji, petit bout de terre sur laquelle son ancêtre, de même que celui de plusieurs protagonistes (dont la fameuse notaire) s’est déjà rendu il y a plus de cent ans. Une quête pour le moins anodine, mais qui va pourtant mettre en branle des forces qui vont rendre le voyage de nos héros pour le moins mouvementé. Voilà donc un érudit magicien, une notaire, un tavernier, une voleuse, un marin et un jeune garçon aux origines mystérieuses en route pour une destination que personne ne veut visiblement qu’ils atteignent.
Un charme en partie rompu
Vingt-cinq ans plus tard, force est de constater que le talent de conteur de Pierre Grimbert demeure intact : le décor et les personnages sont toujours aussi efficacement plantés, et on prend toujours autant de plaisir à suivre les nombreuses péripéties de protagonistes attachants. Le roman peine malgré tout à retrouver le souffle qui l’animait lors des tous premiers tomes et souffre d’une construction narrative répétitive. Les aventures de nos héros et héroïnes suivent en effet toujours le même schéma : une fuite éperdue, suivie d’un petit moment de répit, suivi d’une confrontation avec leurs ennemis clairement en surnombre et/ou surarmés, suivie d’un twist inattendu qui leur permet de finalement s’en sortir alors que tout semblait perdu. Un enchaînement assez classique mais qui finit par lasser dans la mesure où l’auteur nous fait le coup au moins cinq ou six fois dans le roman. En dépit de leur manque totale d’expertise et d’informations, les protagonistes passent en effet constamment entre les mailles du filet et parviennent à échapper tour à tour à de puissants magiciens, une guilde de voleurs et d’assassins pourtant réputée pour son efficacité, sans oublier des créatures marines redoutables. Bref, on n’y croît pas. Et on y croît d’autant moins que l’auteur multiplie les « heureux hasards », notamment concernant la rencontre entre les personnages qui paraît totalement improbable. Le lien avec l’histoire initiale des « Secrets de Ji » est quant à lui relativement ténu pour le moment, l’auteur se contentant de mentionner les précédentes expéditions ainsi que la terrible secte d’assassins des Züu, si bien que l’on peut à mon sens parfaitement lire le roman sans avoir au préalable pris connaissance des autres séries. Le récit est donc compréhensible sans aucune notion de l’univers, néanmoins ce dernier peine à véritablement captiver, la surabondance de scènes d’action dissimulant assez mal une intrigue finalement très simple et trop classique.
Pierre Grimbert renoue dans « Les chemins de Ji » avec l’un des univers qui a contribué à son succès en mettant en scène les descendants de l’une des précédentes expéditions menées sur cette fameuse île autour de laquelle plane tant de mystères. Si l’auteur possède toujours un talent de conteur indéniable et parvient régulièrement à nous emporter, l’intrigue peine toutefois à convaincre en raison de ses trop nombreuses répétitions et du caractère hautement improbable de plusieurs rebondissements. Peut-être ces défauts seront-ils en partie corrigés dans les deux tomes à venir ?
Voir aussi : Tome 2 Tome 3
Autres critiques : ?


4 commentaires
Céline Danaë
J’avais beaucoup aimé Le secret de Ji et ses suites. Puis au bout d’un moment j’ai laissé tombé, il y en avait trop et c’était toujours la même chose
Justin Hurle
Hey !
J’ai hésité à l’acheter… mais j’ai préféré me tourner ver Gandahar, de J.-P. Andrevon (Mnemos, évidemment). Là, je ne regrette rien – d’autant plus que ta chronique me laisse entendre que j’ai fait le bon choix. Bisous à vous tous !
Boudicca
Tu as bien fait en effet 😉
Tachan
Ça me donne plus envie de relire la saga d’origine que de lire cette suite, surtout qu’il y a une certaine belle édition sur le marché désormais 😉