Le Bâtard de Kosigan, tome 3 : Le Marteau des sorcières
Titre : Le Marteau des sorcières
Cycle/Série : Le Bâtard de Kosigan, tome 3
Auteur : Fabien Cerutti
Éditeur : Mnémos [site officiel]
Date de publication : 24 août 2017
Synopsis : 1341, sur les traces de son passé, le Bâtard de Kosigan et sa compagnie s’enfoncent dans les profondeurs de l’Empire germanique au service d’un puissant seigneur du Rhin. Les mystères s’épaississent, mêlant complots, magie et religion, sur fond de chasse aux sorcières. Le chevalier devra naviguer avec prudence sur des eaux redoutables où l’Inquisition rôde et où il est parfois difficile de distinguer amis et ennemis. À quelques siècles d’intervalle, Kergaël de Kosigan tente d’élucider les interrogations soulevées par les écrits de son ancêtre. Mais remuer les secrets de l’Histoire s’avère périlleux et la vérité a toujours un prix.
Joutes verbales, combats épiques, séduction et manipulations ; on retrouve avec grand plaisir la fougue et le panache de la maison de Kosigan.
Huit caravanes de métaux rares en provenance des royaumes nains d’Enibelungen manquent à l’appel ; des incendies et des accidents de charrettes se multiplient, en veux-tu, en voilà ; et un Inquisiteur a été saigné à banc et pendu avec ses propres tripes dans la ruelle des veneurs de croix, à un jet de pierre du chapitre de l’évêché. Il avait les gonades enfoncées dans la bouche, le pauvre bougre, et sa langue arrachée sortait de son fondement pour faire bonne mesure.
Malleus Maleficarum, tel est le nom d’un célèbre traité de chasse aux sorcières « best-seller » médiéval rédigé par Jacob Spenger et Heinrich Kramer à l’intention des inquisiteurs catholiques. Toutefois, c’est également le surnom donné au nouvel antagoniste du Bâtard de Kosigan : Juan Ginès de Las Casas, cardinal du Saint-Office de l’Inquisition, dit « Le Marteau des Sorcières ».
Une intrigue ensorcelante
C’est en se rendant à Cologne au sein du Saint-Empire romain germanique en mai 1431 que la Compagnie des loups, dirigée par Pierre Cordwain de Kosigan, entrevoit une triple mission rapportant autant sur le plan financier que personnel lui être proposée. Déjà, suite aux événements de Le Fou prend le Roi, le Bâtard recherche l’origine de ses propres pouvoirs magiques, et notamment les traces du passage de sa mère en terre germanique. Ensuite, d’étranges raids sur des convois marchands fragilisent le duc de Cologne qui embauche la compagnie de mercenaires et semblent liés à une vengeance personnelle. Enfin, et surtout, autour de la ville, est organisé le Mundkreises, un cénacle de sorcières poursuivies très activement par le Grand Inquisiteur qui s’est installé dans les parages au point de gérer beaucoup de monde et d’en inquiéter un encore plus grand nombre.
Une attention toute particulière portée au lecteur
Dès le départ, même si ce roman est un troisième tome, Fabien Cerutti rappelle bon nombre d’éléments généraux de compréhension qui permettent de se plonger dans celui-ci les yeux fermés sans peur de s’y perdre (même si, bien sûr, il est plus agréable de connaître les autres aventures du héros). Pour cela, l’auteur utilise quelques tournures scénaristiques qui ont déjà fait mouche dans les deux autres tomes parus : en parallèle des aventures du Bâtard au XVe siècle, se déroulent les rocambolesques enquêtes d’un de ses descendants au XIXe siècle (1899-1900 surtout) ; à l’aide de ses amis et confrères historiens ou enquêteurs (on recroise le fameux Ernest Lavisse par exemple), Kergaël de Kosigan cherche la vérité cachée sur sa famille et sur les créatures prétendument fantastiques que furent les elfes, les mages, les orcs et autres nains ou dragons que son ancêtre cite pourtant comme véridiques dans les mémoires qu’il retrouve au fur et à mesure ! Ses recherches se font à partir des archives qu’il peut récolter, et forcément il y a des « manques à combler »… Cela permet en tout cas deux choses primordiales : très vite replacer toutes les informations nécessaires à la bonne compréhension par le lecteur et également s’amuser à tisser, à l’aide d’un récit épistolaire encore plus étoffé dans ce tome-ci, une histoire secrète au sein de l’Histoire que nous connaissons actuellement.
Un décor touffu
Évidemment, le lecteur zélé de Fabien Cerutti a plaisir à retrouver aussi les personnages de la Compagnie de Kosigan, notamment l’arbalétrier byzantin Qu’un-Coup et la Changesang italienne Dùn. D’ailleurs, lien est fait avec la nouvelle parue dans l’anthologie des Imaginales 2017, à vous de lire, il y a du conséquent à apprendre… Dans un style agréable, l’auteur place un nombre incroyable de petits faits historiques du quotidien (comment manger, se vêtir, les occupations de nobliaux, etc.) sans jamais en mettre des tartines ni créer des scènes pour les caser. Un peu de subtilité, ça fait du bien. À propos, l’auteur n’est pas historien par hasard et se fait plaisir (mais c’est un travail monstre) en utilisant quantité de personnages historiques à bon escient, et ça en fait des faits à vérifier ou bien à tordre de manière à créer de l’uchronie de fantasy. D’ailleurs, ce tome permet une déconstruction de l’histoire de la religion chrétienne sur le temps très long, par l’intermédiaire des créatures dites démoniaques qu’elle a exterminé au fur et à mesure. Certes, cela crée davantage de narrations à propos des créatures magiques là où le tome précédent se concentrait surtout sur des éléments uchroniques qui nous sont bien sûr inconnus dans notre connaissance historique du moment. Bref, ce troisième tome recèle encore de sacrés moments d’anthologie dont quelques passages de tortures encore bien crades, l’épisode de la « couille du troll », de la littérature érotique médiévale (Mesdames, qu’il est doux de faire chanter votre lune…), et bien sûr l’amour courtois façon Kosigan à suivre avec toujours autant de plaisir.
Le Marteau des sorcières est encore un tome parfaitement maîtrisé, avec une intrigue suivant un rythme enlevé, une fantasy historique très convaincante et des petites trouvailles à savourer. Vivement la suite, car le suspense de fin est insoutenable, et c’est honteux de nous laisser ainsi !
Voir aussi : Tome 1 ; Tome 2 ; Tome 4
Autres critiques : Allison (Allis’Online) ; BlackWolf (Blog-o-Livre) ; Célindanaé (Au pays des Cave Trolls) ; Chroniques du chroniqueur ; Dup (Book en Stock) ; Jean-Philippe Brun (L’Ours inculte) ; Ô Grimoire
12 commentaires
Célindanaé
Je suis contente que tu ais aimé.
Il me tarde de le lire en tout cas. Pour la fin, je suis d’accord avec toi 🙂
Dionysos
Qu’est-ce que tu as dû te marrer à lire ça avant tout le monde ! Le passage avec le troll et celui avec le lit de la damoiselle sont quand même géniaux. 😀
lutin82
J’ai découvert les critiques sur le premier tome il y a peu, cette histoire de fantasy a tout pour me plaire. Tu ne fais que remuer le couteau dans l’envie avec ton avis aussi envoûtant.
Il faut vraiment que je m’y mette! Mais je le dis pour tant de livre….
Dionysos
C’est pas faux, trop de tentations… Cela dit avec le Bâtard, je n’ai pas trouvé trop de déçus sur ces trois premiers tomes. Peut-être sur le 1er (qui lance pourtant parfaitement l’affaire) certains ont trouvé que le héros voyait tout trop à l’avance, mais au moins ça change de ces héros spectateurs : le Bâtard, lui, réfléchit à rester en vie comme s’il jouait constamment une partie d’échecs. ^^
Célindanaé
C’est tout à fait ça et j’aime beaucoup ta définition du bâtard 🙂
Et lutin, il faut lire Kosigan c’est vraiment très bon et on trouve les premiers en poche 🙂
L'ours inculte
Je l’ai fini dans le train cet aprem’, j’ai mis un peu de temps à me remettre dans le bain mais j’ai lu les deux derniers tiers d’une traite, ça doit être bon signe 😀
Dionysos
Carrément bon signe 😀
Il va à une vitesse, ce tome, c’est fou.
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