Science-Fiction

Le temps fut

Titre : Le temps fut
Auteur : Ian McDonald
Éditeur : Le Bélial (Une Heure Lumière)
Date de publication : 2020 (février)

Synopsis : Bouquiniste indépendant, Emmett Leigh déniche un jour un petit recueil de poèmes lors de la liquidation de la librairie d’un confrère. Un recueil, Le Temps fut, qui s’avère vite d’une qualité littéraire au mieux médiocre… En revanche, ce qui intéresse Emmett au plus haut point, c’est la lettre manuscrite qu’il découvre glissée entre les pages de l’ouvrage. Pour le bouquiniste, tout ce qui peut donner un cachet unique et personnel à un livre est bon à prendre. Il se trouve ici en présence d’une lettre d’amour qu’un certain Tom adresse à son amant, Ben, en plein cœur de la Seconde Guerre mondiale. Remuant ciel et terre – et vieux papiers – afin d’identifier les deux soldats, Emmett finit par les retrouver sur diverses photos, prises à différentes époques. Or, la date présumée des photos et l’âge des protagonistes qui y figurent ne correspondent pas… Du tout.

 

L’amour à l’épreuve du temps

La vingt-troisième novella parue dans la collection Une Heure-Lumière du Bélial est signée Ian McDonald, un auteur déjà connu en France pour ses romans et nouvelles mettant en scène une Inde du future, ou sa trilogie sur la colonisation de notre satellite (« Lune) ». Publié en 2018 en version originale, « Le temps fut » remplit tous les critères de la collection : le texte fait à peine plus qu’une centaine de pages et a été récompensé ou nominé par les prix les plus prestigieux des littératures de l’imaginaire (ici lauréat du British Science Fiction Award ne 2019). Le texte met en scène un bouquiniste amateur d’ouvrages sur la Seconde Guerre mondiale qui tombe par hasard sur un vieux recueil de poésie dans lequel une lettre a été glissée. Une lettre d’amour, écrite par un certain Tom à destination de « Ben ». Bien que touchante, la lettre n’a, à priori, rien de particulier. Sauf que… Sauf que, en menant l’enquête sur l’auteur et le destinataire du courrier, le bouquiniste se rend compte que les deux hommes apparaissent sur des photos d’autres périodes, et ce sans avoir vieilli. La nouvelle aborde le thème courant en science-fiction du voyage temporel, avec toutes les problématiques que cela soulève (paradoxe, linéarité…). Le récit alterne entre le récit du bouquiniste et celui de Ben et Tom qui se succèdent en tant que narrateur, ce qui peut engendrer une légère confusion dans un premier temps puisque aucune mention d’un changement de point de vue ne figure. On se laisse toutefois prendre au jeu au fur et à mesure que les investigations du héros avancent et que le mystère entourant les deux hommes se lève.

Lecture en demi-teinte

Pourtant, même si l’auteur parvient indéniablement à titiller efficacement la curiosité du lecteur, je ressors de cette lecture avec un sentiment très mitigé. Un manque d’enthousiasme qui doit visiblement venir de mon incompatibilité avec Ian McDonald puisque, en dépit d’avis très positifs de la part de nombreux lecteurs, j’avais déjà eu beaucoup de mal avec ses précédentes publications (« Roi du matin, reine du jour » et « La Petite déesse »). Or, s’il m’est d’ordinaire plutôt aisé d’identifier les éléments qui m’ont rebutée dans un texte, j’ai ici bien du mal à mettre le doigt sur ce qui a pu me gêner à ce point. Peut-être est-ce lié au fait que, comme dans les autres textes que j’ai pu découvrir, l’auteur a tendance à sous traiter son intrigue principale et la noyer sous une montagne de détails banals qui ralentissent l’histoire plus qu’ils ne la servent. Peut-être mon ressenti est-il également à mettre sur le compte du style de l’auteur avec lequel j’avais aussi déjà eu du mal et que je ne trouve pas assez fluide. En effet, j’ai sans arrêt eu l’impression d’être sortie de ma lecture par un mot, une expression ou une tournure que j’ai trouvé maladroite ou sur laquelle j’ai buté. Pourtant, cette novella possède un certain nombre qualités auxquelles de nombreux lecteurs seront sûrement sensibles, à commencer par la capacité de l’auteur à décrire les atrocités de la guerre, quelque soit l’époque à laquelle les conflits ont pu avoir lieu. Certains passages sont ainsi franchement prenant, et on ne ressort pas indemne de ce voyage à travers certains des conflits armés les plus meurtriers du XXe siècle.

Tout comme « Roi du matin, reine du jour » et « La Petite Déesse », « Le temps fut » est un texte dont le sujet avait tout pour me plaire, mais qui m’a malheureusement laissée de marbre. La faute à mon incompatibilité manifeste avec l’auteur dont je ne suis sensible ni à la plume, ni aux choix narratifs.

Autres critiques :
Apophis (Le Culte d’Apophis)
Célindanaé (Au pays des cave trolls)
Dionysos (Le Bibliocosme)
Elhyandra (Le monde d’Elhyandra)
Lorhkan (Lorhkan et les mauvais genres)
Lune (Un Papillon dans la Lune)
Sylvain Bonnet (Boojum)
Xapur (Les lectures de Xapur)

Antiquiste passionnée d’art, de cinéma, de voyage et surtout grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement).

4 commentaires

  • Acr0

    C’est par cette novella que je fais la connaissance de l’auteur… et que je découvre la collection Une Heure-Lumière (même si aucun doute, les blogueurs m’avaient déjà donné bien envie !). Je ressors moi aussi mitigée de ma lecture et les points que tu relèves dans ton billet sont signifiants pour moi aussi.

    • Boudicca

      Je suis contente que tu partages mon ressenti, la plupart des autres articles que j’ai pu lire sur le texte sont très enthousiastes et j’ai l’impression d’être passée à côté 😉

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