Science-Fiction

Shangri-La

Titre : Shangri-La
Auteur : Mathieu Bablet
Éditeur : Ankama
Collection: Label 619
Date de publication : 2016 (septembre)

Synopsis : Dans un futur lointain de quelques centaines d’années, les hommes vivent dans une station spatiale loin de la Terre et régie par une multinationale à qui est voué un véritable culte. En apparence, tout le monde semble se satisfaire de cette « société parfaite ». Dans ce contexte, les hommes veulent repousser leurs propres limites et devenir les égaux des dieux. C’est en mettant en place un programme visant à créer la vie à partir de rien sur Shangri-La, une des régions les plus hospitalières de Titan, qu’ils comptent bien réécrire la « Genèse » à leur façon.

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Note 5.0

On travaille pour Tianzhu qui, en contrepartie, nous paye avec des crédits Tianzhu, que l’on utilise pour acheter des produits Tianzhu, ce qui leur permet de nous payer. La boucle est bouclée ! Et si on pas assez d’argent, il suffit de faire un crédit la consommation auprès de Tianzhu ! Y a rien qui te gêne ?

Orbite terrestre, quelques siècles dans le futur, la planète bleue devenue inhabitable, usée et abusée, les reliefs de l’humanité sont rassemblés dans une station spatiale bâtie et dirigée par la multinationale Tianzhu. Tous vivent pour et par Tianzhu. Mais tous ne s’en rendent pas compte. Ceux qui s’en rendent compte, eux, s’organisent et protestent. Les dérives scientifiques sont pointées du doigt, la folie surtout qui pousse les savants à jouer à Dieu en cherchant à créer une nouvelle espèce humaine destinée à habiter les plaines de Shangri-La sur Titan.

Telle est la toile sur laquelle sur laquelle Mathieu Bablet, scénariste, dessinateur, coloriste, jeune avec ça, tisse son récit. Un album de plus de 200 pages de science-fiction mené de mains de maître de l’entame à la fin. Commençons néanmoins par ce qui est à mon sens le seul point négatif, encore que cela soit purement personnel. Les protagonistes humains (il y aurait donc des non-humains ?), manquent parfois de charisme et leur visages sont assez semblables, ce qui peut amener à les confondre parfois au début du récit. Voilà qui est fait. Ce qui n’empêchera pas la note maximale, disons le d’emblée.

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Le récit n’en est pas moins, et loin de là, passionnant. Cette humanité future n’est finalement qu’un proche reflet de la notre par son individualisme et son consumérisme sans borne, et à part Scott et quelques autres personnages, plus personne n’y voit goutte. Les produits Tianzhu se suivent tous les six mois et se ressemblent, ce qui n’empêche pas le quidam de l’espace de se précipiter au Tianzhu Store. Cela ne vous rappelle rien ? Parce que oui, Shangri-La et sa société, c’est aussi bourré de références bien connues qui exacerbent ce sentiment que le monde raconté par Mathieu Bablet n’est sans doute pas si lointain. On y voit même un chat fameux avec un arc-en-ciel qui lui sert de réacteur (devinez donc d’où il sort). Enfin, Shangri-La raconte aussi les tensions ethniques ou raciales, puisque le mot convient ici ; l’oppression, les violences de la majorité sur la minorité, rendue responsable de tous les maux. Et puis aussi, finalement, rajoutons-en, la violence sur les animaux est aussi contée dans ces pages.

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Si ce travail d’écriture est tant ambitieux que minutieux, l’on frise avec la partie graphique le merveilleux. Mathieu Bablet a effectué un travail titanesque. De la couverture, sublime, à la dernière page, le jeune auteur immerge le lecteur dans un univers qui fourmille de mille de détails dans l’intérieur et sur l’extérieur de la station. Grandiose. En intérieur, le choix de la monochromie toute en nuances de tons règne autour, principalement, des couleurs primaires. Les scènes dans le vide intersidéral sont également sublimes, avec une impression de vide parfaitement rendue, et ne sont pas sans rappeler, dans leur atmosphère, 2001: L’Odysée de l’Espace, Gravity ou Interstellar (tous très différents vous en conviendrez). Le travail sur la lumière, la taille supérieure des vignettes magnifient l’impression d’immensité. Un dernier mot sur cette très belle édition de la collection Label 619 avec ce dos toilé du plus bel effet.

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Shangri-La est en compétition au Festival d’Angoulême 2017 et sa place paraît on ne peut plus justifiée lorsque la lecture de cet album s’achève et que l’on ne peut que constater le travail d’orfèvre réalisé par Mathieu Bablet. Très certainement l’un des plus beaux ouvrages du cru 2016 de la bande dessinée.

Autres critiques : Yaneck Chareyre (Chroniques de l’Invisible)

Élevé à l'université Kaamelott option Simpson, plus ou moins historien moderniste, geek invétéré (on ne se refait pas). Revenu il y a fort longtemps à la bande dessinée par le manga, et tombé désormais dans la marmite BD-comics-manga, s'essaye à la critique.

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