Le Château des Etoiles, volume 3 : Les Chevaliers de Mars
Titre : Les Chevaliers de Mars
Série : Le Château des Etoiles, volume 3
Auteur : Alex Alice
Dessinateur: Alex Alice
Éditeur : Rue de Sèvres
Date de publication : 2017 (avril)
Synopsis : Séraphin et ses amis sont de retour sur Terre. Après avoir révélé au monde le secret du voyage spatial, ils ont trouvé refuge dans un manoir breton. Mais leur engin volant est désormais l’objet de toutes les convoitises ! Alors que le père de Séraphin est en voyage à Londres, le manoir est cerné par des brumes lourdes de menaces… Spectres, ou espions prêts à tout pour mettre la main sur le précieux engin ? Nouvelles machines, complots internationaux, têtes couronnées, expéditions au-delà de l’espace… La course à l’éther est lancée, et la paix sur Terre est désormais entre les mains de Séraphin et des Chevalier de Mars !
Quand vous contemplerez la planète Mars comme aucun homme avant vous, pensez à votre gloire. Vous l’aurez méritée.
Mais surtout, pensez à votre patrie. Pensez que vous fondez un empire… Un empire à travers les étoiles. Qui osera encore se dresser contre nous ?
Après être revenus de leur rocambolesque périple lunaire, Séraphin, Sophie, Hans et leurs compagnons se préparent à prendre de nouveau leur envol, cette fois-ci vers la mystérieuse planète mars sur laquelle semblerait se trouver le roi de Bavière Ludwig qui les avait accompagné dans ce premier voyage. Afin de mieux préserver le secret de la puissante éthérite, une énergie nouvelle découverte sur la Lune, les explorateurs ont à leur retour décidé de partiellement dévoiler leurs découvertes à la communauté internationale. Pourquoi s’être montré si loquace ? Pour contrer, bien-sûr, les projets conquérants intersidéraux de Bismarck. De même que la conférence de Berlin de la fin du XIXè lançait la course aux conquêtes coloniales africaines, la divulgation du secret de la construction du moteur à éther lance les grandes puissances européennes dans la conquête spatiale, toujours en 1870. L’équipage de Séraphin continue dans le feutré de préparer son voyage, caché en Bretagne tandis que le professeur Dulac se rend à Londres pour officialiser la naissance d’une Communauté internationale de l’éther. C’est sans compter sur une attaque des Prussiens, qui s’emparent du scientifique pour mieux lancer leur propre mission martienne et y planter, les premiers, leur drapeau.
Quel plaisir que de se replonger dans l’univers imaginé par Alex Alice. Après un brillant premier diptyque contant les aventures des chevaliers de l’éther, nos audacieux personnages passent au niveau supérieur et se métamorphosent en Chevaliers de Mars. Le scénario suit la piste qui avait été lancée à la fin du second volume. Les aventuriers se sont donc installés en Bretagne et connaissent une brève accalmie dans le rythme trépidant de leurs péripéties. Si cette accalmie est brève, elle permet de mieux réinstaller le contexte de l’histoire. Aussi le départ de ce troisième volume se veut plus calme que l’entrée en matière d’il y a trois ans. Cela peut surprendre un peu tant l’on s’attend à se retrouver plonger dans l’action dès l’introduction. Attention, ce répit est de courte durée et n’est finalement pas dommageable au récit : le rythme va crescendo pour ne plus jamais retomber. L’humour est une fois encore omniprésent mais à doses homéopathiques pour ne pas empiéter sur le reste. De la confection des crêpes, Bretagne oblige, mais à la sauce gravité zéro, en passant par les frasques de Hans, le bout-en-train de la bande, le Château des Etoiles happe le lecteur autant qu’il le fait sourire. Alex Alice se permet même de faire quelques petites incursions dans les légendes bretonnes en évoquant l’Ankou, sorte de Charon breton. Peu connaisseur de la littérature consacrée à la planète Mars (Ray Bradburry, H.G Wells ou encore Edgar Rice Burroughs pour les plus connus), je ne me risquerais pas à tenter d’établir de lien quelconque avec le travail d’Alex Alice. Quelques références cinématographiques néanmoins m’ont parues pertinentes quant à certaines scènes de cet album : Mission to Mars, à la rigueur et pour l’ambiance à venir peut-être, Seul sur Mars, ou le meilleur du lot, Solaris de Dann Boyle (enfin, pour un élément en particulier). Même si l’on s’éloigne de la Lune, ne vous y trompez-pas, Le Château des Etoiles reste imprégné de l’univers Vernien, même si l’écrivain nantais ne s’y est pas aventuré.
Miyazaki ne s’est pas non plus aventuré sur Mars dans aucun de ses longs-métrages, mais l’univers graphique du Château des Etoiles en reste toujours autant imprégné, tant dans le traitement de la douceur des couleurs appliquées à l’aquarelle, que par les traits légèrement japonisants des protagonistes. Envoûté par la beauté des deux premiers volumes, Alex Alice était évidemment attendu au tournant avec la venue ce nouvel album. Mais en même temps, y avait-il la moindre raison de s’inquiéter ? Certes non. Une nouvelle fois, le travail d’Alice au dessin est une splendeur. Des dessins en pleine page peut-être moins nombreux, mais des cases étendues sur des moitiés de pages beaucoup plus présentes. La couleur rouge, de Mars évidemment, mais couleur de façon permanente associée aux Prussiens, est d’ailleurs assez récurrente dans ce volume pour des contrastes du plus bel effet. Mais que dire donc ? Les personnages sont toujours aussi réussis, leurs visages toujours aussi doux et expressifs, la Bretagne, bien qu’aperçue, aura sans doute rarement été aussi belle dans une bande-dessinée, et les scènes spatiales sont toujours aussi géniales. Les éthernefs façon steampunk sont eux aussi extraordinaires. Le découpage de l’album, enfin, contribue, comme précédemment, à cette sublime orchestration, avec une multiplication des vues en contreplongée avec, parfois, une superposition de plans qui accentue le grandiose des scènes.
Malgré un début un chouïa mollasson sur quelques pages (ce n’est qu’un avis, n’allez pas lancer l’hallali), Le Château des Etoiles brille à nouveau par la richesse hypnotique de son dessin, de ses couleurs, par le rythme palpitant et intrigant de son récit. Faudra-t-il encore attendre encore une longue année pour lire la suite… ?
Voir aussi : Volume 1 ; Volume 2
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