Le bracelet de jade
Titre : Le bracelet de jade
Autrice : Mu Ming
Éditeur : Argyll
Date de publication : 2024 (septembre)
Synopsis : 1640, treizième année du règne de l’empereur Chongzhen. Alors que la dynastie au pouvoir affronte de nombreux remous, la jeune Chen se rend, accompagnée de son père, à la Foire des Lanternes sur le Mont du Dragon. Émerveillée par mille lumières, Chen s’égare et se retrouve face à un étrange commerçant qui lui offre un magnifique bracelet de jade. Le bijou exerce bientôt une grande fascination sur la jeune fille, au point que ses rêves la projettent dans un monde étrange. Au fil des discussions avec son père, ancien haut-fonctionnaire qui se consacre désormais aux arts de la calligraphie et des jardins, Chen découvrira que les chemins de la vie se tissent autant dans les aspérités du vide que dans les souffles suspendus du temps.
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Politique, jardin et philosophie
Fondées en 2020, les éditions Argyll se sont rapidement imposées sur la scène de l’imaginaire français avec de très bons romans comme « Eutopia » de Camille Leboulanger, « Un pays de fantômes » de Margaret Killjoy ou encore « Un étranger en Olondre » de Sofia Samatar. Quatre ans après leur création les voilà qui se lancent dans une nouvelle collection de petit format, un peu à l’image de ce que peut faire Le Bélial avec ses « Une Heure Lumière ».Il s’agit en effet là aussi de donner leur chance à des formats courts, à la différence près que les plumes mises à l’honneur ici seront exclusivement féminines. L’autrice chargée d’ouvrir le bal est Mu Ming, et il s’agit de son premier ouvrage traduit en français. L’action se passe en Chine, au XVIIe siècle, alors que le pouvoir de l’empereur vacille et que sa dynastie se trouve de plus en plus menacée. C’est dans ce contexte troublé qui va servir de toile de fond à l’intrigue que vit Chen, une jeune fille dont le père fut pendant longtemps un fonctionnaire réputé. Ce dernier semble avoir tourné le dos à la politique et est désormais accaparé par la conception d’un jardin, projet à propos duquel il échange régulièrement avec sa fille.
Une novella bourrée de références
La relation tissée entre Chen et son père est au cœur du récit et se révèle extrêmement touchante. Le cadre dans lequel se déroule l’histoire est lui aussi intéressant et finement esquissé par l’autrice qui se contente de brèves références permettant néanmoins de saisir en partie les enjeux posés par ce soudain délitement de l’empire. En dépit de ses indéniables qualités, le texte ne m’a cependant que très peu emballé. La faute avant tout à un manque de connaissances très net de ma part en ce qui concerne la culture chinoise et son histoire. Or, comme l’explique très bien la préface qui accompagne l’ouvrage, ce dernier est truffé de références littéraires, philosophiques ou historiques à la Chine prémoderne. Des références qui font très certainement une grande partie du charme du texte mais qui, pour les lecteurices néophytes dans ce domaine, passent complètement à la trappe. La touche de surnaturelle qui imprègne le récit et se manifeste sous la forme de ce fameux bracelet de jade ne m’a quant à elle pas convaincue. Enfin, si la plume de l’autrice est agréable, j’ai été gênée par la manie du père de l’héroïne de parler de lui à la troisième personne lorsqu’il s’adresse à sa fille (« papa fait ça… » « papa dit ça… »), ce qui infantilise désagréablement cette dernière.
Premier volume de la collection RéciFs nouvellement créée par les éditions Argyll, « Le bracelet de jade » nous entraîne dans la Chine du XVIIe et met en scène la relation d’un père et de sa fille, pris dans les tourments de la politique. Si les thématiques et les choix narratifs réalisés par Mu Ming sont intéressants, l’ouvrage risque de pâtir de l’abondance de références très précises à la littérature ou la philosophie chinoise qui sont indispensables pour bien saisir toute la subtilité du récit, mais que toustes les lecteurices ne sont malheureusement pas à même d’identifier.
Autres critiques : Célinedanaë (Au pays des cave trolls)
5 commentaires
Tachan
Je suis très tentée mais je ne pense pas être beaucoup plus armée que toi concernant la culture chinoise. J’espère que ce ne sera pas trop un frein car j’ai vraiment envie d’aimer ^^’
Boudicca
L’ambiance est quand même très prenante, et puis c’est une lecture rapide, c’est l’avantage 😉
Ma Lecturothèque
Je suis curieuse de découvrir ce roman mais je ne pense pas être assez connaisseuse de la culture et de la philosophie chinoise pour l’apprécier pleinement. Je me le note tout de même ; merci pour la découverte !
Boudicca
Avec plaisir, bonne lecture 🙂
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