Fiction historique

Les filles des marins perdus, livre 2

Titre : Les filles des marins perdus, livre 2
Cycle/Série : Les filles des marins perdus, livre 2
Auteur/Autrice : Teresa Radice et Stefano Turconi
Éditeur : Glénat (Treize étrange)
Date de publication : 2023

Synopsis : Dans ce deuxième volet, on retrouve donc ces filles de petite vertu qui nous content à tour de rôle une histoire confiée par leur amant d’un soir. On y fait ainsi la connaissance de Tess, la mystérieuse petite nouvelle du Pilar, et de Cinnamon, dont le passé revient inlassablement la hanter.

Histoires d’amour et de mer

En 2016 paraissait « Le port des marins perdus », un superbe roman graphique signé Teresa Radice et Stefano Turconi mêlant astucieusement récits de marin, histoire d’amour et poésie. Quatre ans plus tard, une suite intitulée « Les filles des marins perdus » avait vu le jour et nous proposait de suivre plusieurs mini aventures dans le même univers et mettait en scène certains des personnages du premier volume, à commencer par les prostituées du Pillar to Post. L’album dont il est question ici constitue le deuxième volet de cette nouvelle série dont il regroupe les chapitres trois et quatre consacrés respectivement à Tess et Cinnamon qui prennent donc la suite de June et Lizzie. On renoue avec la plupart des protagonistes des précédents tomes, qu’il s’agisse de l’attachante famille de l’auberge sur la colline, des prostituées du Pillar, ou encore de l’équipage du Last chance, et notamment son discret mais charismatique capitaine, Allali. La mission confiée par l’amirauté et devant l’envoyer à Alger est toujours d’actualité et les risques à prendre en considérations sont nombreux à une époque où les mers et océans ont été transformés en véritable champ de bataille par le conflit opposant partisans et adversaires de Napoléon. L’action se passe en effet en 1810, essentiellement à Plymouth, mais aussi le long des côtes françaises ou bien en Inde, mais aussi précédemment en Nouvelle-Zélande ou encore en Algérie. L’album se situe sans surprise dans la droite lignée des précédents et se singularise par un ton léger et résolument optimiste ainsi que par une focalisation sur les liens d’amitié ou d’amour tissés par les femmes du Pillar. Des liens qui, compte tenu de la localisation géographique du bordel, concernent essentiellement des marins, et notamment des officiers, ce qui permet aux auteurs de continuer à mettre ponctuellement en scène navires et équipages.

Deux nouvelles héroïnes sympathiques

L’intrigue du premier récit se concentre sur le personnage de Tess, jeune femme mystérieuse récemment embauchée au Pillar où, officiellement, elle espère gagner suffisamment d’argent rapidement pour pouvoir se payer la traversée pour Alger et retrouver son frère. Officieusement, elle paraît surtout s’intéresser au capitaine Allali et à sa mission à venir. Mais pour le compte de qui ? Le second récit est consacré à Cinnamon, une pensionnaire du bordel originaire d’Inde et qui se voit rattraper par une vieille histoire familiale matérialisée par l’irruption à Plymouth d’un vieil Indien et de son chapardeur de singe. Les intrigues reposent sur des ressorts narratifs éculés mais qui sont recyclés ici de façon efficace. Le triptyque mer/amour/poésie fonctionne à nouveau à merveille et permet de mêler différentes ambiances dont la combinaison s’avère étonnante. Un peu comme si les romans de Patrick O’Brian rencontraient ceux de Jane Austen. Les graphismes sont toujours aussi beaux, qu’il s’agisse des représentations de navires, des rues de Plymouth et surtout des personnages. La colorisation est elle aussi très réussie, ne lésinant pas sur les tons vifs qui participent à donner à l’ouvrage une atmosphère chaleureuse. On se sent bien, aux côtés de ces personnages affables qui nouent des relations avec une sincérité désarmante. Alors certes, l’album véhicule une vision très édulcorée de la prostitution dont elle ne met jamais en lumière les aspects sordides, mais il est néanmoins difficile de résister à l’ambiance désinvolte qui imprègne la plupart des scènes et rend les personnages si attachants. La camaraderie qui unit les filles du Pillar est communicative et on prend beaucoup de plaisir à suivre ces héroïnes peu banales et émancipées, de même que ces beaux officiers élégants faisant assaut de bons mots et de gentillesses pour se gagner les faveurs des prostituées qu’ils courtisent.

Ce deuxième volet des « Filles des marins perdus » nous offre encore de beaux moments en mer et à terre aux côtés de personnages touchants, le tout dans une atmosphère chaleureuse et agréable. Si chaque partie se focalise sur une personnalité différente du Pillar, la trame narrative principale consacrée au capitaine Allali traverse toutes les histoires et n’a pas encore trouvée sa conclusion, aussi devrait-on prochainement assister à la parution d’une suite que je me ferai un plaisir de découvrir.

Voir aussi : Le port des marins perdus ; Les filles des marins perdus (Livre 1)

Autres critiques :  ?

Antiquiste passionnée d’art, de cinéma, de voyage et surtout grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement).

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