Melvile, tome 1 : L’histoire de Samuel Beauclair
Titre : Melvile, tome 1 : L’histoire de Samuel Beauclair
Scénariste et Dessinateur : Romain Renard
Éditeur : Le Lombard
Date de publication : 4 octobre 2013
Synopsis : Après un premier roman, Samuel Beauclair s’installe à Melvile dans une maison ayant appartenu à son père, lui-même romancier. En proie à une dépression créative et amoureuse, il ne parvient plus à écrire. Il espère trouver dans les lieux de son enfance une nouvelle sérénité, loin des noirceurs du passé. A la suite d’une double rencontre, celle des frère et soeur, Rachel et David, Samuel ouvrira des portes trop longtemps restées closes. Mais c’était sans compter qu’ici, à Melvile, certains démons, certaines légendes prennent chair et corps bien plus facilement qu’ailleurs…
– Les fins sont souvent tristes, c’est un truc d’écrivain…
– Les débuts sont toujours plus excitants…
Melvile, son lac, sa forêt, son ambiance onirique.
Romain Renard tente, avec ce Melvile, de nous raconter « l’histoire de Samuel Beauclair », un auteur en mal d’inspirations, en dépression chronique et en manque affectif malgré la présence à ses côtés de sa femme enceinte. L’histoire peut rapidement paraître simple, mais l’auteur réussit à compliquer les choses vers le milieu de l’ouvrage et nous embarque dans un tourbillon onirique des plus troublants. Difficile d’en dire davantage sur ces rencontres, la légende et le reste sans spoiler.
Alors que peut-on trouver à cette histoire simple sans grands rebondissements ? Déjà, dans le scénario, cette simplicité paraît plus honnête que fade : cela sonne donc vrai, et non aseptisé. Dans le dessin, de même, nous ne sommes pas dans du flou artistique, mais plutôt dans de l’onirique et du sombre bien maîtrisé. Tel Le Bleu est une couleur chaude, Melvile se veut honnête et divertissant avec un récit contemporain dans un climat de torpeur automnale. Les graphismes et les couleurs sont en accord avec cette thématique : alternant atmosphères rougeâtres et sombres rêveries, le but est d’installer un décor chatoyant.
L’auteur profite également d’être à la fois scénariste et dessinateur pour y mettre beaucoup de lui-même. Nous pouvons deviner une mise en abîme poignante entre Romain Renard et ce Samuel Beauclair apeuré devant le syndrome de la page blanche. Ses rares relations avec sa femme et sa rencontre avec le duo frère-sœur qui est l’élément déclencheur de l’histoire peuvent renvoyer à beaucoup d’événements possibles dans la vie de l’auteur. Enfin, Romain Renard a choisi de faire de cet ouvrage un pont vers les nouvelles technologies et de créer une application iPad « réalité augmentée » en rapport avec plusieurs de ses planches. Ces ajouts sont de plus en plus courants dans le monde de la bande dessinée et apporte sûrement, même si je n’ai pas pu les tester, des bonus appréciables.
Un roman graphique sûrement très introspectif, donc, sur un romancier en proie à l’angoisse de la page blanche, dans sa vie comme dans son œuvre. Merci aux éditions Le Lombard, à Babelio et à son opération Masse Critique qui m’ont permis de découvrir ce roman graphique ma foi aussi envoûtant que distrayant.
Voir aussi : Tome 2