Pirates ! La légende du drapeau noir
Titre : Pirates ! La légende du drapeau noir
Auteur : Julie Proust Tanguy
Éditeur : Les Moutons Électriques
Date de publication : 2013
Synopsis : Long John Silver, Barbe Noire, Jack Sparrow… Jambes de bois, perroquets, rhum, trésors… Autant d’images qui tissent, dans nos esprits, la figure du pirate. Étonnante vitalité que celle de ce rufian qui, de l’Antiquité à nos jours, s’est toujours illustré dans nos imaginaires, quel qu’en soit le support d’expression ! Jadis barbare, hors-la-loi, source de terreur et de cruauté ; aujourd’hui, symbole de liberté, de résistance et d’aventure. Comment expliquer une telle évolution ? Embarquez sous le pavillon noir pour découvrir les distorsions de la légende de ces bandits qui, après avoir parcouru les sept mers, hantent désormais le cyber-espace…
Le pont est rougi de vin ou de sang. Qu’importe ! Le temps fuit rapide à bord de l’Épervier : tout est folie, entraînement, délire. Allez, allez, jouissez de la vie, elle est courte. Les jours mauvais sont fréquents : qui sait si aujourd’hui aura pour vous un lendemain. Amusez-vous donc, parbleu ! Saisissez le plaisir en tout et partout.
Drapeaux noirs, abordages, jambes de bois, trésors perdus, mers déchaînées… : autant de représentations qui nous viennent aussitôt à l’esprit dès qu’on évoque la piraterie. Mais d’où nous viennent tous ces fantasmes ? Comment la figure historique du pirate est-elle parvenue à atteindre une telle dimension chimérique et à s’imposer dans notre imaginaire ? Julie Proust Tanguy s’est penchée sur la question et nous livre par le biais de ce bel essai la synthèse de ses recherches et réflexions sur le sujet. La première partie de l’ouvrage est essentiellement consacrée à la définition du terme « pirate » et à son évolution au fil des siècles. On y apprend notamment que ce sont les Romains qui, les premiers, font du pirate un être sans foi ni loi, avide, cruel et donc un danger pour la civilisation. Si les « frères de la côte » laissent peu de traces de leur passage durant la période médiévale, ils refont surface au moment de la découverte du Nouveau Monde qui incarne pour eux l’espoir de l’avènement d’un nouvel ordre. C’est l’époque d’Édouard Teach (plus connu sous le nom de Barbe noire), de Jack Rakham, d’Anne Bonnie, de la colonie de Libertalia… : autant de noms à même aujourd’hui encore de réveiller les instincts d’aventurier de n’importe quel lecteur, petit ou grand. A cet âge d’or des XVIe et XVIIe siècles suit un rapide déclin : paradoxalement, c’est au moment où les pirates se font plus rares sur les mers qu’ils se mettent à envahir les pages de nos romans.
La seconde partie de l’essai de Julie Proust Tanguy consiste alors à essayer d’analyser l’évolution de cet archétype du pirate dans les médias. Médias qui, à partir du XIXe siècle et jusqu’à nos jours, se le réapproprient par tous les moyens possibles (littérature, musique, cinéma, jeux vidéo…). L’auteur se lance alors dans une liste détaillée des œuvres ayant mis en scène de terribles ou sympathiques pirates durant ces trois derniers siècles. « L’île au trésor », la franchise « Pirates des Caraïbes », « Assassin’s Creed »… : ce ne sont pas les exemples qui manquent ! Parmi les œuvres fondatrices, on peut évidemment citer les ouvrages de Defoe, Stevenson et Barrie qui donnèrent naissance à certains des pirates les plus célèbres de la littérature (Long John Silver, Flint, Crochet…) Loin d’être lassante, cette abondance de références se révèle au contraire divertissante et permet au lecteur curieux de dresser une liste sélective de romans, films ou titres à lire/visionner/écouter. Il faut dire que l’auteur a fait preuve de beaucoup d’abnégation lors de ses recherches, n’hésitant pas à lire ou regarder nanars sur nanars dans le but de proposer une étude la plus complète possible. Parmi les ouvrages les plus récents, on retiendra surtout le diptyque « Lady Pirate » de Mireille Calmel mettant en scène Anne Bonnie et Marie Read ; le « Long John Silver » de Bjorn Larsson (que je vais m’empresser de découvrir) ; « Le déchronologue » de Stephane Beauverger, et bien sûr l’imposant mais remarquable « Le vaisseau ardent » de Jean-Claude Marguerite.
Avec « Pirates ! », Julie Proust Tanguy signe un essai instructif et rend un bel hommage à ce pirate devenu au fil du temps un archétype à part entière dont elle entreprend d’analyser la construction. A noter que depuis la parution de cet ouvrage, une nouvelle série intitulée « Black Sails » mettant en scène le capitaine Flint, Long John Silver, Billy Bones, Barbe Noire ou encore Anne Bonnie a vu le jour et est à visionner de toute urgence !
Voir aussi : Sorcières ! Le sombre grimoire du féminin
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Apophis
C’est clair que Black Sails est une excellente série : je prends au moins autant de plaisir à la regarder que le Trône de Fer, c’est tout dire… Sinon, dans la partie musique, elle parle d’Alestorm (qui fait du True Scottish Pirate Metal, ça ne s’invente pas !) ou pas ?
Boudicca
Idem, la saison 3 notamment est géniale (et le personnage de Long John Silver…) ! Pour ce qui est de la musique il me semble que la référence est citée même si la plupart des mentions relèvent de la littérature et du cinéma 🙂
Julie PROUST TANGUY
Merci pour ces mots, qui me donnent des ailes pour retourner écrire le prochain ! 🙂
(Pour répondre à Apophis : oui, je parle d’Alestorm ! Leurs albums faisaient partie de ma playlist d’écriture)
Boudicca
Merci à vous, hâte de lire le prochain 😀
lorhkan
Woah, un essai sur les pirates, voilà qui semble intéressant !
Avec en plus une approche culturelle moderne, ça donne envie. 😉
Boudicca
Chouette, par ce que ça vaut vraiment le coup 🙂
belette2911
Mais que je le veux !! 😀