La Horde du Contrevent, tome 2 : L’escadre frêle
Titre : L’escadre frêle
Cycle/Série : La Horde du Contrevent, tome 2
Auteur : Eric Henninot
Éditeur : Delcourt
Date de publication : 2019
Synopsis : Quand la Horde croise le chemin des Fréoles et leurs vaisseaux volants, tout devient possible, y compris le pire… La suite très attendue de l’adaptation magistrale par Éric Henninot du chef d’oeuvre de la science-fiction française d’Alain Damasio. C’est au beau milieu de la steppe immense que la Horde croise la route du Physalis, vaisseau de la flotte fréole, en mission de convoyage pour les villages Abrités. Accueillie à bord par une foule en liesse, la Horde goûte enfin un peu de repos. Pourtant, malgré la fête et les honneurs, le malaise de Sov ne cesse de grandir : les Fréoles sont-ils vraiment les alliés qu’ils prétendent être, et cette rencontre est-elle vraiment le fruit du hasard ?
-Alors les Poursuiveurs existent…
-Les Poursuiveurs n’existent pas. Seule existe la Poursuite.
-Qui l’a lancée ? Qui la commande ?
-La peur. Votre propre peur.
Des scènes mémorables en image
Eric Henninot poursuit son ambitieux travail d’adaptation du roman culte d’Alain Damasio, « La Horde du Contrevent » avec un deuxième volume qui se révèle d’aussi bonne facture que le premier. Alors que « Le cosmos est mon campement » servait essentiellement à planter le décor et à introduire les (nombreux) personnages, cet album-ci est consacré à un moment particulièrement mémorable du roman : la rencontre entre la Horde et l’Escadre frêle, troupe d’itinérants festifs voyageant à bord d’énormes vaisseaux volants. Pas question toutefois de profiter de ce moyen de locomotion pour se rapprocher de leur objectif : toutes les hordes se voient contraintes d’obéir à un code et de ne progresser qu’à pied, en contrant ensemble les vents incessant qui balayent ce monde jusqu’à atteindre leur destination : l’Extrême-Amont. Toutefois, après toutes les épreuves récemment traversées et la perte douloureuse de l’un d’entre eux, la Horde a bien mérité quelques jours de repos. A condition que l’escadre les ramèneront exactement là où ils les ont trouvé, l’intraitable Golgoth accepte de passer quelques jours à bord afin de se réapprovisionner et de profiter d’un peu de repos afin de planifier la suite de leur voyage qui s’annonce extrêmement périlleux. En dépit de l’ambiance festive qui règne parmi les Fréoles, plusieurs membres de la Horde ne sont toutefois pas tranquilles, à commencer par le philosophe du groupe, Sov, qui craint un piège. Paranoïa ou lucidité ? Toujours est-il que nos Hordiers vont se retrouver confrontés à des épreuves qu’ils n’avaient pas anticipés… Le premier album était une réussite, quand bien même l’artiste avait pris un certain nombre de libertés (compréhensibles) pour rendre le décor et l’histoire plus abordable au lecteur qui, dans le roman, bénéficiait d’un chemin moins « balisé ». Le deuxième volume, lui, est une adaptation parfaitement fidèle à mon souvenir de cet épisode qui, bien que découvert il y a maintenant bien des années, n’en demeure pas moins vivace dans ma mémoire.
Conflits et cohésion au sein de la Horde
C’est donc avec un immense plaisir que l’on renoue avec tous les membres de la Horde, mais aussi que l’on revit en image quelques unes des scènes les plus fortes du roman : le contre de la Horde face aux hélices de l’escadre, le jeu du flambeau, le duel entre Erg et le Poursuiveur, la découverte de la flaque de Lapsane… Eric Henninot distille par petites touches un certain nombre d’éléments qui permettent au lecteur de progressivement se faire une idée du fonctionnement de l’univers dépeint ainsi que des enjeux concernant la réussite ou l’échec de cette horde. On découvre, par exemple, qu’il existe différents courants qui s’affrontent à Aberlass, la cité d’origine des personnages, où tous ne sont pas convaincus de l’intérêt ou des méthodes employés depuis des siècles par les Hordiers. Comme le roman, l’album reste cela dit essentiellement centré sur les personnages, aussi est-ce sur eux que nous en apprenons le plus dans ce deuxième album. C’est le cas notamment de Golgoth, dont on découvre la manière dont il a été sélectionné pour prendre la tête de la Horde, mais aussi de Caracolle, dont on comprend les origines, ou encore de de Callirhoé. La détresse de cette dernière, confrontée à un impossible dilemme, est d’ailleurs extrêmement touchant, de même que la solidarité que lui témoigne la Horde dont l’artiste parvient à nous faire pleinement ressentir la cohésion, même lorsque la tension est au plus forte entre certains membres du groupe. Si tous les personnages demeurent incroyablement attachants, la figure de Golgoth reste sans aucun doute la plus marquante tant le personnage parvient à susciter à la fois détestation (par son intransigeance confinant à la folie et son absence totale d’empathie) mais aussi l’admiration en raison de sa ténacité et son courage. Sov reste pour sa part au centre de l’intrigue et parvient aisément à susciter l’affection du lecteur par ses doutes, sa volonté de bien faire et le souci qu’il porte aux autres membres. Les dessins sont quant à eux atypiques mais réussis et collent parfaitement à l’ambiance du livre, même si ce n’est pas forcément ainsi que je me représentais les personnages, leurs parures, ou encore certains éléments du décor.
Avec ce deuxième album consacré à l’adaptation de l’œuvre de Damasio, Eric Henninot met en scène de manière fidèle et efficace la rencontre mémorable entre les Hordiers et l’escadre frêle. On parvient désormais à cerner un peu plus les contours de l’univers, quant au lien créé entre les personnages et le lecteur, il demeure ici toujours aussi fort. Le troisième tome devrait être consacré, entre autre, à la traversée de la flaque de Lapsane (dont nous avons déjà un glaçant aperçu ici) : un autre moment emblématique du roman que j’ai hâte de voir illustré !-
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