Jeunesse - Young Adult

Le Château des Etoiles, volume 1 : 1869 – La Conquête de l’Espace

Titre : 1869 – La Conquête de l’Espace
Série : Le Château des Étoiles, volume 1
Auteur : Alex Alice
Dessinateur: Alex Alice
Éditeur : Rue de Sèvres
Date de publication : 2014 (septembre)

Synopsis : Et si la conquête des étoiles avait un siècle d’avance ? 1868. À bord de son ballon de haute altitude, la mère de Séraphin disparaît mystérieusement à la frontière de l’espace. Un an plus tard, une lettre anonyme révèle que son carnet de bord a été retrouvé… Séraphin et son père, échappant de justesse à un enlèvement, suivent la piste du carnet jusque dans les contreforts des Alpes. C’est là, à l’ombre d’un château de conte de fées, que le roi Ludwig de Bavière a entrepris la construction d’un engin spatial de cuivre et de bois qui s’apprête à changer le cours de l’Histoire.

Père ? Le ciel n’est pas l’océan Séraphin… Il n’y a pas d’île, pas de refuge pour les naufragés… Je le sais…

L’exposition consacrée au Château des Étoiles était cette année l’une des attractions du Festival d’Angoulême. Il faut dire que la saga éponyme, l’œuvre d’Alex Alice (Le Troisième Testament ; Siegfrid), connaît un beau succès. Le premier volume du second cycle vient à peine de rejoindre les présentoirs de nos librairies dans son bel écrin rouge. Aussi est-il grand temps de revenir par le biais de deux critiques successives sur le premier cycle du Château des Etoiles, qui nous plonge dans un récit d’aventures fantastique.

Le XIXè siècle est le temps de l’industrie et du progrès. A l’origine de cette révolution industrielle se trouve l’invention de la machine à vapeur. Non content de cette seule prouesse, Claire Dulac, elle, entend bien résoudre les mystères de l’éther et rendre possible l’utilisation de cette énergie céleste. Dans ce but, elle s’élance, alors que la tempête se lève, à la conquête du ciel dans son ballon. Son mari et son fils, Séraphin, tentent bien de l’en convaincre, mais déjà elle s’élève. Elle ne reviendra jamais. Deux années plus tard, une missive étrange en provenance de Bavière parvient à Séraphin et son père, installés à Lille. Le mystérieux expéditeur de la missive prétend avoir mis la main sur le journal de bord de l’exploratrice et les invite à le rejoindre. A peine arrivés à la gare, deux moustachus bien empressés et au fort accent, tentent d’empêcher le départ de Séraphin et de son père vers la Bavière. L’aventure est lancée !

Le contexte historique est bien celui de la révolution industrielle, mais c’est en outre celui des mouvements nationaux à travers l’Europe et entre autres au sein de l’espace germanique que le Premier Ministre prussien Bismarck entend bien unifier sous la domination prussienne. Alex Alice construit ainsi son récit autour d’une situation historique véritable et très intéressante en saupoudrant le tout d’une belle dose de Jules Verne. L’imaginaire de l’auteur nantais est en effet au cœur de l’univers d’Alex Alice dans cette saga. Difficile de ne pas penser à Cinq Semaines en Ballon, au Tour du Monde en quatre-vingt jours, ou à De la Terre à la Lune lorsque l’on parcourt d’un œil assidu Le Château des Etoiles. C’est pour le meilleur, évidemment. Progrès techniques, technologiques, scientifiques, attirance de l’espace sont au cœur de l’histoire. Les luttes politiques entre les différents États allemands émaillent le tout d’un soupçon d’espionnage et de sombres projets politiques. Il en ressort un récit haletant et prenant dans lequel Alex Alice parvient à maintenir autant de mystère que de suspens pour tenir son lecteur. Son jeune lecteur. Le Château des Etoiles est effectivement bien souvent cantonné aux rayons jeunesse des librairies. Il est vrai que le récit, est avant tout mené par les aventures du jeune Séraphin et des amitiés qu’il se forge dès lors qu’il est arrivé en Bavière. L’humour est aussi bien présent. Le Château des Etoiles est pourtant loin de se limiter à un jeune public : tout le monde y trouvera son compte, tant l’amateur de récits d’aventure que d’uchronie (c’est la conquête spatiale qui commence 82 ans avant Tintin, quand même! Et un peu plus encore pour la conquête spatiale, la vraie), ou de steampunk. Ceux, aussi, qui apprécient l’univers d’Hayao Miyazaki, parce qu’il flotte sur certains moments de ce premier volume une ambiance faisant écho aux films d’animation Le Chateau dans le ciel (les scènes d’introduction par exemple) ou de Le Vent se Lève.

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L’influence de Miyazaki se retrouve aussi peut-être dans les couleurs de cet album. Le premier attrait d’une BD réside sans doute avant tout dans son dessin. Qui n’a jamais flanché pour un album après en avoir vaguement regardé quelques planches? D’un point de vue purement artistique, Le Château des Etoiles est un chef d’œuvre, ni plus ni moins. Il est d’abord la preuve qu’Alex Alice dessinateur n’est pas enfermé dans un style unique. C’est là très différent de Siegfried, par exemple. Porté par une quasi absence d’encrage, le travail presque direct à l’aquarelle est simplement sublime. Des couleurs douces qui nimbent les paysages des forêts bavaroises de mystère et qui soulignent les émotions simples et sans ambiguïté des personnages. Cela n’empêche en rien la précision du dessin, tant sur les personnages que sur les architectures. On ne peut que s’attarder sur la très grande majorité des planches de cet album, dont quelques presque doubles pages grandioses. Le lettrage à la main dans des styles différents ne peut que renforcer l’immersion dans cet univers captivant. Le Château des Etoiles fait partie de ces ouvrages que l’on pourrait prendre sans autre intention que de le regarder sans rien lire.

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La Conquête de l’Espace installe les prémices d’une aventure qui s’annonce aussi belle que captivante. Rythmée, intrigante et magnifiquement illustrée, cette première partie du voyage est menée de main de maître. La critique du second volume ne saurait tarder, et le voyage promet d’être encore palpitant.

Voir aussi : Volume 2 ; Volume 3

Autres critiques : Yaneck Chareyre (Chroniques de l’Invisible)

Élevé à l'université Kaamelott option Simpson, plus ou moins historien moderniste, geek invétéré (on ne se refait pas). Revenu il y a fort longtemps à la bande dessinée par le manga, et tombé désormais dans la marmite BD-comics-manga, s'essaye à la critique.

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