À la poursuite de l’Atlantide
Titre : À la poursuite de l’Atlantide
Cycle/Série : Les aventures de Wilde et Chase, tome 1
Auteur : Andy McDermott
Éditeur : Bragelonne (Thriller) [site officiel]
Date de publication : 18 avril 2018
Synopsis : Depuis la nuit des temps, la cité engloutie de l’Atlantide fascine les esprits. Nina Wilde, une jeune archéologue new-yorkaise, le sait mieux que personne : ses parents, morts en mission au Tibet, ont donné leur vie pour la trouver. Après des années de recherches, Nina est parvenue à localiser l’Atlantide. Hélas, elle est désavouée par ses pairs. Alors, quand le célèbre mécène Kristian Frost propose de financer son expédition, elle saisit sa chance. En compagnie d’Eddie Chase, un ancien agent des services secrets britanniques, et de la sublime Kari, la fille de Frost, elle s’embarque dans une folle aventure archéologique. Mais le sinistre Giovanni Qobras a juré de trouver l’Atlantide avant elle et de s’emparer du secret qu’elle recèle depuis plus de onze mille ans… Une course poursuite s’engage pour le salut de l’humanité. Ce secret, en effet, ne doit pas tomber entre de mauvaises mains…De l’Iran au Brésil, des fonds de l’océan aux sommets de l’Himalaya, la quête de l’Atlantide mène à tout. A la mort, à l’amour… aux mystères les mieux protégés !
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Les éditions Bragelonne relancent leur collection Thriller avec certaines nouveautés anglo-saxonnes. À la poursuite de l’Atlantide, d’Andy McDermott, est de ceux-là. À cette occasion, ce sont les éditions Bragelonne qui nous ont envoyé cet ouvrage, merci à eux, et je me permets de reprendre les accroches de la quatrième de couverture pour structurer ma critique.
Une civilisation perdue
La quatrième de couverture promet tout d’abord « une civilisation perdue ». Nina Wilde est archéologue et personne ne la suit quand elle propose de monter une expédition pour localiser la mythique île d’Atlantide. En effet, son histoire familiale est lourde sur le sujet et l’aspect mythologique et inconnu de cette éventuelle découverte en rebute plus d’un. Cependant, un milliardaire philanthrope (apparemment c’est devenu pléonasme ces derniers temps) lui propose de financer le tout, sans autre condition que de la laisser faire ses recherches mais sans pour autant fournir d’autres informations sur les motivations d’un financement aussi gigantesque à part la philanthropie bien connu de ce type de fondations « à but non lucratif ». L’histoire part sur de bonnes bases quand une confrérie concurrente tente de ravir chaque objet trouvé dans cette quête et l’héroïne avec, quand c’est possible. Ce roman fait clairement partie de cette génération de thrillers à tendance ésotérique ou « découvreurs de complots » (pas non plus « lanceurs d’alerte », il ne faudrait pas déconner non plus) popularisés notamment par Dan Brown (mais il y en a tant d’autres). Au passage, cela peut paraître étonnant de voir publier en VF en 2018 ce roman qui date de 2007 ; comme il constitue le premier tome d’une série feuilletonnante, cela est peut-être de bonne augure pour la suite. Dans ce type de publications, le maître-étalon est sûrement le Da Vinci Code, de Dan Brown, qui, même s’il est un « page-turner » incomparable, mêlait habilement l’action classique avec des recherches poussées et des énigmes intéressantes. Ici, à l’inverse, l’impression documentaire qui est donnée est que les recherches ont manqué : à propos de l’Atlantide, le Critias de Platon est plusieurs fois cité, mais c’est bien là l’unique référence utilisée. Pour un roman mettant en scène une archéologue et des spécialistes des langues anciennes, c’est un peu pauvre, d’autant qu’il y a de quoi gloser sur des sources biaisées ou manquantes.
Une quête plein de dangers
Ensuite, on nous promet « une quête plein de dangers ». Pour le coup, ce n’est pas faux du tout ! Ça défouraille dans tous les sens et à l’aide de tout ce qui peut constituer une arme, l’auteur étant plutôt calé sur les types d’armes et de véhicules qui sont très régulièrement mentionnés et détaillés. Pour le coup, tout saute à chaque scène, l’explosif étant le meilleur ami du scénariste. D’ailleurs, l’un des critiques largement cités en début d’ouvrage ou sur la quatrième de couverture précise que l’auteur « tourne le film en même temps qu’on tourne les pages », c’est certes un beau compliment, sauf si on considère que l’adaptation qui pourrait sortir de ce roman a déjà été tournée des milliers de fois par des réalisateurs peu scrupuleux de Hollywood. Ce serait probablement un peu gros de dire que c’est écrit « à l’américaine », mais il n’empêche qu’à chaque nouveau lieu visité, le groupe arrive, fait une erreur, s’en sort quand même avec souvent un sacrifice au passage et, ô miracle, « on a emmené des explosifs »… Voilà. D’ailleurs, les lieux sont multipliés volontairement tout au long du récit (de toute façon, impossible de revenir au précédent puisqu’ils sont détruits au fur et à mesure, suivez un peu !), ce qui en fait un argument théoriquement vendeur : du Tibet au Brésil, de New York à Paris, de l’Iran à l’Atlantique… il est d’ailleurs étonnant de se rendre compte que tout ce voyage ne conduit qu’à aller là où l’héroïne disait d’aller au départ. Cette intrigue « James Bond-like » est à l’image des archétypes convoqués par l’auteur. Le commanditaire Kristian Frost et le chef de la mystérieuse confrérie Giovanni Qobras sont les deux faces d’une même pièce : celle des visionnaires qui se sont façonnés seuls, ce qui leur a permis de sortir de nouveaux millions de leur portefeuille à l’envi. L’une des pires scènes est sûrement celle qui voit ces dignitaires « marchander » pour des vies (à prendre ou à échanger, tout dépend des camps) à coups de « 5 millions pour le tuer maintenant ! non ? alors 10 ! ; et ceux-là surenchérissent tranquillement juste après pour acquérir un ridicule morceau de vestige archéologique (« 10 millions ! non ? 15 millions !). Le tout est également agrémenté d’une quantité folle de gadgets et d’innovations technologiques (sous-marins, hélicoptères, radars, etc.) qui auraient pu être captivantes si elles ne sortaient pas juste du chapeau dudit milliardaire sans autre justification que « c’est le high tech du haut niveau de la crème de l’élite, alors je l’ai acheté ». C’est à peine s’il y a une toute petite prise de recul sur ce double aspect « seuls les riches entreprennent » et « l’argent fait tout » avec la résolution finale. Les dangers sont malgré cela présents partout, c’est bien vrai, et notamment pour les affreux antagonistes. Il ne fait pas bon s’opposer aux héros, car soit on est manchot (avec un magnifique crochet multifonctions, par contre), soit on est borgne, soit on est Iranien, autant vous dire que ce n’est pas facile tous les jours de lutter contre un stéréotype déjà battu et rebattu.
Un secret mortel
Enfin, est attendu « un secret mortel » ; forcément, dans une telle quête, me direz-vous, mais quand même ce récit a un rapport très intéressant avec la mort de masse. Tout d’abord, ce voyage à la poursuite de l’Atlantide est surtout mortel pour tous les « Jean-Jacques » de ce roman. En effet, il y a une foule de personnages tertiaires dont le destin est avant tout de se faire dézinguer ; ils sont très faciles à reconnaître : ils apparaissent au début d’une nouvelle mission (première et dernière) et n’ont pas le loisir d’avoir tellement de choses à dire. La palme du devoir de mémoire revient ainsi à un personnage secondaire qui finit par dire qu’il y a déjà eu beaucoup de morts et qu’il serait bon « de penser à Jean-Jacques, Jean-Jacques, Jean-Jacques et… Jean-Jacques » qui leur ont permis d’arriver jusque-là (certains diraient qu’on se souvient pas des mecs, de toute façon). Peine, sobriété, rapidité et on repart à l’attaque. Finalement, le plus gros moment de suspense et d’émotion réside sûrement dans le prologue qui est prenant et un peu intéressé par les émotions des personnages, même s’il dévoile aussi deux des révélations majeures qui apparaissent plus tard dans l’intrigue. Le dernier acte ajoute un peu de sel à l’ensemble en choisissant d’étirer les enjeux à l’humanité tout entière, c’est gros mais pourquoi pas. Au fond, le véritable secret révélé dans ce roman n’est pas à propos de l’Atlantide, mais plutôt à propos de ces thrillers un brin ésotériques, se fondant sur des connaissances réservées aux initiés : un mythe bien vendeur, de l’action à gogo, des lieux exotiques pour le voyage et quelques références vaguement « geek » (Star Trek, Harry Potter un peu forcées pour faire genre, et hop le tour est joué !
En somme, À la poursuite de l’Atlantide remplit son office et correspond à ce que veut proposer la collection Thriller de Bragelonne, même si éditer quelque chose d’aussi stéréotypé est un peu dommageable. Plus personnellement, j’en attendais sûrement trop : le sujet atlante comme le déluge de critiques de presse sur l’ouvrage laissait espérer quelque chose de bien plus abouti, voire grandiloquent. Cette déception explique grandement la profonde ironie qui a pu poindre dans cette critique. Par contre, le deuxième tome des aventures de Wilde et Chase s’intitule Le Tombeau d’Hercule, ce qui fait déjà espérer des révélations plus recherchées sur un sujet moins commun.
Autres critiques :
2 commentaires
PatiVore
Oh la, je ne lis pas ta chronique car je viens de l’emprunter à la bibliothèque et je veux me garder la surprise 😉 J’espère le lire ce WE ou le WE prochain
Dionysos
J’ai hâte d’avoir ton avis, car moi j’en ai fait une lecture très (sûrement trop) ironique.