Fantasy

Les Sentiers des Astres, tome 2 : Shakti

Les sentiers des astres 2 Shakti

Titre : Shakti
Cycle : Les Sentiers des Astres, tome 2
Auteur : Stefan Platteau
Éditeur : Les Moutons Électriques
Date de publication : 2016 (mai)

Synopsis : Sept hommes, une femme et une enfant. Ce sont les derniers compagnons qu’il reste au barde Fintan Calathynn pour mener à bien la quête du Roi-diseur, à travers une forêt boréale plus menaçante que jamais. Neuf survivants aux abois, retranchés dans la grotte des Teules, encerclés par l’ennemi. À l’heure où la gabarre livre ses derniers secrets, et où les arbres tremblent de la colère des géants, les fugitifs devront jouer cartes sur table et révéler les ombres issues de leur passé. À commencer par l’énigmatique Shakti… Poursuivant l’exploration entamée avec Manesh (prix Imaginales 2015), le deuxième volet des Sentiers des Astres mêle une fois encore expédition épique dans un Nord fantastique et récit de vie intimiste de l’un des personnages. Un deuxième tome au féminin.

Note 5.0
 
Coup de coeur

Croque, craque, mords et ronge !
Griffes d’ébène et crocs de fer,
Parfum de tombe et patte en pierre,
A l’heure où les ombres s’allongent.

Souffle, racle, grogne et gronde !
Gueule saisit, mâchoire enserre,
S’offre la chair au croque-cerf
La mort qui rôde dessous l’onde.

Je plie bliaux sur mes genoux
J’incline front, et ploie le cou
Pour saluer comme il se doit
L’ourse seigneur de ce bois.


Après le succès amplement mérité de son premier roman, Stefan Platteau renoue avec l’univers des « Sentiers des astres » à l’occasion d’un second volume qui met enfin un terme à l’insoutenable attente dans laquelle nous avait plongé le final de « Manesh ». L’auteur opte à nouveau pour une double narration, donnant ainsi la parole à deux des neuf membres restants de l’expédition du capitaine Rana parti vers le Nord en quête de l’oracle connu sous le nom de Roi-diseur. Le premier reste Fintan Calathynn, second du capitaine et surtout barde, gardien du « vrai dire » habile à manier les mots aussi bien que les notes. Le second, par contre, n’est plus le Bâtard de Marmach qui nous avait fait don de son histoire dans le premier tome mais la Courtisane, personnage au moins aussi énigmatique que l’être solaire. Si on pouvait reprocher au premier tome une certaine lenteur, ce deuxième opus démarre sur un rythme beaucoup plus nerveux qui ne faiblira que rarement tout au long des quelques trois cent pages que compte le roman. Dans la première partie, on suit avec un mélange d’inquiétude et d’émerveillement la fuite éperdue de nos neuf compagnons, pourchassés par des créatures d’un autre temps dans une forêt tellement chargée d’histoire et d’étrangeté qu’elle en devient presque un personnage à part entière. Et quel personnage ! L’auteur puise cette fois encore son inspiration dans différentes mythologies qui donnent davantage de profondeur et de complexité à son univers qu’il nous dévoile par petites touches.

Arrivé au premier tiers du roman, le récit du Barde se fait d’ailleurs tellement prenant qu’on éprouve quelques réticences à s’en écarter pour se plonger dans l’histoire de la Courtisane, personnage qui a pourtant le don d’éveiller la curiosité du lecteur depuis le début. Et puis, en à peine quelques pages, la conteuse nous prend à son tour dans sa toile et ne nous lâchera plus avant la toute dernière ligne : « Vous attendez donc que je vide mon sac. Le récit des fautes et des plaintes de la putain. Très bien. Vous allez être servis ! Je ne promets pas d’avoir honte. Je vais faire ce que je fais le mieux : me livrer sans pudeur. Conter pour le bon plaisir des hommes… » La voilà donc qui réveille pour son auditoire les souvenirs de son enfance sur l’île de Fintami : les heures passées dans le Lempio, la grande forêt jouxtant le domaine de sa mère ; sa connexion profonde avec les esprits peuplant ces bois ; sa rencontre décisive avec le beau mais orgueilleux Meijo ; leur épique lutte contre la Croque-carcasse… Le récit de la Courtisane se fait aussi captivant que celui du Bâtard de Marmach et c’est avec frustration que l’on comprend qu’il faudra patienter davantage avant de la voir révéler tous ses secrets ainsi que les raisons qui l’ont conduites à se joindre à l’expédition sur le Vyanthryr. Outre l’intérêt porté à l’intrigue et aux différents personnages, le charme du roman repose en grande partie sur le soin que l’auteur apporte à son écriture qui se distingue très nettement par son raffinement et sa puissance évocatrice (le rapprochement avec un autre auteur comme Jaworski est à ce titre assez tentant).
Avec « Shakti » Stefan Platteau signe un deuxième tome encore plus abouti que le premier qui ne fait que confirmer son talent. C’est avec regret que l’on s’arrache à cet univers foisonnant porté par une plume d’une grande finesse et incroyablement immersive. Les visions du barde entonnant son Chant afin de gagner la forêt à sa cause, du combat contre les guerriers de l’Hermine ou de la cité aérienne des Teules sont de celles qui vous resteront longtemps en tête…

Voir aussi : Tome 1 ; Tome 3 ; Tome 4 ; Tome 5 ; Dévoreur

Autres critiques : Blackwolf (Blog-O-Livre) ; Célindanaé (Au pays des cave trolls) ; Elhyandra (Le monde d’Elhyandra) ; Gillossen (Elbakin) ; Joyeux Drille (Appuyez sur la touche lecture) ; Moglug (Synchronicité et Sérendipité) ; Xapur (Les lectures de Xapur)

Passionnée d'histoire (surtout le XIXe siècle) et grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement) mais aussi d'essais politiques et de recherches historiques. Ancrée très à gauche. Féministe.

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