Le Col et la Courtisane (nouvelle)
Titre : Le Col et la Courtisane
Auteur : Emmanuel Chastellière
Éditeur : Auto-édition
Date de publication : 2020
Autour d’eux, les montagnes aux flancs comme noirs de suie déjà mangés de neige ne permettaient guère de se dissimuler aux yeux d’éventuelles proies à détrousser.
Encore une nouvelle, une ! Confinement oblige, les initiatives se multiplient pour proposer de la lecture, notamment par voie numérique. Personnellement, c’est trop long pour moi de lire un roman en numérique, par contre une nouvelle ou une novella de temps en temps en numérique, cela fait plaisir. Voici par exemple celle proposée en téléchargement par Emmanuel Chastellière : Le Col et la Courtisane.
Contexte lié au « silkpunk »
Apparemment, cette nouvelle aurait dû être publiée dans une anthologie de feues les éditions de l’Instant qui aurait été consacrée au « silkpunk ». Ce sous-genre des littératures de l’imaginaire est une toute récente itération qui cherche à transposer le steampunk (et notamment le gaslamp victorien britannique) dans un contexte sinisant. L’auteur américain Ken Liu est censé l’avoir lui-même lancé avec La Grâce des rois, mais chacun est libre de s’approprier ce type de sous-genre toujours plus précis. L’idée est non seulement d’interroger les marges comme dans tout récit « punk », de mettre en scène du rétro-futurisme (encore qu’avec la Chine, vu leur avance technologique dans bien des domaines durant des siècles, ce n’est pas très compliqué de trouver des innovations qui diffèrent de notre continuité toute occidentale) et enfin de parler des spécificités de l’Extrême-Orient, au XIXe siècle (mais aussi avant ou après d’ailleurs), notamment autour de la questions des « routes de la soie », dont le concept géopolitique revient à la mode.
Un personnage, un lieu, un conte
En Chine, un « étranger » a besoin de traverser une montagne, il semble quelque peu pressé. Pour cela, il compte passer par le col qui lui apparaît accessible, mais un vieil ermite qui vit au pied de la montagne tient avant cela à lui raconter une légende locale à base de courtisanes et d’événements surnaturels. Il y tient tant qu’il le presse de l’écouter, il le met en garde, il compte (et conte) lui enseigner quelque chose, c’est évident (oui, les vieux, c’est mystérieux !). C’est une nouvelle particulièrement courte que nous propose Emmanuel Chastellière : on peut dire qu’il va à l’essentiel ! Son efficacité se concentre pour le coup sur une unité de lieu et une unité d’action. Seul le temps est facteur d’un peu de surprise (dans tous les sens que permet la polysémie du mot « temps » d’ailleurs). Difficile de voir vraiment dans ce rapide récit quelque chose de « silkpunk » puisqu’on ne se focalise pas sur des aspects technologiques ou sociétaux. Par contre, on esquisse un jeu avec les contes locaux, prémisses pour mêler croyances et fantasy. Cela donne tout de même des idées.
Autres critiques :
Célindanaé (Au pays des Cave Trolls)
Lorhkan (Lorhkan et les mauvais genres)
Cette critique est la 14e de ma participation au Projet Maki 2020.
7 commentaires
sly
Merci pour cette chronique. Merci aussi pour le remise en contexte du mouvement silkpunk. Je n’avais jamais vraiment compris dans quel sens, il fallait comprendre le mot « punk » ici, s’agit-il de préciser une forme de décadence, comme le mouvement musical ?
Dionysos
Pour moi, cela peut oui, mais j’imagine que la définition peut grandement varier selon l’appréciation de chacun.
Le Scribouillard
Bah franchement, je l’ai lue, et je ne vois toujours pas ce qu’il y a de silkpunk là-dedans. Aucun rétrofuturisme, ni même de technologie ; pour moi, c’est juste de l’oriental fantasy chinoise (quand bien même il s’agit d’un autre genre trop délaissé par nos auteurs français et qu’Emmanuel Chastellière a eu une bonne idée de s’y atteler).
Dionysos
On est d’accord. 🙂
Emmanuel
Il faudrait demander à feue les éditions de l’instant alors. 😉
La dimension « techno » dans les sous-genres en -punk, à titre personnel, j’avoue qu’elle ne m’intéresse pas toujours, en tout cas, nettement moins que les personnages ou l’intrigue elle-même !
Merci pour ce retour en tout cas. 🙂
Dionysos
De rien. 🙂
Après, dans ce cas-ci, le « techno » serait en rapport avec le « silk », on ne s’attend pas forcément à des machines tellement compliquées.
Emmanuel
Oui, c’est vrai ! 🙂