Fantasy

Le Garçon et la ville qui ne souriait plus

Le Garçon et la ville qui ne souriait plus

Titre : Le Garçon et la ville qui ne souriait plus
Auteur : David Bry
Éditeur : Lynks / Pocket [site officiel]
Date de publication : 2018 / 18 juin 2020

Synopsis : Paris, fin XIXe, l’Église a imposé ses Lois, celles de la Norme sous le règne de Nicéphore le IIIe. Les fous, les obèses, les boiteux, les difformes, les homosexuels – en somme, tous ceux considérés comme « anormaux » – sont relégués sur une île, surnommée la Cour des Miracles. Romain, un garçon de bonne famille, fils du préfet de police, aime à s’y rendre en cachette la nuit. Il n’y a que là qu’il se sente lui-même, au vu du secret qu’il porte. Jusqu’au jour où il surprend une conversation et comprend que la Cour des Miracles est menacée de destruction et que ses habitants en seront au mieux chassés. Commencent alors une course contre la montre et l’obligation de s’accepter… enfin.

Je trouve qu’il y a quelque chose de fascinant dans cette diversité. […]
Aimeriez-vous n’être entourés que de personnes complètement identiques à vous ?

David Bry avait déjà vu son roman Que passe l’hiver passer en poche chez Pocket en 2019 ; son huitième roman sorti d’abord chez Lynks en 2018 bénéficie, deux ans plus tard, du même traitement, c’est donc une nouvelle occasion de découvrir Le Garçon et la ville qui ne souriait plus !

Les Misérables uchroniques

Derrière ce titre à rallonge, se cache une intrigue destinée à tous les âges. Nous suivons ici Romain qui navigue entre deux eaux : fils du riche préfet de police et d’une héritière désargentée, et donc très en vue dans les familles les plus notables de l’aristocratie parisienne, mais toujours curieux des autres, surtout s’ils sont légèrement reclus à cause de la police parisienne. Sur l’île centrale de la ville, sont réunis contre leur gré des « anormaux », ceux mis en marge de la société parisienne ; Romain s’interroge sur le bien-fondé de cet amalgame appelé la « Cour des Miracles ». Il va leur rendre visite, se rapproche de l’un d’eux, apprend à les connaître, même de loin. Or, par hasard, il apprend que le pouvoir en place compte réduire à néant cette Cour des marginaux. La révolte gronde et Romain a la possibilité de faire plus que d’assister aux hostilités.

Injustice et discriminations

David Bry met en scène dans ce roman un Paris uchronique du milieu de l’ère industrielle, mais transformé par l’arrivée au pouvoir d’empereurs autocrates. La dynastie des Nicéphore semble être l’équivalent des Napoléon Bonaparte et s’est alliée à l’Église pour édicter les Lois de la Norme. Celles-ci exigent de mettre de côté les « anormaux », ceux qui sont considérés comme en marge de la société. Nains, homosexuels, handicapés… toute « anormalité » est vite mise de côté et reléguée sur l’île de la Cité. Cette société est volontairement discriminante et chaque début de chapitre propose une étape historique pour comprendre comment on en est arrivé à cette situation. Mise en place de la police de la Norme, mise au ban de certains métiers comme les cartomanciens, des rapports de police… de quoi mettre en contexte l’intrigue et expliquer cette société discriminante. Cela reste assez rapidement brossé, mais la contextualisation est intéressante.

Récit initiatique à destination de tous

Sans que ce soit véritablement indiqué, Le Garçon et la ville qui ne souriait plus a tous les codes de la littérature jeunesse, mais est un livre tout public. Le héros est adolescent, il est entouré de personnes de son âge et découvre la vie, l’amour comme la politique. L’intrigue est avant tout un enchaînement d’épreuves qui va lui servir de révélateur, pour pouvoir s’affirmer face à son entourage familial et aux autorités. Toute de même, cela va un peu plus loin, car Romain a une position transverse dans cette société. Il peut être vu comme un traître à sa classe ; son ami Ambroise le soutient dans sa contestation de l’embourgeoisement de sa famille, mais Lion le relie aux classes populaires par un tout autre attachement. Ce sont ces liens qui font vraiment le sel du roman.

Le Garçon et la ville qui ne souriait plus est donc une surprise agréable à la lecture, alerte et engagée, qui s’adresse à tous les publics et donne envie de lire davantage de David Bry.

Autres critiques :

Kaamelotien de souche et apprenti médiéviste, tentant de naviguer entre bandes dessinées, essais historiques, littératures de l’imaginaire et quelques incursions vers de la littérature plus contemporaine. Membre fondateur du Bibliocosme.

2 commentaires

Répondre à Dionysos Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.