Jeunesse - Young Adult

Le Château des Etoiles, volume 2 : 1869 – La Conquête de l'Espace

Titre : 1869 – La Conquête de l’espace
Série : Le Château des Etoiles, volume 2
Auteur : Alex Alice
Dessinateur: Alex Alice
Éditeur : Rue de Sèvres
Date de publication : 2015 (septembre)

Synopsis : Nos héros, qui ont échappé de justesse aux hommes de Bismarck en embarquant dans l’éthernef, voient le château s’éloigner sous leurs yeux au fil de leur montée dans le ciel. Les voici sur le point de prouver leur théorie, franchir le mur de l’éther et découvrir l’espace mystérieux et infini. Une avarie va faire de leur rêve le plus fou une réalité, les forçant à se poser sur la face cachée de la Lune. Si le père de Séraphin fera tout pour les ramener vivants sur Terre, le Roi semble caresser d’autres espoirs tandis que Séraphin, lui, veut en savoir plus sur la disparition de sa mère. La conquête de l’espace s’arrêtera-t-elle à ce premier vol ?

-Je ne reconnais rien du tout ! Où sont les frontières ?
-Dans nos têtes je suppose.
-Ah non ! Parle pour toi ! Je n’ai rien en commun avec un tyrolien ou un autrichien ! Tu as vu comment ils s’habillent ?

Un an après la parution du premier volume relié, paraissait enfin la suite des aventures de Séraphin qui lançaient en 1869 les premiers pas de la conquête spatiale. A la façon du précédent opus, les chapitres avaient préalablement été publiés sous forme de gazette, comme pour donner davantage de tangibilité au récit. A l’occasion de la sortie toute récente du premier volume du second cycle du Château des Etoiles, retour sur la conclusion du premier diptyque.

Séraphin et ses comparses s’envolent vers d’autres cieux! C’est à ce moment précis que s’achève le premier volume du Château des Etoiles d’Alex Alice. Les projets du roi de Bavière de s’en aller percer les secrets de l’éther à bord de l’éthernef conçu par le père de Séraphin sont mis au jour par le chambellan du roi, espion à la solde de Bismarck. Seulement, ce départ, sur fond de Wagner et de feux d’artifices a lieu plus tôt que prévu et la destination du voyage semble bien incertaine. Poussée par la puissance insoupçonnée des moteurs à éther et alors qu’un précieux instrument manque à bord, le curieux équipage arrive bientôt en vue de la lune, sur laquelle ils n’ont apparemment guère d’autre choix que de s’échouer. C’est donc sur une lune pleine de mystères, abreuvés par les lectures du jeune Hans, dont les rêveries du baron Münchhausen, que se déroule l’aventure de ce second volume. Bientôt cependant, les objectifs des personnages diffèrent et l’aventure prend un autre tour.

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Si j’avais été envoûté par les charmes du premier volume, je ne suis pas moins enchanté par la fin de ce premier diptyque. Les aventures sélénites de nos chevaliers de l’Ether, puisque c’est ainsi qu’ils se nomment eux-mêmes, pousse l’onirisme plus loin encore qu’auparavant. L’univers d’Alex Alice est toujours profondément marqué, et c’est tant mieux, par les écrits de Jules Verne et du baron Munchausen. Ce périple sur la lune n’est évidemment pas sans rappeler le court métrage de George Méliès ou encore, plus proche de nous, les aventures tout autant sélénites de De Cape et de Crocs. A l’instar du premier volume, l’aventure demeure palpitante, plus nimbée de mystères que jamais. Cette envolée ne se fait pas sans oublier pourtant les conflits plus terre à terre qui sévissent sur la planète bleue, avec des répliques bien senties à propos des conflits et des frontières en règle générale. L’humour, déjà bien présent dans la première partie du récit, est un plus présent encore dans ce volume en ne cassant aucunement le rythme. Un seul élément qui vient en réalité mettre un coup de boutoir au rythme, c’est en fait la fin de ce volume en elle-même. Une fin très abrupte qui est la conséquence d’une ellipse un peu gênante, bien que compréhensible. Peut-être cela permet-il mieux, aussi, de lancer les pistes nous indiquant les cieux plus lointains encore que sillonnera Séraphin au cours de son prochain voyage. Parce que oui, les chevaliers de l’Ether reviendront dans de nouvelles aventures.

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Imprégnée de références littéraires multiples pour l’écriture de son scénario, cette revisite de la conquête de l’espace à la façon steampunk est visuellement marquée aussi par l’empreinte d’Hayao Miyazaki. A travers l’esthétique générale du Château des Etoiles (c’est flagrant dans les traits du personnage d’Hans par exemple) et le travail de la couleur. C’est un univers que le maître japonais n’aurait sans doute pas rechigné à créer lui même, loin s’en faut. La comparaison est à mon avis très élogieuse. Le dessin au trait si léger d’Alex Alice et son travail à l’aquarelle font voyager le lecteur vers les sommets de l’onirisme. Ce diptyque figure indéniablement parmi les plus belles bandes dessinées qu’il m’aient été données de lire. Et regarder. D’un bout à l’autre, couvertures inclues, Le Château des Etoiles est magnifique. Qu’il s’agisse des scènes à bord de l’éthernef dans les premières pages où les personnages sont comme pris au piège dans cette structure métallique ou des quelques planches dépeignant encore la Bavière ou la Bretagne, les environnements sont tous sublimes. Que dire encore des paysages intersidéraux et des paysages lunaires tout bonnement grandioses. Alex Alice est au sommet de son art, et le parfait découpage rend le plus bel hommage qui soit à son propre travail. L’approche de l’éthernef de la lune en pleine page, de même que le l’ascension de l’éthernef sur fond de feux d’artifices sont de purs moments de plaisirs visuels. La juxtapositions de cases aux formats originaux, la construction globale donnent un souffle plus épique encore à cette aventure.

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Alex Alice clôt ce premier diptyque d’une façon peut-être un peu abrupte, mais quelle splendide aventure ! On ne peut qu’être avide de dévorer la suite des aventures de Séraphin et des péripéties qui ne manqueront pas de l’accompagner.

Voir aussi :  Volume 1 ; Volume 3

Autres critiques :

Élevé à l'université Kaamelott option Simpson, plus ou moins historien moderniste, geek invétéré (on ne se refait pas). Revenu il y a fort longtemps à la bande dessinée par le manga, et tombé désormais dans la marmite BD-comics-manga, s'essaye à la critique.

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