Essai

Ces cons de journalistes

Ces cons de journalistes

Titre : Ces cons de journalistes
Auteur : Olivier Goujon
Éditeur : Max Milo [site officiel]
Date de publication : 24 janvier 2019

Synopsis : Gagner 500 € par mois après quarante ans de métier, risquer sa vie, et la perdre en Syrie à cause de commandes et d’une ouverture de crédit annulées, résister pour l’honneur à un ministre de l’Intérieur avec un salaire de stagiaire, l’auteur multiplie les témoignages de journalistes, à la fois contraints et révoltés, devant des conditions de travail exécrables !
S’appuyant sur une actualité brûlante, le livre analyse la situation de la presse et du métier de journaliste en 2019. L’auteur montre comment les nouveaux statuts prolétarisent des milliers de journalistes, comment la communication prend le pas sur l’information, l’urgence sur la vérité, comment la loi (fake news, protection des sources…) génère de la censure et de l’autocensure, et comment, face à cette adversité, « ces cons de journalistes » tentent de se réinventer, d’exister sur le web, de renouer avec le temps long, de créer un Conseil de déontologie, et de continuer à faire leur métier… tout simplement !

L’ultime vérité de la loi de protection des sources est celle-ci : si on l’avait appliquée, nous n’aurions entendu parler ni du Mediator, ni des Panama Papers, ni des Paradise Papers, ni du Dieselgate, ni de l’affaire UBS… Inquiétant.
Et voilà comment deux lois à la con au service des grandes entreprises et d’intérêts politico-financiers empêcheront des journalistes déjà fragilisés par un abandon social et une précarité économique de travailler !
Faut être con, non ?

Chez les éditions Max Milo, vous trouvez différents essais ou enquêtes qui cherchent à nous éclairer sur la réalité du monde. Ces cons de journalistes ne fait pas exception.

Olivier Goujon, journaliste d’investigation, reporter si vous préférez, nous narre le quotidien de son métier, chiffres après chiffres, enquête après enquête. Chacun des chapitres est une démonstration supplémentaire pour arriver à la conclusion qu’il « faut être con » pour être journaliste aujourd’hui. Et en effet, il faut être bien con pour être journaliste aujourd’hui, quand le cœur du métier est élaboré par des prolétaires sous-payés et constamment mis en danger par des éditorialistes qui phagocytent et formatent les informations qu’ils sont allés chercher. Par une enquête implacable mêlant statistiques et extraits d’interviews, l’auteur déconstruit sa propre profession en analysant la valeur de ce qu’il produit, la possession des médias par un tout petit nombre de possédants, l’ingérence constante de l’idéologie capitaliste libérale et la réception mitigée par le grand public de ce métier désormais tant dénigré.

Lire cet essai est finalement assez triste, car tout à fait réel. Olivier Goujon livre un raisonnement tout à fait cohérent et tout simplement implacable qui ne peut qu’encourager le lecteur à se tourner un peu vers d’autres médias dits « alternatifs » (envie d’être guidé pour de nouvelles idées de médias ?), et si possible anticapitalistes, car le modèle actuel a ruiné le métier même des journalistes.

Autres critiques :
Maxime Friot (Acrimed)

Kaamelotien de souche et apprenti médiéviste, tentant de naviguer entre bandes dessinées, essais historiques, littératures de l’imaginaire et quelques incursions vers de la littérature plus contemporaine. Membre fondateur du Bibliocosme.

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