Le cycle de Syffe, tome 2 : La peste et la vigne
Titre : La peste et la vigne
Cycle/Série : Le Cycle de Syffe, tome 2
Auteur : Patrick Dewdney
Éditeur : Au Diable Vauvert
Date de publication : 2018 (octobre)
Synopsis : Adolescent sans famille, Syffe est réduit à l’esclavage, dans une époque de guerres et de grandes épidémies. Lorsque la peste s’abat sur les mines où il est prisonnier, il trouve l’occasion de prendre la fuite. Une seule idée l’obnubile, retrouver Brindille, son amour d’enfance, captive des énigmatiques Feuillus. Son périple mouvementé au travers des Primautés de Brune le conduira à se faire tour à tour instructeur, vagabond et mercenaire, tandis qu’il assiste, impuissant, aux tourments d’un pays déchiré par la guerre civile.
D’après mon expérience, le récit d’un haut-fait et la vérité n’entretiennent qu’un rapport ténu l’un avec l’autre. C’est pourquoi le premier conseil que je vous dispense en tant qu’élève est le suivant : abandonnez dès à présent l’idée que les héros sont façonnés par autre chose que leur bonne fortune.
Syffe poursuit son périple…
Après un passage par le roman noir et la poésie, Patrick Dewdney faisait en mai dernier une entrée fracassante dans le domaine des littératures de l’imaginaire avec le premier tome de son « Cycle de Syffe » : « L’enfant de poussière ». Récompensé depuis par plusieurs prix (Julia Verlanger, 25e Heure du livre du Mans…), le roman a d’ores et déjà conquis un vaste lectorat qui n’aura évidemment pas manqué de se jeter sur le deuxième volume paru en octobre dernier (un délais d’attente extrêmement rapide mais qui devrait être amené à s’allonger pour les tomes à venir). [Attention : Si vous n’avez pas encore eu l’occasion de lire « L’enfant de poussière », je vous conseille de passer le paragraphe qui va suivre au risque de vous gâcher la surprise de certaines révélations.] On retrouve donc Syffe quelques années après l’avoir quitté à la fin du premier tome, et le moins que l’on puisse dire, c’est que sa situation ne s’est pas améliorée. Réduit en esclavage depuis des années dans les mines d’Iphos, notre petit vagabond a bien grandi et a enduré des épreuves tellement terribles que le narrateur ne s’y attarde que très brièvement, manifestement toujours bouleversé par les sévices subis au cours de cette période. Un événement totalement inattendu va toutefois permettre à notre héros d’enfin briser ses chaînes et de reprendre la route pour de nouvelles aventures. Son but ? Retrouver Brindille, la jeune orpheline avec laquelle il a grandi et qui, aux dernières nouvelles, devraient se trouver en terre ketoï où la guerre fait rage depuis des années et semble être en passe de prendre une nouvelle tournure.
Un univers qui s’étoffe et s’étend
On retrouve le même procédé narratif que dans le précédent volume : Syffe assume toujours seul la narration des années après les faits, et ses aventures sont une fois encore découpée en quatre parties bien distinctes. De même, chacune d’entre elles sont à nouveau entrecoupées de cartes qui nous permettent de nous familiariser avec la topographie de la région (signées Fanny Etienne-Artur), ainsi que d’extraits de chroniques ou d’actes officiels relatant des événements bien antérieurs à l’histoire. Le rythme adopté est également globalement le même que celui du premier tome, le parcours de Syffe alternant entre phases plus ou moins longues d’adaptation à un nouveau milieu, systématiquement suivies de ruptures qui viennent totalement bouleverser la nouvelle vie de notre héros. Difficile de parler de l’intrigue sans trop en dévoiler sur ce second tome, aussi ne m’attarderais-je pas trop longtemps sur le sujet. Sachez toutefois que le monde dans lequel vit Syffe continue au fil des chapitres à s’élargir toujours un peu plus, ouvrant de nouvelles frontières, dévoilant des territoires inconnus et révélant de nouvelles opportunités. Après Corne-Brume, la forêt de Vaux et le siège d’Aigue-Passe, le lecteur découvre avec enthousiasme d’autres lieux et d’autres cultures, parmi lesquels il convient (entre autre) de mentionner les impressionnantes cités des Arces, peuple de guerriers vivant reclus dans leurs montagnes, ou encore les Ronces, forêt abritant le peuple ketoï à l’assaut de laquelle des milliers de mercenaires ont décidé de se lancer, à leurs risques et périls.
Une immersion garantie !
Le récit reste dans l’ensemble aussi immersif que dans le premier tome, même si le roman souffre à certains endroits d’une petite baisse de régime. Sa conclusion, notamment, est totalement inattendue et je dois avouer que je ne m’attendais pas du tout à ce que l’histoire de notre héros prenne une telle tournure. Curieusement, c’est lorsque la magie et le surnaturel se sont mis à occuper une place de plus en plus prépondérante dans le récit que j’ai eu le plus de mal à ne pas décrocher. Outre le fait que l’histoire était suffisamment dense et intéressante en elle-même sans ces éléments, l’irruption du fantastique dans la vie de notre héros est amenée de manière assez brutale et sans guère d’explications. Cette remarque vaut cela dit essentiellement pour la toute fin du roman qui, si elle m’a quelque peu perturbée, ne gâche en rien l’intérêt que l’on continue de porter au protagoniste ou à l’univers mis en scène par l’auteur. Syffe se révèle toujours aussi attachant (quand bien même il a bien grandi depuis le premier tome), et Patrick Dewdney n’a encore une fois pas son pareil pour créer toute une galerie de personnages secondaires particulièrement marquants et très hétéroclites. C’est dans les rangs des compagnies de mercenaires un temps fréquentées par notre héros que l’on trouve les portraits les plus saisissants, qu’il s’agisse de charismatiques chefs de guerre ou de compagnons d’armes tour à tour totalement givrés, dignes de confiance ou à la moralité douteuse. Les scènes de combat sont une fois encore extrêmement bien dépeintes, et on retrouve le même souci de réalisme et le même soin apporté aux détails dans la description de toute l’organisation nécessaire pour mener à bien une opération militaire de ce type (ravitaillement, rôle des éclaireurs, tactiques de guérilla…).
On retrouve avec grand plaisir Syffe pour de nouvelles aventures qui se révèlent encore plus mouvementées que celles dépeintes dans le premier volume. L’univers continue pour sa part de se dévoiler petit à petit, et chaque nouveau recoin exploré témoigne d’une richesse et d’une complexité plus que prometteuses. En dépit d’une conclusion un peu bancale, le roman dispose une fois encore de sacrés atouts qui ne manqueront pas de vous rendre accros à la série et à son protagoniste. Il ne reste désormais plus qu’à patienter en attendant le troisième volume.
Autres critiques : ?
4 commentaires
Elhyandra
Je n’ai pas encore lu le T1 donc j’ai écouté le conseil et sauté le paragraphe spoilant ^^
Ça a l’air prometteur comme saga
belette2911
Le premier tome m’avait laissée mitigée de par ses moments plus lents où je ne voyais pas le temps passer… Je voudrais pourtant lire le suivant, je dois le faire en LC avec Stelphique, mais nous n’avons pas encore trouvé le temps.
En espérant que le tome 2 m’emballe plus que le 1.
Boudicca
Le tome 2 bouge plus que le 1 mais il y a aussi des moments de pause que tu risques de trouver un peu longuets. Après ça reste une bonne histoire quand même 🙂
lutin82
Alors, si cela se développe, j’avoue que du coup cela me tente bien. Je n’étais pas entièrement convaincue auparavant, mais là c’est un plus indéniable. J’aime les univers riches.