Fantasy

Fleurs au creux des ruines

fleurs-au-creux-des-ruines

Titre : Fleurs au creux des ruines
Nouvelles : Notre première graine ; L’Art ou la Viande ; Lors chantèrent les bêtes ; La tour sous le Gris
Auteur : Chloé Chevalier
Éditeur : Les Moutons Électriques
Date de publication : 2016 (novembre)

Synopsis : Près des forêts anciennes où chassent les premiers hommes, dans le roc des montagnes, on creuse les fondations des royaumes à venir. On y rêve de concorde, d’arts et d’amour, on y bâtit palais, ponts et destinées. Les siècles passent. Ores vient la fin des temps, le sol tremble, la mer bout, et s’écroulent les cités qu’on croyait éternelles, en une pluie de poussière plus sombre que le jour. Mais des cendres renaît l’espoir, et s’amorce un nouveau cycle. Fleurs au creux des ruines nous conte l’histoire du Demi-Loup.

Note 4.0

Coup de coeur

Après les oiseaux, toutes les créatures du Demi-Loup se sont mises en marche vers l’ouest pour fuir la Nuit qui avance. Cerfs, sangliers, lièvres et renards, chevaux, chèvres et bœufs échappés de leurs enclos, tous fuient, en une longue migration bigarrée. Je progresse en sens inverse. Au milieu des animaux qui courent, marchent quelques hommes. Des musiciens de la capitale, à voir leurs habits. La mine un peu hagarde mais le regard halluciné. L’un tient un luth et chante la chute des Cités-Soeurs.

 

Jeune auteur révélée l’année dernière par les Moutons Électriques, Chloé Chevalier continue d’étoffer son univers grâce à ce petit recueil de quatre nouvelles consacrées à quelques uns des événements phares de l’histoire du Demi-Loup. Malgré les siècles qui séparent les différents protagonistes, l’ouvrage ne manque pas de cohérence puisque chaque texte se trouve lié au précédent par une référence, parfois assez subtile, à un élément développé auparavant. Outre sa construction soignée, la qualité du recueil tient surtout au talent de conteur de l’auteur et à sa capacité à donner vie à des personnages consistants et attachants en dépit de leurs maladresses et de leurs erreurs. L’intérêt de ces quatre récits tient également à ce qu’ils peuvent tout à fait se lire de manière indépendante, même si les faits relatés ici feront certainement davantage sens pour les lecteurs déjà familiers du royaume du Demi-Loup et de l’univers de Chloé Chevalier dont les frontières s’élargissent encore davantage. Dans sa première nouvelle, « Notre première graine », l’auteur relate ainsi le combat désespéré mené par un roi retranché dans sa toute jeune forteresse de Nül-Noch pour échapper à la menace d’un concurrent venu s’emparer de ses terres. Un texte prenant et d’autant plus émouvant que la narration à la première personne rend le désespoir éprouvé par le protagoniste encore plus palpable pour le lecteur.

La nouvelle suivante, « L’Art ou la Viande », est à mon humble avis la meilleure de ce recueil. Le texte met en scène deux amants entretenant une correspondance, l’un depuis une forteresse située à la frontière du Demi-Loup où il entame tout juste une formation en tant qu’officier de la Compagnie du Levant, l’autre depuis les Cités-Soeurs où elle envisage de se lancer dans un noviciat au sein de l’Académie des Arts Royaux. L’empathie pour ces deux personnages entre lesquels grandit l’incompréhension est encore une fois immédiate et rend d’autant plus amère la fin poignante qui ne manquera pas de bouleverser les lecteurs même les plus endurcis. Changement de décor avec « Lors chantèrent les bêtes », nouvelle baignant dans une ambiance de fin du monde alors que tout le Demi-Loup est en proie à une succession de terribles catastrophes naturelles menaçant de détruire l’humanité toute entière. Contre toute logique, un homme décide de quitter la cité condamnée de Varidian pour aller au devant de la Nuit venue de l’est. Là encore le texte se révèle particulièrement touchant en dépit de sa noirceur qui se trouve contrebalancée par la poésie émanant de la plume de l’auteur. La dernière nouvelle du recueil, « La tour sous le Gris », vient fort heureusement inverser quelque peu la tendance et, en dépit des cruelles épreuves subies par les personnages, laisse entrevoir une lueur d’espoir concernant l’avenir de ce royaume décidément peu épargné par l’adversité.

 

Avec ces « Fleurs au creux des ruines » Chloé Chevalier enrichit un peu plus son univers et nous offre quatre textes d’une grande sensibilité portés par une plume travaillée et prompte à susciter toute une palette d’émotions chez le lecteur. Un gros coup de cœur à découvrir d’urgence !

Voir aussi : Récits du Demi-Loup, tome 1 : Véridienne ; Récits du Demi-Loup, tome 2 : Les Terres de l’Est

Autres critiques : Allison (AllisOnline) ; Blackwolf (Blog-O-Livre) ; Carolivre ; Célindanaé (Au pays des cave trolls) ; Jean-Philippe Brun (L’ours inculte) ; Xapur (Les lectures de Xapur)

Critique réalisée dans le cadre du Challenge Francofou 4

challenge-francofou-300x300

Passionnée d'histoire (surtout le XIXe siècle) et grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement) mais aussi d'essais politiques et de recherches historiques. Ancrée très à gauche. Féministe.

5 commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.