Fantastique - Horreur

Lune froide sur Babylon

Titre : Lune froide sur Babylone
Auteur/Autrice : Michael McDowell
Éditeur : Monsieur Toussaint Louverture
Date de publication : 2024 (octobre)

Synopsis : À l’aube des années 1980, Babylon est une ville de Floride comme les autres, avec sa chaleur humide et ses pom-pom girls, ses rumeurs et ses superstitions, ses serpents venimeux et ses décès soudains. Mais Babylon abrite aussi une rivière ancienne et sinueuse, l’un des affluents de la Perdido: le Styx. Un cours d’eau au passé trouble qui a déjà marqué la famille Larkin d’un sceau funeste. Alors quand la jeune Margaret Larkin se volatilise, c’est comme si la rivière se mettait à couler à l’envers, et que l’âme des morts souhaitait dévorer l’esprit des vivants. Et tandis que remonte à la surface ce qui n’aurait jamais dû se noyer, une étrange lune se lève au-dessus de la ville, immense et froide, dont la lumière blafarde envahit tout et aveugle victime comme meurtrier, les déchus de Babylon

Chaire de poule garantie !

Initiée en 2022 avec la parution à quelques semaines d’intervalles seulement des six tomes de « Blackwater », la Bibliothèque McDowell s’est depuis bien étoffée avec d’autres romans fleurtant plus ou moins directement avec le fantastique, de « Katie » aux « Aiguilles d’or » en passant par le dernier en date : « Lune froide sur Babylon ». On y retrouve tous les ingrédients qui font le charme des œuvres de l’auteur de « Beeteljuice » : une ambiance inquiétante, une tension permanente et qui va croissante, et des personnages attachants ou vraiment détestables aux prises avec des forces qui les dépassent. L’action se déroule ici dans une petite ville de Floride appelée Babylon. Nous sommes dans les années 1980 et faisons connaissance avec les Larkin, une famille possédant des terres près d’une rivière baptisée le Styx où ils cultivent depuis des décennies des myrtilles. Les affaires sont cependant de moins en moins florissantes et les fins de mois d’autant plus difficiles que les emprunts à rembourser s’accumulent et que, suite à plusieurs drames, ils ne sont désormais plus que trois pour s’occuper de la ferme (la grand-mère et ses deux petits-enfants). La vie des Larkin va tourner encore davantage au drame lorsque Margaret, la plus jeune, est portée disparue, puis retrouvée morte dans le Styx. Pour la grand-mère le coupable ne fait pas de doute : le directeur de la banque de Babylon, trentenaire célibataire mais au passé trouble, entretenu par un père richissime mais sur le déclin. Seulement tout le monde est loin d’être de cet avis, et ce d’autant plus que le jeune homme occupe une position privilégiée dans la bonne société de la ville. Tout ce qui a été savamment dissimulé va toutefois finir par ressurgir alors que la ville semble engluée dans une toile où les notions de temps et d’espace se distordent et où des créatures terribles hantent les nuits de Babylon.

Perfectible mais efficace

On retrouve dans ce roman le même délicieux frisson d’angoisse qu’à la lecture de « Blackwater » ou « Katie ». L’ambiance est inquiétante au possible, avec cette petite maison isolée au milieu de la forêt et cette rivière au nom évocateur qui coule tout près et constitue une menace latente mais parfaitement perceptible. Comme dans « Blackwater » toutefois, l’auteur nous livre quasiment dès le départ les clés de l’énigme, le récit ne reposant pas sur le suspens né de l’incertitude de la nature des événements surnaturels évoqués. On sait donc ici dès le départ ce qui est arrivé à Margaret, qui est le coupable, et il n’est pas difficile de deviner qui est cette créature qui rôde à la lisière de la ville à la recherche de sa proie. Cette absence de suspens n’est pas vraiment préjudiciable au roman, même si celui-ci aurait sans aucun doute gagné à l’entretenir davantage. Connaître la destination n’empêche pas de prendre plaisir au voyage, aussi est-ce avec intérêt que l’on suit les épreuves des Larkin et l’enquête menée par le shérif local pour retrouver le coupable. Le récit est agrémenté par une poignée de sous-intrigues qui mettent en scène des personnages au profil très stéréotypé (la cheerleadeuse populaire, le policier, l’avocat, le professeur…) mais intéressants à suivre. Comme dans la plupart de ses œuvres, McDowell a réparti ses personnages en plusieurs catégories : les victimes sur lesquelles le sort s’acharne, les bourreaux qui semblent prendre plaisir à faire le mal, et ceux, plus nuancés, qui ne sont ni des oies blanches ni des ordures et qui se veulent davantage le miroir de la nature humaine. Encore une fois ce qui pourrait passer pour un défaut n’en est ici pas vraiment un, l’auteur parvenant malgré tout à nous embarquer dans son histoire et à nous faire éprouver de l’empathie pour la plupart de ses personnages. A titre personnel, « Lune froide sur Babylon » reste cependant un cran en dessous des précédents romans de McDowell qui comportaient davantage de rebondissements et dont l’intrigue se révélait un peu plus originale.

C’est toujours avec beaucoup de plaisir que je poursuis ma découverte de la bibliographie de Michael McDowell dont les éditions Monsieur Toussaint Louverture ont entamé il y a peu la republication. Dans « Lune froide sur Babylon », on découvre une petite ville des États-Unis dont le quotidien va se retrouver bouleversé par la disparition d’une jeune fille issue d’une famille déjà très éprouvée. Horreur et fantastique sont une fois encore au rendez-vous de ce roman qui, bien que perfectible, parvient efficacement à inquiéter autant qu’à divertir. Deux nouveaux romans de l’auteur sont annoncés pour 2025, et j’ai hâte de compléter ma collection !

Autres critiques :  ?

Passionnée d'histoire (surtout le XIXe siècle) et grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement) mais aussi d'essais politiques et de recherches historiques. Ancrée très à gauche. Féministe.

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