Fantasy

Noon, tome 2 : La première ou dernière

Titre : La première ou dernière
Cycle/Série : Noon, tome 2
Auteur : Laure et Laurent Kloetzer
Éditeur : Le Bélial
Date de publication : 2023 (mars)

Synopsis : Les Courses ! Le meilleur moment de l’année, celui où toute la cité de la Toge noire vibre de voir s’affronter les cavaliers des Verts, des Blancs, des Noirs et des Rouges. Derrière chaque couleur, les partis se rassemblent, on se passionne, on joue gros ! Le peuple grogne, les dirigeants vacillent sur leurs sièges, les opportunistes se frottent les mains, les cavaliers favoris jettent de pleines poignées d’argent à leurs admirateurs, leurs chevaux sont adulés comme des dieux. Ajouter une grosse dose de sorcellerie à tant de fureurs, est-ce vraiment une bonne idée ? Qui se cache derrière les tablettes de malédiction et les vers-pièges ? Noon, notre jeune sorcier récemment établi en ville pour y faire commerce de magie, ferait peut-être mieux de se contenter de missions faciles, comme protéger ce prince mingol, plutôt que de s’intéresser à un sujet aussi politique qui le jettera à coup sûr dans les intrigues du palais. À ce sujet, Meg, sa disciple, et Yors, leur garde du corps, sont enfin d’accord : patron, oubliez tout ça, c’est trop gros pour nous ! Mais le maître du soleil noir n’en fait jamais qu’à sa tête…

J’invente peut-être tout ça, mais ce mélange de violence, de politique et d’utilisation désordonnée d’une sorcellerie que personne ne maîtrise (à part Noon, bien sûr) me semble tout à fait le genre d’histoire que ma ville est capable d’enfanter. 

Nouveau mystère pour notre duo

Quelques mois seulement après la parution du premier tome des aventures du sorcier Noon et de son fidèle acolyte et garde du corps Yors, Laure et Laurent Kloetzer nous offrent un deuxième volume dans lequel on retrouve les deux héros pour une nouvelle histoire. Inspirée par l’atmosphère des romans de Fritz Leiber, l’ouvrage met en scène un duo atypique spécialisé dans la résolution de problèmes liés de près ou de loin à la magie. On avait pu les voir entraînés précédemment dans une aventure rocambolesque impliquant le représentant d’une puissante famille étrangère et un dieu serpent à la capacité de nuisance insoupçonnée. Les voici aujourd’hui embarqués malgré eux dans une toute autre histoire mêlant cette fois magie, politique, diplomatie et course de chevaux. En effet, alors qu’ils assistent à des courses revêtant une importance considérable pour la vie de la cité (au plus grand enthousiasme de Yors et à la plus grande indifférence de Noon), les surprises s’enchaînent. D’abord, le champion des Blancs, vainqueur incontesté depuis des années, n’a pas l’air en grande forme au point même de chuter de son cheval et de se faire rafler la première place par le représentant de la faction des Verts. Ensuite, la foule assiste, médusée, à la volatilisation de son cheval, une magnifique bête de course apparemment victime d’un vers-piège et par conséquent perdue dans le nefereth imenthet, un monde réservé aux créatures d’outre-monde et aux sorciers les plus puissants. Ajoutez à cela l’âme d’un sorcier millénaire en fuite, un mariage arrangé ne satisfaisant aucun des deux partis, une potentielle épidémie dévastatrice, sans oublier un bon paquet de cadavres, et vous vous ferez une idée de l’ambiance qui règne alors dans la cité. Pour Noon, aucun doute, il y a de la magie là dessous. Seulement les indices récoltés sont confus, et mènent dans bien des directions dont certaines pourraient leurs valoir des ennuis. Heureusement, Yors et Meg sont là pour veiller au grain et assurer la sécurité de leur excentrique patron.

Un univers riche et amusant

On retrouve dans cette deuxième aventure indépendante (mais qui nécessite malgré tout d’avoir lu au préalable le premier tome) tout ce qui avait fait le charme de la précédente. L’univers, d’abord, clairement inspiré de la « Sword & Sorcery », se révèle toujours aussi immersif et c’est avec plaisir que l’on poursuit notre balade dans cette cité cosmopolite aux traditions étonnantes et dont les auteurs n’ont, on le devine, fait qu’effleurer la surface. L’enquête nous dévoile d’ailleurs une nouvelle facette de la ville dont on se familiarise avec le fonctionnement politique. Les auteurs nous dévoilent ainsi une partie de celles et ceux qui font la pluie et le beau temps dans la ville, et nous en apprennent davantage sur les différentes factions qui s’opposent, ou encore sur les querelles qui peuvent exister parmi les puissants. Comme dans « Du Soleil noir », le roman alterne efficacement entre les décors, nous faisant passer des dorures du palais royal aux ruelles les plus sordides, en passant par les gradins bondés de l’hippodrome ou encore le monde caché dans lequel Noon voyage à volonté et dans lequel se tapissent des créatures étranges et terribles. L’intrigue paraît dans un premier temps un peu brouillonne, les sous-intrigues se multipliant au point qu’on en vient à se demander comment les auteurs vont bien pouvoir se débrouiller pour tout relier. On y voit peu à peu plus clair et la résolution de l’affaire est tout à fait satisfaisante, bien que certaines trames narratives donnent l’impression de n’avoir été rajoutées que pour servir de fausses pistes. Les personnages sont quant à eux toujours aussi sympathiques, qu’il s’agisse de Noon, sorcier puissant mais totalement décalé et qui peine à comprendre la subtilité de la plupart des conventions sociales, ou de Yors, son garde du corps bien plus rude et terre-à-terre mais qui séduit par la fidélité sans faille dont il témoigne envers son employeur. C’est d’ailleurs lui qui nous sert de narrateur, et il faut avouer qu’il s’en sort plutôt bien, avec son franc-parler et sa grande expérience concernant tout ce qui touche au combat ou à la cité.

Noon du Soleil noir

Des personnages bien campés

L’autre particularité de la narration réside dans le fait que l’histoire nous est rapportée à posteriori, ce qui permet aux auteurs de s’amuser un peu en multipliant les avertissements concernant les déboires qui attendent nos deux héros (sans toutefois jamais trop en dévoiler). Cet aspect, auquel s’ajoute le profil des deux personnages ainsi que la nature de leur activité, les rapproche à nouveau énormément du mythique duo Holmes/Watson auquel on ne peut souvent s’empêcher de penser. Le seul bémol que j’aurai à formuler concernant les personnages concerne les femmes qui, comme dans le premier volume, sont reléguées au second plan de l’intrigue. Certes, elles sont présentent, et leur profil est ici un peu plus varié que dans le précédent tome, mais elles ne jouent qu’un rôle marginal dans l’histoire. Cela s’explique sans doute, en partie, par le fait que la narration est assurée par Yors, qui ne semble pas avoir un avis particulièrement éclairé sur la gente féminine et ses capacités, mais on aurait pu s’attendre à davantage d’efforts malgré tout. Le personnage de Meg, notamment, est grandement sous-exploité, celle-ci se retrouvant brutalement et un peu maladroitement évincée de l’intrigue. On aurait pourtant pu s’attendre à ce qu’elle joue un rôle, si ce n’est central, du moins important dans la résolution de l’enquête dans laquelle elle semble impliquée et à laquelle l’associe Noon qui semble avoir décelé en elle des capacités dignes d’éveiller son intérêt. On n’en saura malheureusement guère plus sur ce que la jeune femme peut faire dans ce deuxième tome où elle continue d’être sans arrêt dévalorisée par Yors qui ne l’appelle d’ailleurs jamais autrement que par l’infantilisant et dédaigneux « la petite ». Un mot, enfin, sur les illustrations de Nicolas Fructus qui continuent d’accompagner le texte en représentant certaines des scènes du roman, pour le plus grand plaisir du lecteur, ravi de renforcer ainsi davantage l’immersion.

« La première ou dernière » est le deuxième volet des aventures du sorcier Noon et de son fidèle garde du corps dans un monde de fantasy inspiré des romans de Fritz Leiber. On s’attache vite à ce duo surprenant qui mène ici une enquête difficile pour comprendre qui a bien pu saborder la plus grande course de chevaux de la cité en utilisant une magie qu’il ne maîtrisait manifestement pas vraiment. L’intrigue dévoile une nouvelle facette, plus politique, de la cité avec laquelle on continue de se familiariser avec un plaisir d’autant plus grand que les illustrations de Nicolas Fructus accompagnent la lecture. Une troisième aventure est d’ores et déjà annoncée, et je serai de nouveau au rendez-vous.

Voir aussi : Tome 1 ; Tome 3

Autres critiques : Célinedanaë (Au pays des cave trolls)

Antiquiste passionnée d’art, de cinéma, de voyage et surtout grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement).

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