Cruelles natures
Titre : Cruelles natures
Auteur : Pascal Dessaint
Éditeur : Rivages (Rivages/Noir) [site officiel]
Date de publication : mars 2007
Synopsis : Antoine, écologue jadis renommé, mène une existence recluse dans la Brenne. Il parcourt les routes à la recherche de cadavres d’animaux lui confirmant les dégâts de la civilisation sur la nature. Myriam partage sa vie depuis de nombreuses années. Elle a abandonné mari et enfant pour le suivre. Aujourd’hui ils vivent côte à côte sans se parler. À Dunkerque, c’est l’époque du carnaval et des réjouissances. Mais Mauricette, élève dans un lycée horticole, souffre de voir son père à l’hôpital, plongé dans un coma profond. Ces personnages meurtris vont tous se croiser au cœur de la Brenne, où se jouera leur destin… Pascal Dessaint nous entraîne dans un univers de brume où les certitudes s’évanouissent pour donner corps à nos peurs les plus sombres. Cruelles natures est un roman noir à l’atmosphère envoûtante, porté par ce style à la fois familier et ardent, qui est la marque de l’auteur.
Les oiseaux ont parfois des comportements amoureux très singuliers. Les martinets sont acrobates et s’accouplent en plein air. Au sens strict, ils s’envoient en l’air !
Un polar ou un roman noir, il faut s’en faire un de temps en temps, histoire de conserver un regard acéré (cynique ?) sur notre société.
Roman noir en courant alternatif
Cruelles natures, roman noir de Pascal Dessaint paru en 2007 chez Rivages, nous fait suivre l’histoire croisée d’Antoine et Mauricette. Antoine est écologue – chercheur spécialisé dans l’étude de l’écologie : il aime vagabonder parmi les étangs de sa région, la Brenne (dans le Berry), afin d’y étudier le comportement de la faune et de la flore. Il en tire souvent des articles spécialisés jouant sur la poésie des situations et la complémentarité des espèces. Toutefois, depuis un certain temps, son succès éditorial s’est érodé et sa relation avec Myriam qui partage sa vie est devenue délétère. De son côté, Mauricette est une adolescente un peu à la ramasse, qui doit se construire avec le souvenir de la mère qui l’a abandonnée et dont elle reçoit depuis quelques temps des lettres alarmantes. Dis comme cela donc, chacun a sa petite vie, pas toujours tranquille certes, mais ce n’est pas si noir au fond. C’est triste, mais pas forcément tragique… pour le moment.
Les cruelles natures de qui ?
Pascal Dessaint a ainsi construit un récit par alternance entre ces deux personnages en mal-être. Chacun leur tour doit affronter des situations critiques. Les personnages ont quelque chose de bien enfoui en eux, et ce n’est pas très jojo. Du ressenti, de la culpabilité, de la mesquinerie ou bien l’envie de tenter le diable : dans tous les cas, c’est la nature humaine qui se dévoile ici, alors même que le décor nous incite à nous pencher sur la nature animale en général. Or, comme on le découvre souvent, les animaux ne sont pas cruels par nature mais par besoin, ce qui n’est pas forcément le cas d’un animal en particulier, l’humain. C’est d’ailleurs une spécificité de l’auteur : il décrit avec une très grance précision la faune et la flore du pays de Brenne qu’il visite alors. Des anecdotes savoureuses sur la vie quotidienne des insectes et des explications sur l’enchevêtrement utile des plantes émaillent ce récit bien piqué des hannetons.
Un petit roman noir à chute
Pascal Dessaint organise son propos avec ces deux protagonistes grâce à un style finalement assez simplifié ; sans connaître d’autres romans de l’auteur, il peut paraître étonnant de lire sur la quatrième de couverture des éloges conséquents sur le fait que ce serait le summum de son écriture. Ce roman recèle malgré tout des idées directrices claires et efficaces : tout d’abord la mise en lumière de pans de la société mis en marge contre leur volonté, puis la critique de la nature humaine destructrice comparée au comportement animal « normal », et enfin la faculté de tout un chacun à violemment se voiler la face. Tout cela est bien joli, mais ce n’est pas toujours facile à mettre en œuvre, Pascal Dessaint tente de le faire avec une histoire tout de même originale et surtout avec une chute bien trouvée, ce qui permet de clore de façon intelligente et ouverte ce récit un brin tordu ; mais n’est-ce pas le but d’un roman noir ?
Cruelles natures est donc un roman noir avec des qualités indéniables et des idées qu’on ne trouve pas ailleurs qui rendent l’ensemble sympathique, mais également plusieurs points améliorables qui rendent l’histoire plus classique.
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