Fantasy

L’épée, la famine et la peste, tome 1

Titre : L’épée, la famine et la peste, tome 1
Auteur : Aurélie Wellenstein
Éditeur : Scrinéo
Date de publication : 2022 (septembre)

Synopsis : Depuis un demi-siècle, le royaume de Comhghall s’enfonce dans un âge sombre : les monstres pullulent, des villages entiers disparaissent dans les toiles d’araignées, et les tarentas tissent dans l’esprit des hommes, les condamnant à s’étioler dans la mélancolie et les idées noires. Trois êtres brisés deviennent la cible d’une population aux abois. Un garçon possédé par l’esprit d’un loup, une jeune fille soupçonnée d’avoir les pouvoirs d’une araignée, un ancien soldat qui a tout perdu, persuadé que son fils vit dans l’œil d’un cerf… Pourchassés par le chef de l’Inquisition et son archère, ils vont devoir s’allier pour survivre. Mais sont-ils des bouc-émissaires ou, au contraire, trois redoutables fléaux qui porteront le coup de grâce à ce monde agonisant ?

Un royaume et des vies brisés

Aurélie Wellenstein est une autrice de fantasy particulièrement prolifique puisqu’elle parvient à maintenir depuis 2015 le rythme d’un roman par an. Cette année ne fait donc pas exception à la règle puisque est paru chez Scrinéo le premier volume d’un diptyque baptisé « L’épée, la famine et la peste ». Bien que très différentes, toutes les œuvres de l’autrice ont pour point commun un pitch particulièrement attractif et original, soit parce qu’il exploite des influences qui sortent de l’ordinaire (un mythe polynésien dans « Le dieu oiseau », un décor sibérien dans « Les loups chantants »), soit parce qu’il met en scène des procédés surnaturels spectaculaires à même d’enflammer l’imagination du lecteur (des marées fantômes dans « Mers mortes » ou une fin du monde sur fonds de dérèglement temporel dans « La mort du temps »). Ce premier tome ne fait pas exception à la règle puisque l’autrice y met en scène un royaume crépusculaire dans lequel les monstres pullulent, à commencer par des araignées dont les morsures confèrent aux humains des pouvoirs étranges ou bien les plongent dans une léthargie qui finie bien souvent par devenir fatale. C’est dans ce contexte que l’on fait la connaissance des trois protagonistes, bien éloignés des héros et héroïnes de fantasy habituels. L’un est un garçon possédé par l’esprit d’un loup après avoir revêtu un heaume à son effigie et chassé de son village. L’autre est une jeune femme accusée d’être une tarenta, ces femmes mordues par une araignée et dotées de capacités exceptionnelles, et dénoncée à l’Inquisition après avoir refusée les avances de l’un des garçons de son village. Le dernier, plus âgé, est un vétéran de croisades menées en Orient endeuillé par la mort de sa femme et de son fils qu’il croit désormais emprisonné dans le corps d’un cerf qui l’accompagne partout où il va. Trois destins tragiques qui vont ici être réunis puisque la solution à leurs problèmes respectifs semble les conduire au même endroit : l’ancienne capitale du royaume désormais abandonnée car lieue de départ de l’épidémie arachnéenne qui l’a plongé dans le chaos.

Des thématiques répétitives

Le pitch, encore une fois, titille sans mal la curiosité. L’autrice met en scène un décor de dark fantasy particulièrement immersif dont elle dresse, certes, un peu trop rapidement les contours mais qui possède un charme vénéneux auquel il est difficile de résister. Aurélie Wellenstein empreinte beaucoup à l’imaginaire médiéval en mettant l’accent sur les aspects les plus sombres de l’époque, ce qui lui permet de rester vague sur certains aspects en jouant sur l’imaginaire collectif. Croisade, inquisition et chasse aux sorcières sont les principales références ici exploitées et il faut reconnaître que le procédé fonctionne bien. Les personnages sont tout aussi brièvement caractérisés et manquent de profondeur, néanmoins on se prend vite d’affection pour ces anti-héros à la fois dangereux mais aussi terriblement vulnérables. Là où le bât blesse, c’est si vous êtes familiers de la biographie de l’autrice. Car on retrouve à nouveau quantité de ressorts narratifs et surtout de thématiques déjà exploitées dans ses précédents romans. La relation humain/animal se trouve au cœur de l’intrigue, notamment par le biais du personnage du garçon/loup, mais c’était déjà le cas dans la plupart de ses autres ouvrages. Idem pour l’imaginaire des croisades ici sollicité et qu’on pouvait déjà retrouver dans « La mort du temps ». Enfin le profil des personnages est, lui aussi, assez similaire à ce qu’on avait déjà pu rencontrer auparavant, de même que l’ambiance assez glauque qui est une constante dans tous les romans de l’autrice. On peut également reprocher à l’ouvrage un manque de profondeur, notamment en ce qui concerne les relations entre les personnages qui restent très superficielles, ce qui se traduit notamment par des assez dialogues simplistes. Heureusement, l’intrigue s’avère rythmée et, si certains rebondissements sont aisément prévisibles, d’autres sont plutôt bien amenés. La conclusion donne en tout cas sacrément envie de découvrir la suite en raison de l’ingénieux contre-pied pour lequel a opté l’autrice.

« L’épée, la famine et la peste » est un roman qui s’inscrit dans la droite lignée des précédents ouvrages d’Aurélie Wellenstein et met en scène un royaume au bord de la ruine et ravagé par des araignées. On y retrouve les mêmes points positifs (intrigue alléchante, sens du rythme, décor sombre et immersif) mais aussi les mêmes limites (manque de profondeur et thèmes répétitifs d’une œuvre à l’autre). La fin de ce premier tome laisse en tout cas présager une suite prometteuse qui devrait se révéler encore plus sombre et plus rythmée.

Voir aussi : Tome 2

Autres critiques :  ?

Antiquiste passionnée d’art, de cinéma, de voyage et surtout grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement).

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