Fantasy : Les coups de coeur de l’année 2024
Nous voilà arrivés en décembre, le moment idéal pour faire un point sur les lectures les plus marquantes de 2024 ! Cette année j’ai opté pour deux catégories de romans : ceux qui sont sortis cette année et qui m’ont particulièrement marqué, et ceux qui sont parus il y a quelques temps déjà mais à côté desquels j’étais passés. [Un simple clic sur le titre de l’ouvrage vous permettra d’accéder directement à l’article complet le concernant.]
Les sorties marquantes de l’année
Fragile/s – Nicolas Martin (Au Diable Vauvert)
Nicolas Martin signe avec « Fragile/s » un beau portrait de femme et de mère et met en scène une France dystopique glaçante de réalisme dans laquelle contrôle de l’immigration et contrôle du corps des femmes sont les maîtres mots. L’auteur décrit très bien le glissement progressif d’un régime autoritaire vers le totalitarisme, le tout en se focalisant (presque) uniquement sur le point de vue d’une femme ordinaire qui nous livre un récit intimiste, à la fois émouvant et terrible.
La geste d’Hamlet Evans – Rafael Marin (Argyll)
Premier roman traduit en France de l’auteur espagnol Rafael Marin, « La geste d’Hamlet Evans » est un roman remarquable qui met en scène l’errance d’un poète rebelle dans le vaste univers sur lequel règne un empire en permanente expansion. Intrigue habilement construite et impeccablement rythmée, personnages inoubliables, réflexion profonde sur le sens de la guerre ou encore de l’art, le roman est une véritable perle qui ravira sans aucun doute les amateurs de space-opera, et même les autres. A découvrir absolument !
Le changelin – Victor Lavalle (ActuSF)
Apollo Kagwa est un jeune américain ordinaire qui vit, heureux, avec sa femme et leur jeune fils qui n’a que quelques mois. Jusqu’à ce que, soudain, tout bascule et le pire arrive. Le héros va alors se lancer à la recherche de son épouse pour tenter de comprendre les raisons de son geste et de son comportement étrange avec leur bébé. Victor Lavalle nous entraîne dans une quête haletante qui ne connaît aucun temps mort et aborde des thématiques aussi variées que l’exercice de la parentalité, les dérives des réseaux sociaux, le racisme ou encore les violences conjugales. Une petite aura surnaturelle baigne l’ensemble de l’intrigue et donne lieu à une atmosphère légèrement inquiétante mais aussi fascinante qui nous invite à ne pas lâcher le roman. Une vraie réussite !
Qui après nous vivrez – Hervé Le Corre (Rivages Noir)
Avec son dernier roman en date, Hervé le Corre quitte le registre du polar pour nous offrir un post-apo terrifiant. Véritable cri d’alerte, le récit met en scène quatre générations de femmes toutes plus fortes et attachantes les unes que les autres et tentant tant bien que mal de survivre dans l’enfer qu’est devenu pour elles la Terre. Le roman est d’une noirceur parfois difficile à supporter dans la mesure où le monde prend la pire direction possible. Les femmes en sont les principales victimes, et la présence de nombreuses scènes de viols contribue à rendre la lecture parfois à la limite du supportable. Paradoxalement, le roman est traversé par une formidable pulsion de vie qui permet de redonner un peu espoir et permet de vrais moments de grâce difficiles à oublier.
Le chant des déesses, tomes 1 et 2 – Claire North (Hauteville)
Pénélope d’Ithaque » est un roman remarquable dans lequel Claire North propose une réinterprétation moderne et féministe de l’une des figures les plus consensuelles de l’Odyssée. Porté par une très belle plume, le récit met en scène une galerie de personnages féminins aux profils variés et qui permettent, chacune à leur manière, d’interroger la place des femmes dans la mythologie, ce qui permet ensuite à l’autrice d’en dynamiter en partie les codes.
Tout est sous contrôle – Christopher Bouix (Au Diable Vauvert)
Avec « Tout est sous contrôle », Christopher Bouix signe un roman dans la droite lignée d’« Alfie ». Il y met en scène un couple en concurrence avec d’autres pour obtenir le droit de faire un enfant, le tout dans une société du contrôle 2.0 où toutes les données des citoyens et citoyennes sont collectées, analysées et donnent lieu à une notation pompeusement baptisée « indice de bonheur ». Intrusion des nouvelles technologies dans notre intimité, narcissisme débridé sur les réseaux, culte du développement personnel et palette d’outils à disposition du parfait petit état totalitaire : voilà quelles sont les thématiques passionnantes mises à l’honneur par l’auteur qui a également pris soin de peaufiner son intrigue et ses personnages. Il en résulte un page-turner amusant et passionnant qu’on prend beaucoup de plaisir à dévorer !
Katie – Michael McDowell (Monsieur Toussaint Louverture)
Michael McDowell signe avec « Katie » un roman haletant bourré de rebondissements, de meurtres sanglants et de méchants bien flippants, mais met aussi en scène une héroïne solaire et attachante qu’on voit peu à peu s’extirper de la misère. On prend finalement autant de plaisir à se promener dans cette Amérique du milieu du XIXe qu’à suivre le chassé-croisé meurtrier auxquelles se livrent les deux héroïnes.
Les pépites découvertes sur le tard
L’affaire Crystal Singer – Ethan Chatagnier (Albin Michel)
« L’affaire Crystal Singer » est un premier roman remarquable qui met en scène un homme en quête de la femme de sa vie qui s’est retranchée du monde afin de tenter de résoudre une équation mathématique de laquelle dépend la poursuite des communications entre la Terre et la planète Mars. A la fois instructif et émouvant, le récit mêle habilement des thématiques aussi éloignées que l’amour, les mathématiques, les extraterrestres, mais aussi la musique ou encore la complexité des relations parents/enfants. Une belle découverte, qui plaira aux lecteurs de SF aussi bien qu’à ceux qui n’en sont guère friands.
Les lions d’Al-Rassan – Guy Gavriel Kay (L’Atalante)
« Les lions d’Al-Rassan » est un roman inspiré du contexte de la péninsule ibérique du XIe et relate le début de la Reconquista ainsi que le lent délitement du califat de Cordoue. Plutôt que d’aborder le sujet par le prisme purement guerrier de deux mondes qui ne se comprennent pas et se livrent à une guerre sans merci, Guy Gavriel Kay opte, comme toujours, pour raconter son histoire du point de vue d’individus lambda, pris malgré eux dans les rets d’un contexte politique qui les dépasse mais qui parviennent malgré tout à se ménager de petits espaces de liberté et d’amour. De toutes les formidables oeuvres de l’auteur, celle-ci est, à mon sens, la plus aboutie, la plus intemporelle, et surtout la plus émouvante.
Vivonne – Jérôme Leroy (FolioSF)
« Vivonne » est un roman post-apo dépeignant la quête désespérée d’un vieil éditeur pour retrouver la trace d’un ancien ami et auteur de génie dans le chaos dans lequel notre monde est en train de sombrer. Un cadre résolument sombre, donc, mais dont le sinistre est atténué par le personnage de Vivonne qui fait office de véritable bouffée d’air frais. Que ce soit au niveau de l’intrigue, du décor, des personnages ou encore des thématiques abordées, le roman de Jérôme Leroy est une véritable réussite qui, s’il ne dépeint pas un futur agréable, laisse au moins entrevoir une petite lueur d’espoir en (ré)investissant la littérature d’un pouvoir puissant et merveilleux.
Les quinze premières vies d’Harry August – Claire North (Bragelonne)
Comme « La Maison des jeux » ou « Le chant des déesses », j’ai été enthousiasmée par « Les quinze vies d’Harry August », un page-turner dans lequel Claire North met en scène un homme qui meurt et renaît perpétuellement. Porté par un narrateur particulièrement attachant, le roman se dévore d’une traite et aborde sous un jour intéressant la question des paradoxes temporels tout en parvenant à maintenir un rythme haletant du début à la dernière page, Un tour de force dont Claire North est coutumière, si bien que je vais m’empresser de continuer à découvrir les ouvrages restants de sa bibliographie (dommage que certains soient malheureusement épuisés aujourd’hui).
Les sept morts d’Evelyne Hardcastle – Stuart Turton (10/18)
Dans « Les sept morts d’Evelyn Hardcastle », Stuart Turton met en scène un homme condamné à revivre une même journée par le biais de plusieurs incarnations jusqu’à ce qu’il soit parvenu à résoudre le meurtre d’une jeune femme, assassinée à l’occasion d’une fête en son honneur par un invité dans une demeure anglaise coupée du monde. Véritable coup de coeur, le roman se révèle être un page-turner redoutablement efficace doté d’une intrigue incroyablement complexe et élégante, jouant aussi bien avec les codes du roman policier qu’avec ceux de la SF. A lire absolument, et à mettre obligatoirement sous le sapin !
En espérant que cette petite liste vous aura donné envie de plonger dans tous ces univers extraordinaires ! Et vous, quels sont vos gros coups de coeur de l’année ?
2 commentaires
belette2911
Coucou, merci pour les coups de coeur ! J’ai ajouté « Fragile/s »… Les autres, soit je dois les lire, soit ils se trouvent déjà dans ma wish et je fouille les biblios pour les emprunter 😉 Mon seul « désaccord » est pour le « qui après nous vivrez », que je n’ai pas aimé, mais comme tu le sais « de gustibus… » 😉
Boudicca
Je comprends, c’est un roman très particulier quand même ! Tu as de belles heures de lecture devant toi du coup 😉