Terrariums
Titre : Terrariums
Auteur/Autrice : Romain Benassaya
Éditeur : Critic
Date de publication : 2023 (octobre)
Synopsis : Quand Cora revient à elle, seule et amnésique, dans une vallée cernée par quatre murs réfléchissants infranchissables, elle comprend qu’elle est prisonnière. Elle découvre bientôt que d’autres humains survivent dans ce terrarium, ignorants comme elle de la manière dont ils y sont arrivés. Tandis que tous cherchent à comprendre leur situation, des souvenirs commencent à ressurgir. Les prisonniers du terrarium ont participé à une mission de validation de l’habitabilité d’une planète, Kerana, sur laquelle ils ont, par accident, déclenché un mécanisme alien extrêmement dangereux, et qui pourrait être lié à leur situation présente. Les questions se multiplient : où sont-ils ? Qui les retient ? Et depuis combien de temps ? Pour Cora, une seule chose est sûre : des réponses l’attendent, hors du terrarium.
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Exploration spatiale et humanité en danger
« Terrariums » est le cinquième roman de Romain Benassaya qui s’est spécialisé dans le space-opera, avec chaque fois des récits mêlant huis-clos et immensités spatiales, destin de l’humanité et tranches de vie plus intimistes. L’auteur reprend ici les mêmes ingrédients et nous offre un nouveau roman qui ressemble finalement assez à son précédent (« La dernière arche ») dans sa construction. Tout commence avec une femme qui se réveille, seule, en pleine nature et sans aucun souvenir. Très vite, elle va croiser la route d’autres humains qui, comme elle, peinent à retrouver la mémoire qui ne leur revient que par bribe pendant leur sommeil. Rapidement, la petite communauté réalise qu’elle se trouve parquée dans un environnement artificiel et parvient à rassembler quelques données suffisantes pour échafauder une théorie. Tous ne tardent en effet pas à comprendre qu’ils sont les membres restants d’une expédition visant à étudier la possibilité pour l’humanité de s’implanter sur le satellite d’une petite planète éloignée du système solaire. C’est là qu’ils sont tombés sur une pyramide mystérieuse, construite potentiellement par une autre espèce consciente. C’est là aussi que tout s’est mis à déraper. Car une présence dans la pyramide a été capable de manipuler plusieurs des membres de l’expédition pour les inciter à y entrer et ainsi réveiller la menace qui s’y trouvait et qui pourrait se révéler dévastatrice pour l’ensemble de l’humanité. La théorie retenue est donc la suivante : ils ont été capturés par les créatures à l’origine de la pyramide, pour des raisons encore inconnues. Seulement, au fur et à mesure que les souvenirs leur reviennent, il semblerait que leur hypothèse de base comporte de plus en plus de failles, notamment parce qu’ils réalisent que beaucoup plus de temps que prévu s’est écoulé entre leur réveil dans la vallée et le début de leur mission sur le satellite inconnu.
Une expansion spatiale sans limite mais fastidieuse
La première partie du roman (soit environ le premier tiers) est franchement captivante : le côté huis-clos rappelle agréablement « Pyramides », et on est très vite curieux d’en apprendre davantage sur la nature de la menace réveillée par les explorateurs. Les révélations nocturnes qu’expérimentent régulièrement les personnages donnent de plus un petit côté feuilletonnant puisqu’elles viennent systématiquement rebattre les cartes et changer notre perspective sur la situation. La suite du roman n’est malheureusement pas à la hauteur, l’intrigue s’enlisant de plus en plus à mesure que les personnages remontent le fil de leurs souvenirs et qu’ils explorent leur environnement. Du huis clos intimiste, on passe alors au space-opera à proprement parler, avec une multitudes de planètes et de galaxies explorées, et à un conflit impliquant la survie même de l’humanité sur plusieurs générations. Or, les distances parcourues s’avèrent tellement colossales, les dimensions des espaces explorés tellement énormes, que l’imaginaire du lecteur en vient à se bloquer, incapable de se représenter un futur dans lequel les notions de temps, de distance et d’échelle n’auraient à ce point plus aucun sens. Tout est trop immense, trop lointain, au point que l’univers dépeint nous paraisse totalement incohérent et surtout inconfortablement froid. On a affaire ici à un monde terne, dans lequel la vie et la mort n’ont plus aucun sens, de même que le temps. Un monde dont on connaît les grands exploits et les prouesses technologiques sans cesse repoussées, mais dont on ignore tout du quotidien de ses habitants qui en perdent ainsi leur humanité. Impossible dans ces conditions de s’attacher aux personnages, chacun.e obsédé.e par sa propre quête et incapable de tisser de liens sincères avec les autres. Qu’il s’agisse de Cora, de Dereck ou du Justine, tous ne sont animés que par leur désir d’accomplir ce qu’ils pensent être leur mission, et semblent totalement anesthésiés sentimentalement. Malheureusement cette anesthésie se révèle communicative, si bien qu’on se fiche totalement de leur sort, de leurs atermoiements, ou de leur dilemmes, tout comme on en vient à faire peu de cas de la survie de l’humanité elle-même.
« Terrariums » est un space-opera qui relate le réveil par une petite expédition scientifique d’une espèce consciente non humaine quelque part dans l’immensité spatiale. En dépit d’un début prometteur, le récit finit rapidement par lasser car de nouveaux éléments viennent constamment modifier l’appréciation que l’on se fait de la situation dont on ne parvient donc jamais vraiment à saisir les enjeux. Le roman pâtit aussi du manque d’empathie ressenti envers les personnages qui manquent de chaleur et d’humanité. Dommage…
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