Fiction historique

Journal des années de poudre

Journal des années de poudre

Titre : Journal des années de poudre
Auteur : Richard Matheson
Éditeur : Denoël (collection Lunes d’encre)
Date de publication : 2003

Synopsis : Après plusieurs années durant lesquelles leurs routes ne se sont pas croisées, le journaliste Frank Leslie rencontre par hasard son ami Clay Halser dans un saloon. Clay est une véritable légende de l’Ouest, la presse l’a surnommé « le Prince des Pistoliers ». Il a survécu à la guerre de Sécession, a été hors la loi un temps, marshal fédéral ensuite, avant de sombrer dans le désespoir et le jeu. À peine âgé de trente ans mais usé jusqu’à la trame, Clay n’a plus rien d’un homme ; il ressemble à une créature de la nuit. Alors que Frank est sur le point de demander à son ami quels sont les événements qui l’ont vampirisé à ce point, celui-ci est assassiné, laissant derrière lui une femme qui ne le pleurera pas, une fille de trois ans et un journal — quelques cahiers qui décrivent la vie quotidienne d’un homme confronté à la violence, condamné à payer au prix fort son entrée dans l’Histoire.

Note 4.0

-Nous sommes victimes de notre notoriété. Nous ne sommes plus des humains mais des créations de l’imagination. Les journalistes nous ont dotés de qualités qu’aucun homme ne peut posséder. Nos vies sont écrites sur le sable, Monsieur Halser. Nous sommes des morts-vivants.
Je pense qu’il a raison. Peut-être que ceux qu’on appelle les « professionnels de la gâchette » sont sur le déclin ; peut-être que les virtuoses du revolver qui régnaient sur la frontière ne seront plus, d’ici peu, que le vague souvenir d’une époque de courte durée. Un mort-vivant. Voilà ce que je suis depuis un bon moment.

 

Vous aimez les westerns ? L’Ouest sauvage, les duels aux pistolets et l’ambiance saloon vous font rêver ? Alors vous allez adorer « Journal des années de poudre » de Richard Matheson ! Le roman nous propose de découvrir le destin exceptionnel mais tragique de Clay Halser, personnage fictif devenu l’un des plus célèbres pistoleros de l’Ouest américain de la fin du XIXe siècle. De sa brève existence de soldat pendant la Guerre de Sécession à sa carrière d’homme de loi qui fera sa renommée en passant par ses quelques années d’errance en tant que hors-la-loi, le moins que l’on puisse dire c’est que notre héros aura eu une vie bien mouvementée ! C’est avec beaucoup d’intérêt que l’on suit ses pérégrinations sur le territoire américain et que l’on retrouve tous les moments forts attendus dans n’importe quel western : accrochage avec les Indiens, conflit armé opposant deux bandes rivales dans une petite ville, vendetta sanglante, duels… Pas un ingrédient ne manque et c’est ce qui fait toute la saveur de ce roman que l’on dévore d’un bout à l’autre sans que jamais l’ennui ne vienne pointer le bout de son nez. On en redemanderait presque…

La qualité de l’ouvrage tient évidemment en grande partie à la qualité de la reconstitution historique effectuée par Richard Matheson qui nous immerge totalement dans ce Nouveau-Monde encore sauvage par bien des aspects et qui fait alors figure d’eldorado offrant des opportunités exceptionnelles. L’auteur ne commet toutefois pas l’erreur de nous dresser le portrait d’un Ouest idyllique mais insiste au contraire sur le mirage qu’il représente souvent et sur les difficiles conditions de vie des nombreux pionniers ayant décidé de s’y établir. Le roman montre notamment très bien les difficultés rencontrées par les quelques infortunés chargés de faire respecter la loi dans des villes ou des forts habitués depuis leur création à s’auto-gérer et abritant une population très hétérogène comprenant quantité de hors-la-loi. L’intérêt du roman tient aussi à la réflexion approfondie de l’auteur sur la notoriété et les ravages qu’elle peut causer. Au-delà de l’histoire de Clay Huster on devine bien sûr celles des véritables héros de la conquête de l’Ouest, de Calamity Jane à Billy the Kid, à propos desquels il est devenu impossible de distinguer où commence l’être de chair et où finit la légende.

 

Richard Matheson signe avec « Journal des années de poudre » un excellent roman qui comblera tout amateur de western qui se respecte. L’occasion de découvrir plus en détail ce à quoi pouvait ressembler la vie dans les territoires sauvages de l’ouest américain et surtout de découvrir le sort tragique réservé aux plus grandes légendes de l’époque. Rentrer dans l’histoire a un prix…

 

Vous aimerez aussi : Goodbye Billy de Laurent Whale (roman). La vie aventureuse de celle que l’on nommait Calamity Jane de Christian Perrissin et Matthieu Blanchin (bande dessinée)

Autres critiques : Yossarian (Sous les galets, la page)

Passionnée d'histoire (surtout le XIXe siècle) et grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement) mais aussi d'essais politiques et de recherches historiques. Ancrée très à gauche. Féministe.

Aucun commentaire

  • lorhkan

    C’est une conspiration, je vois apparaître de plus en plus de critiques sur des romans westerns… Et avec un auteur comme ça à la manoeuvre, je suis forcément intrigué…
    Bravo, ça fait un livre de plus à noter dans un coin, ils commencent à être surchargés mes coins ! 😀

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