Fantasy

Olangar, tome 1 : Bans et barricades (partie 2)

Titre : Olangar – Bans et barricades
Cycle : Olangar – Bans et Barricades, tome 2
Auteur : Clément Bouéhlier
Éditeur : Critic
Date de publication : 2018 (septembre)

Synopsis : À Olangar, le combat des nains a laissé des traces sanglantes dans le quartier portuaire. D’âpres négociations s’ensuivent tandis que les candidats à la Chancellerie multiplient les manœuvres politiques et les coups bas pour l’emporter. Pendant ce temps, loin de la capitale, Evyna et Torgend débarquent à Frontenac pour y trouver Stej Lombor, un ancien ami d’Andréan d’Enguerrand. Dans la chaleur étouffante et la cacophonie permanente de la Ville de Fer, la sœur meurtrie et l’elfe découvrent une vérité terrifiante. Séparés au gré des épreuves, confrontés aux plaines arides de l’oydimörk, ils sont forcés de nouer une alliance contre nature pour venger enfin le frère d’Evyna et mettre au jour le complot qui menace le royaume.

Une petite baisse de régime…

Il n’aura fallu attendre qu’un mois entre la parution du premier tome de « Bans et Barricades » et celle du second volet du diptyque de Clément Bouhélier. Inutile donc de s’armer de patience avant de connaître le fin mot de l’histoire et de retrouver les trois personnages phares de cet univers : le nain Baldek, leader de la grève générale lancée par les travailleurs des docks qui paralyse depuis maintenant plusieurs semaines la cité d’Olangar ; la jeune Evyna, noble venue du sud bien décidée à percer le mystère de la mort de son frère ; et enfin l’elfe Torgend, ancien héros de guerre renié par son peuple qui s’est engagé à soutenir la jeune fille dans sa quête de vengeance. Si on retrouve effectivement ici les principaux éléments qui faisaient le charme du premier tome, ce second volet se situe malgré tout un peu en dessous du précédent. La principale raison tient, à mon sens, du fait que Baldek et son combat pour plus de justice sociale et pour percer à jour les manigances de certains grands patrons (aidés en secret par la pègre et plusieurs membres du gouvernement) sont désormais relégués à l’arrière-plan. Contrairement au tome précédent, ce sont en effet Evyna et Torgend qui occupent le devant de la scène et, il faut bien l’avouer, leurs aventures sont bien moins palpitantes que celles de leurs alliés ouvriers. Pourtant le récit ne manque pas d’action ! Entre les courses poursuites, les attaques surprises et les combats acharnés, ce second volume ne connaît que peu de temps-morts. Le problème, c’est qu’on attache bien moins d’importance aux personnages de l’elfe et de la jeune fille qu’à ceux de Baldek et sa troupe. D’abord parce que leurs intentions sont, dans l’ensemble, plus nobles et moins égoïstes que celles du duo, et puis surtout parce qu’il était plus aisé de s’identifier à ces travailleurs harassés luttant pour offrir à leurs familles de meilleures conditions de vie qu’à cette toute jeune fille aveuglée par sa vengeance ou à cet elfe ayant une fâcheuse tendance à s’apitoyer un peu trop souvent sur son sort.

… mais un diptyque qui tient la route malgré tout

Les nains et leur combat ne sont d’ailleurs pas les seuls à être moins présents dans ce second tome, puisque c’est aussi le cas de la cité d’Olangar que l’auteur exploite ici beaucoup moins au profit d’autres lieux de son univers. C’est le cas notamment de Frontenac, une ville située à l’ouest de la capitale et qui s’est spécialisée depuis des années dans la production de fer. Là aussi, l’industrialisation a profondément transformé le paysage et les conditions de vie des habitants qui sont encore plus précaires qu’à Olangar. Le problème, c’est que même si le décor et les nouvelles problématiques qu’il pose sont intéressants, on se prend rapidement à regretter l’agitation et l’ambiance explosive de la capitale. Les passages les plus captivants de ce second tome restent ainsi à mon sens ceux traitant de la grève en cours ainsi que des manigances mises en place par les partisans des deux camps afin de faire élire leur candidat au poste de chancelier. Sans être intéressantes, les pérégrinations de Torgend et Evyna ne sont pas pour autant franchement trépidantes, même si elles nous permettent de découvrir le fin mot des machinations mises en branle dans le premier tome. Elles ont également l’avantage de nous faire découvrir sous un autre aspect une race dont il a jusqu’à présent été beaucoup question, sans qu’aucun de ses représentants soient pour autant jamais mis en avant : les orques. Les scènes de combat sont quant à elles toujours aussi maîtrisées, ni trop descriptives ni trop brouillonnes, et renforcent l’aspect cinématographique des scènes d’action. On peut également saluer le traitement toujours aussi fin et nuancé des problématiques sociales proposé par l’auteur, que ce soit en ce qui concerne le clivage entre les classes populaires et les grandes fortunes, mais aussi l’intérêt de la lutte collective et le rôle des syndicats. On remarque aussi dans ce second tome la présence d’une petite note écologique qui permet de mettre en avant une autre facette de l’industrialisation intensive menée à Olangar et dans les territoires alentours.

Avec ce premier diptyque consacré à la cité d’Olangar, Clément Bouhélier donne naissance à un univers et des personnages qui sortent de l’ordinaire et qui lui permettent de traiter des problématiques sociales et politiques très actuelles. J’attends avec impatience de nouvelles enquêtes et aventures dans ce même univers qui possède décidément un énorme potentiel.

Voir aussi : Tome 1

Autres critiques : Célindanae (Au pays des cave trolls) ; Le chien critique ; Le nocher des livres ; Lorhkan (Lorhkan et les mauvais genres)

Passionnée d'histoire (surtout le XIXe siècle) et grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement) mais aussi d'essais politiques et de recherches historiques. Ancrée très à gauche. Féministe.

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