Voyage avec l’extraterrestre (nouvelle)
Titre : Voyage avec l’extraterrestre (Touring with the alien)
Auteur : Carolyn Ives Gilman
Éditeur : Le Bélial’ [site officiel]
Date de publication : avril 2016 en VO, 2018 en VF
Synopsis : « Il fallait l’admettre, les vaisseaux extraterrestres étaient beaux : des dômes en superpositions de plaques chitineuses aux couleurs d’aurore perlée, tels des reflets sur une mer d’huile. Ils avaient surgi une nuit, dix structures incongrues, bulles de savon éparpillées au-dessus du continent nord-américain. L’un bloquait une autoroute de l’Ohio, un autre monopolisait le parking d’un stade de Tulsa, mais la plupart se dressaient dans un champ de maïs, une forêt, un désert, autant d’endroits où ils ne dérangeaient guère. »
Les aliens sont arrivés mais le monde n’en a pas été changé. Venus en paix, sans exigence ni questions, les visiteurs d’outre-espace se content de rester à bord de leurs astronefs et n’ont d’autre contact avec l’humanité que leurs impassibles traducteurs humains. Conductrice d’un van de tournée, Avery reçoit un jour une proposition pour un job des plus particuliers : transporter un de ces extraterrestres et son traducteur à travers les USA…
Dans « Voyage avec l’extraterrestre », Carolyn Ives Gilman nous offre une nouvelle pleine de subtilité sur la communication et la nature de la conscience…
L’humanité n’apprit pas grand-chose des traducteurs. Les extraterrestres venaient en paix. Ils n’avaient ni exigences, ni questions. Ils souhaitaient seulement rester vaquer à leurs occupations ici quelque temps. Ils voulaient qu’on les laisse tranquilles.
Personne n’y crut.
Encore une nouvelle d’abord publiée dans la revue Bifrost (le n°91) chez les éditions Le Bélial’, puis reproduite en livre numérique car elle a reçu le Grand Prix de l’Imaginaire 2019 dans la catégorie « Nouvelle étrangère » : découvrez Voyage avec l’extraterrestre, de Carolyn Ives Gilman !
Road-trip avec alien
Avery est une agente d’une entreprise à tout-faire du moment que c’est aux bords de la légalité, risqué et bien payé. Alors que des extraterrestres ont débarqué sur Terre à bord d’immenses dômes, ils ne sont pas pour autant visibles et ont très peu de contacts avec la population pour le moment. Un ponte d’une agence gouvernementale demande à Avery de faire faire un pèlerinage sur les routes secondaires des États-Unis à un « traducteur », un humain enlevé dans son enfance par ces extraterrestres afin de servir d’intermédiaire entre leur espèce et la nôtre. Commence donc un voyage atypique à bord d’un bus où Avery côtoie un certain Lionel affublé d’un vaste carton qui est censé renfermer un de ces extraterrestres. Stations-essence, villes perdues dans la cambrousse et aires de camping sont au programme !
L’hypothèse, c’est l’inconscient qui vous parle, alors que la certitude relève du conscient. Ils ne sont en conflit que si votre esprit se retrouve en guerre avec lui-même.
Du questionnement sur notre devenir
Avant tout, cette nouvelle est logiquement une réflexion sur l’altérité : Avery, l’humaine, est curieuse sur cette espèce d’extraterrestres qui a débarqué, mais son contrepoint se fait par l’intermédiaire d’un humain « traducteur », enlevé longtemps auparavant par les extraterrestres. Ce dernier veut constamment voir de vrais humains en action dans leur vie quotidienne, mais réagit forcément bizarrement quand il en croise (ou quand il croise un chat par exemple…). Et puis l’autrice va plus loin avec sa position sur la conscience de soi (c’est dernier ce qui rend utile cette nouvelle) : « il n’y a pas de mort sans le moi pour en avoir conscience » fait-elle dire à un de ses personnages. Est-ce donc que le fait d’être conscient de soi serait notre plus grand fardeau ? Elle soupèse, sans vraiment apporter de réponse, notre rapport ambigu à la mort… avant de clôturer sa nouvelle par un choix narratif étrange.
Voyage avec l’extraterrestre n’est donc pas une nouvelle d’action, nous ne sommes plutôt dans de la réflexion progressive mais qui surprend sur la fin. Cela rend au moins curieux sur les autres écrits de cette autrice, Carolyn Ives Gilman.
Autres critiques :
Cette critique est ma 10e participation au Projet Maki 2020.
2 commentaires
Baroona
Une intéressante nouvelle, qui parvient à renouveler suffisamment un thème pourtant commun. C’est vrai que ça rend curieux d’autres textes de l’autrice, mais je crois qu’en français ce n’est pas gagné. ^^’
Dionysos
C’est pas faux… :/