Fantastique - Horreur

La survie de Molly Southbourne

Survie de Molly Southbourne

Titre : La survie de Molly Southbourne
Cycle/Série : Molly Southbourne
Auteur : Tad Thompson
Éditeur : Le Bélial (Une heure lumière)
Date de publication : 2020 (mars)

Synopsis : Qui est Molly ? Une jeune femme frappée de la pire des malédictions, morte dans l’incendie de son domicile… Et pourtant là. Semblable mais différente. Qui est cette Molly ? Certains veulent la voir disparaître. D’autres brûlent de la capturer, de percer à jour les secrets de sa nature étrange.
L’objet d’enjeux qui la dépassent, voilà ce qu’est Molly. Condamnée à fuir, à tenter de survivre. Avant de peut-être, enfin, apprendre à vivre…

 

Molly sans Molly

« La survie de Molly Southbourne » fait suite aux « Meurtres de Molly Southbourne », ouvrage précédemment paru dans la même collection et primé par le Prix Julia Verlanger en 2019 et le Grand Prix de l’Imaginaire en 2020. Attention, deux éléments à prendre en considération avant de poursuivre votre lecture de cette chronique : d’abord, la compréhension de cette novella nécessite incontestablement d’avoir lu au préalable la précédente ; ensuite, si vous n’avez pas encore lu cette dernière, je vous conseille de passer directement au paragraphe suivant, les spoilers étant malheureusement inévitables. On retrouve donc Molly Southbourne pour de nouvelles aventures. Enfin, une « molly » qui est maintenant devenue LA Molly puisque Molly « Prime » s’est donnée la mort en lui faisant « cadeau » de son identité. On renoue facilement avec le fil du récit dans la mesure où les grands principes qui régissait le premier tome étaient assez marquants : Molly est une jeune femme dont le sang, lorsqu’il s’écoule d’elle, donne naissance à des clones, les molly, qui tentent inévitablement de la tuer. « Ne saigne pas ! ». « Si tu saignes, une compresse, le feu, du détergent ». « Si tu trouves un trou, va chercher tes parents ». « Si tu vois une fille qui te ressemble, cours et bats-toi ». Voilà les règles de base que l’héroïne et le lecteur ont intégré dans le texte précédent. Autant de règles essentielles à la survie de Molly… mais qui sont désormais complètement caducs, puisque notre nouvelle héroïne étant un clone, et non plus la Molly d’origine, son sang se révèle stérile. « Problème résolu ! », serait-on tenté de penser. Sauf que les choses sont beaucoup plus compliquées que cela. D’abord parce que molly ne cesse de revivre encore et encore les meurtres perpétrés par son originale sur tous ses doubles. Ensuite parce que, prendre la place et les souvenirs d’une femme qu’elle paraît être, mais sans l’être réellement, provoque chez elle un sentiment proche du syndrome de l’imposteur. Et puis il y a cette peur, lancinante, de voir débarquer un jour d’autres molly, déterminées à la tuer à son tour. Enfin, il y a ces hommes étranges qui débarquent dès qu’elle appelle le numéro tatoué sur son bras et dont elle ignore l’identité ni les objectifs.

Les meurtres de Molly Southbourne

Changement de registre

Le texte se révèle assez surprenant car, s’il comporte évidemment beaucoup de similitudes par rapport à la première novella, l’ambiance n’est cependant pas tout à fait la même. Parmi les aspects qui persistent, on retrouve ce sentiment de malaise éprouvé lorsqu’il est question du corps et des dégâts qui lui sont infligés. Tad Thompson est médecin, et cela se ressent, non seulement lors de l’utilisation de termes médicaux spécifiques (personnellement je ne savais pas ce qu’était une splénectomie…), mais aussi lorsqu’il est question de descriptions corporelles qui mettent inexplicablement mal à l’aise. Celles-ci ne sont pourtant pas particulièrement gores, ni même très descriptives, mais ce que Molly inflige à ces molly retourne malgré tout l’estomac, de même que les expériences menées sur son propre corps par un autre personnage. Autre similitude : la tension permanente, savamment entretenue par l’auteur. On sursaute au moindre élément suspect, on se méfie de tout le monde, on redoute sans arrêt une attaque, bref, l’auteur parvient à nous maintenir sur nos gardes de la première à la dernière ligne. Pour cette raison, la lecture se fait aussi frénétique que pour la première novella (heureusement que le texte est bref, sinon je ne vous dis pas l’insomnie !). En dépit de ces ressemblances, les deux tomes restent malgré tout très différents. Là où on avait affaire à un récit assez intimiste dans le premier volume (tout tournait autour de Molly, de son parcours de vie, de ses perceptions et expérimentations), on a davantage l’impression d’avoir affaire ici à un thriller de science-fiction. Filatures, courses-poursuites, espionnage, récupération de documents confidentiels : tous les éléments sont réunis et cela participe à rendre le texte captivant, même si le registre est différent. Les rencontres et découvertes de l’héroïne permettent d’ailleurs de répondre à quelques questions concernant l’origine de la « maladie » de Molly ou du parcours de sa mère, mais énormément de mystères persistent. Enfin, cette seconde novella se démarque de la première par une (légère) touche d’optimiste qui laisse espérer la possibilité d’une vie plus apaisée pour l’héroïne, quand le premier texte ne faisait que nous plonger toujours un peu plus dans l’horreur.

« La survie de Molly Southbourne » se révèle être une suite parfaitement à la hauteur. On y retrouve la plupart des éléments qui avaient fait le charme de la première novella : une tension permanente, une héroïne attachante bien que déstabilisante par sa violence, et surtout un rythme effréné qui incite le lecteur à dévorer le récit. Ce second tome se démarque toutefois du précédent par un certain nombre d’aspects qui apportent un peu d’espoir tout en nous livrant quelques unes des réponses que l’on attendait tant. La suite dans le(s) prochain(s) tome(s) ?

Voir aussi :
Les Meurtres de Molly Southbourne ; L’héritage de Molly Southbourne

Autres critiques :
Aelinel (La Bibliothèque d’Aelinel)
Apophis (Le Culte d’Apophis)
Célindanaé (Au pays des Cave Trolls)
Dionysos (Le Bibliocosme)
FeydRautha (L’Épaule d’Orion)
Marc Ang-Cho (Les Chroniques du Chroniqueur)
OmbreBones (Chroniques de l’imaginaire)
Tigger Lily (Le dragon galactique)
Vert (Nevertwhere)
Xapur (Les lectures de Xapur)

Critique réalisée dans le cadre du challenge S4 F3

Antiquiste passionnée d’art, de cinéma, de voyage et surtout grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement).

7 commentaires

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