Je crois que chevalerie y sera (nouvelle)
Titre : Je crois que chevalerie y sera
Auteur : Anne Fakhouri
Éditeur : L’Atalante
Date de publication : 2014
Synopsis : Pour cette troisième édition de la Décade de l’Imaginaire, laissez-vous envoûter par les textes courts des auteurs que nous publions.
Étrange ? Mais n’est-ce pas ce que Lancelot préfère, s’installer dans le cœur de ceux qui l’aiment au premier regard puis repartir ? Et leur laisser la froideur de la pierre et de l’attente…
Pour mettre en avant les auteurs qu’ils publient depuis un certain temps, les éditions L’Atalante profitent de leur opération annuelle de la Décade de l’Imaginaire pour proposer des nouvelles numériques gratuites, pas forcément issues de leur propre catalogue. Ainsi, Je crois que chevalerie y sera est une bonne façon d’aborder l’écriture d’Anne Fakhouri, même si cette nouvelle a d’abord été publiée dans l’anthologie Lancelot de chez les éditions ActuSF.
Je crois que chevalerie y sera est une nouvelle qui, comme son titre l’indique, met en lumière la chevalerie dans toute sa splendeur ainsi que dans ses travers bien connus, thème qu’Anne Fakhouri a aussi fouillé dans une nouvelle comme Ce que chuchotait l’eau, par exemple (dans Et d’Avalon à Camelot). Cela se lit de manière très fluide, car c’est écrit à la fois dans un vocabulaire simple et dans une forme qui imite relativement bien les récits de la tradition issue de Chrétien de Troyes – le lecteur peut en ressentir les rythmes et les implicites. Bien sûr, nous avons le voyage, la quête qui le justifie et maintient sa cohérence, et enfin la découverte qui permet de ne pas rentrer bredouille. Nous suivons avant tout Gauvain sur la piste de Lancelot, mais nous croisons en chemin Morgaine, Bohort et consorts, avec peut-être bien même une métaphore de Perceval à peine voilée.
Eu égard au thème de l’anthologie dans laquelle cette nouvelle a d’abord été publiée, l’auteur y théorise quelque peu les différentes versions de Lancelot : preux chevalier, pur chrétien, ami de référence, mais aussi volage, fuyard, solitaire, etc. Sans expliquer vraiment ce qu’est cette « Brume » qui permet tout cela, Anne Fakhouri utilise cet artifice pour faire varier la personnalité du Lancelot de base à travers le temps, l’espace et l’esprit. La mise en abîme finale est sympathique, mais la résolution fait un peu trop réglée à la va-vite, alors que l’idée du personnage prenant vie aurait pu être plus porteuse.
Dans tous les cas, l’auteur cultive, à mon humble avis, le sensible, pas ce que nous pouvons sentir et toucher, mais plutôt ce que nous pouvons sentir et ressentir. Et que ce soit du point de vue de l’enfant ou du point de vue de l’amour sous toutes ses formes, Anne Fakhouri le fait très bien.
Autres critiques : Baroona (233°C)