Polar - Thriller

Sherlock Holmes et les mystères de Londres, tome 1 : La noyée de la Tamise

Titre : La noyée de la Tamise
Cycle/Série : Sherlock Holmes et les mystères de Londres, tome 1
Scénariste : Jean-Pierre Pécau
Illustrateur : Michel Suro
Éditeur : Soleil
Date de publication : 2023

Synopsis : Une jeune fille est retrouvée morte, noyée dans la Tamise. Elle porte un masque étrange sur le visage. Aussitôt, les autorités pensent à la communauté jamaïcaine de l’East End, mais le célèbre détective n’est pas d’accord. Pour étayer ses dires, il va faire appel à Felix Fénéon, spécialiste des masques anciens, mais qui est poursuivi pour avoir posé une bombe dans un restaurant parisien !

Nouvelle aventure pour le célèbre détective

Londres. 1894. Une petite fille est retrouvée morte dans la Tamise, les orifices cousus et un masque vraisemblablement africain lui recouvrant le visage. Évidemment c’est à Sherlock Holmes que Lestrade fait appel pour tenter de résoudre le mystère de ce meurtre étrange pour lequel la police n’a pour le moment aucune piste. Accompagné de son fidèle acolyte John Watson, le célèbre détective va se lancer dans une enquête mouvementée qui l’entraînera aussi bien en Angleterre qu’en France et l’incitera à côtoyer à la fois la pègre londonienne, l’aristocratie britannique mais aussi des artistes de renom. « La noyée de la Tamise » est le premier tome d’une série qui devrait en comprendre trois et, si les éléments déterrés ici par Holmes ne sont guère suffisants pour cerner la plupart des enjeux ni émettre une quelconque hypothèse quant à l’origine des meurtres, en tout cas la curiosité du lecteur se retrouve sacrément titillée. Le scénario mêle habilement trame historique et références fictionnelles aux précédentes aventures d’Holmes et Watson, et l’association fonctionne à merveille. Le scénario de Jean-Pierre Pécau nous invite en effet à nous pencher sur le contexte politique français en cette fin de XIXe siècle, n’hésitant pas à mobiliser des références à la Commune ou aux anarchistes et à leurs méthodes. L’auteur puise également son inspiration dans le folklore anglais, avec notamment des références au personnage de Jack l’Éventreur mais aussi, moins connu mais plus extravaguant, celui de Jack Talons-à-Ressort. Enfin, de multiples références à l’Inde permettent d’apporter une touche d’exotisme à l’intrigue dont on pressent qu’elle sera intimement liée aux liens étroits forgés par les Anglais avec l’une de ses nombreuses colonies.

Meurtre, art et politique

La volonté de l’auteur d’intégrer pleinement le personnage de Holmes dans l’histoire de cette fin de XIXe siècle passe également part la mise en scène de plusieurs figures historiques qui, bien que passant généralement en coup de vent, n’en permettent pas moins d’ancrer un peu plus le récit dans notre histoire. Au hasard des déambulations du détective on croisera ainsi le célèbre écrivain Oscar Wilde, mais aussi le peintre Toulouse-Lautrec, ou encore le journaliste Félix Fénéon qui occupe ici une place importante et se fait le porte-voix de la cause anarchiste. On comprend sans mal les raisons qui poussèrent le scénariste à s’intéresser à ce personnage effectivement rocambolesque dont les opinions politiques radicales ne sont pas sans heurter la sensibilité de ce pauvre Watson. Les remarques outrées de ce dernier, de même que son ignorance crasse en matière d’art, vont d’ailleurs constituer tout au long de l’album un ressort comique efficace, le conformisme et la rigidité du fidèle praticien étant régulièrement moqués par Holmes, lui-même manifestement beaucoup plus ouvert d’esprit. Les graphismes sont pour leur part signés Michel Suro qui réalise ici un travail esthétique efficace mais très classique. Les personnages sont aisément identifiables mais leurs expressions manquent d’émotion, quant aux décors ils ne sont que trop rarement mis en avant. La coloration est quant à elle réussie, variant en fonction des scènes entre différentes teintes qui permettent de bien cerner l’ambiance de la scène.

« Sherlock Holmes et les mystères de Londres » est un premier album prometteur qui met en scène le fameux détective dans une nouvelle enquête impliquant cette fois-ci de jeunes victimes, d’ancestraux rites indiens et un curieux personnage tiré du folklore britannique. Multipliant les références au contexte politique français et au monde de l’art, le scénario permet d’ancrer efficacement Holmes et Watson dans leur temps, tout en mettant en avant certaines des spécificités propres à l’ambiance de la fin du XIXe siècle. Bien que n’en étant qu’à ses débuts, l’intrigue se révèle prometteuse et incite le lecteur à poursuivre sa lecture des futurs albums.

Voir aussi : Tome 2 ; Tome 3

Autres critiques :  ?

Antiquiste passionnée d’art, de cinéma, de voyage et surtout grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement).

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