Science-Fiction

Bienvenue au paradis

Titre : Bienvenue au paradis
Auteur : Alexis Legayet
Éditeur : Aethalides
Date de publication : 2020 (septembre)

Synopsis : 2145 : La libération animale a eu lieu un siècle plus tôt, et l’humanité s’évertue désormais à éliminer la prédation et le conflit. Un nouveau mouvement éthique et frugivore, le Flower Power, accuse les véganes d’être les prédateurs des plantes innocentes. Le paradis sur Terre est, pour celles-ci, un enfer. Malgré son indifférence à la cause végétale, un étudiant intègre le mouvement pour se rapprocher de l’envoûtante Alice. Parviendra-t-il à se faire aimer d’elle? Sa quête est d’autant plus ardue qu’un autre mouvement, plus radical, visant à délivrer tous les êtres vivants de la mort, s’oppose à ses projets amoureux. Du véganisme au transhumanisme, le réel réussira-t-il enfin à se transformer pour tous en véritable paradis?

L’antispécisme poussé à l’extrême

Petit roman de science-fiction publié par une maison d’édition d’ordinaire plutôt spécialisée dans la poésie et la philosophie, « Bienvenue au paradis » nous dépeint un futur proche imaginé par Alexis Legayet et dans lequel les animaux ont obtenu les mêmes droits que les nôtres. Plus question de les élever de façon intensive ou de les consommer : le végétarisme est devenu la norme. Mais pour certains cela ne suffit pas, car, si la souffrance animale a bel et bien disparu, qu’en est-il de la souffrance végétale ? C’est dans ce contexte que l’on suit un petit groupe de militants antispécistes radicaux qui estiment que l’humanité a encore du chemin à faire pour respecter pleinement son environnement et qui considèrent qu’arbres, fleurs et autres plantes sont des êtres vivants qui doivent être respectés et traités de la même manière que les humains ou les animaux. Un combat qui laissait de marbre Dan mais dans lequel il s’est depuis peu laisser entraîner pour les beaux yeux (ou plutôt le beau derrière) d’Alice, une demoiselle particulièrement engagée sur le sujet. Pour elle, le voilà condamné à feindre de considérer les végétaux comme des égaux et à entreprendre des opérations de sensibilisation ou de sauvetage périlleuses. Vous l’aurez compris, le roman adopte un ton volontiers humoristique et doit donc être pris (au moins) au second degré. Le récit est court (même pas deux cent pages) et entraînant, mais beaucoup de choses m’ont dérangée lors de la lecture et font que je ne garderais certainement pas un souvenir impérissable de l’ouvrage.

Beaucoup de clichés pour un si petit roman

Premier bémol : le propos, ou plutôt la cible, du livre, qui se moque gentiment des antispécistes. Pourquoi pas. Seulement l’auteur se contente de recycler des clichés cent fois vus et revus dans le seul but de souligner le ridicule de la philosophie défendue par ces militants. Je vous la fais courte mais ça donne, en gros : « on commence par critiquer ceux qui mangent de la viande, et puis après on s’attaquera aux légumes car qui pense à la souffrance de la carotte, hein, qui ? » Bon, c’est rigolo deux minutes mais on s’en lasse vite, surtout que, sur tout ce qui touche à l’écologie, le débat public est actuellement complètement parasité par des polémiques à deux ronds entretenues par des gens qui ont justement recours au même type de raisonnement réducteur (« alors comme ça on veut supprimer Noël ? et détruire le Tour de France ? et empêcher les enfants de réaliser leurs rêves ?…). Bref, si je veux des blagues potaches sur « les écolos : ces bisounours qui n’ont rien compris à la vie », j’ai juste à allumer la télévision, pas besoin de lire un roman en complément. La cerise sur le gâteau reste tout de même le traitement de la seule femme de l’histoire qui est représentée comme il y a environ cinquante ans : elle est sublime (quel intérêt pourrait-elle avoir sinon !) et dépeinte uniquement par le biais de son physique pendant la totalité du récit (le protagoniste trouvant même le mauvais goût de tomber amoureux d’elle uniquement pour son postérieur, la classe !). Son rôle se limite à 1-Être un objet de désir ; 2- Pleurnicher pour de l’aide quand les choses se corsent. Moi j’en peux plus de lire des trucs comme ça ! A noter tout de même une construction de l’intrigue plutôt habile et des éléments de SF certes éculés mais bien utilisés. Ça reste toutefois peu.

Ma première incursion dans la biographie d’Alexis Legayet n’aura donc pas été un franc succès. La faute à un humour un peu lourdingue, des railleries trop faciles sans véritable réflexion de fond et surtout un personnage féminin hyper stéréotypé. L’auteur sort un nouveau roman du même style chez le même éditeur, mais cette fois consacré au mouvement #Metoo et aux « excès du néo féminisme ». J’ai peur !

Autres critiques :  ?

Passionnée d'histoire (surtout le XIXe siècle) et grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement) mais aussi d'essais politiques et de recherches historiques. Ancrée très à gauche. Féministe.

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