Azimut, tome 1 : Les Aventuriers du Temps Perdu
Titre : Les Aventuriers du Temps Perdu
Série : Azimut, tome 1
Scénariste : Wilfrid Lupano
Dessinateur : Jean-Baptiste Andreae
Éditeur : Vents d’Ouest
Date de publication : 9 mai 2012
Synopsis : Quelque part dans le vaste capharnaüm des mondes possibles, il en existe un où, plus qu’ailleurs, on reste profondément outré par l’idée de la vieillesse et de son issue tragique : la mort.
Mais a-t-on la possibilité d’y échapper ? Ailleurs peut-être pas, mais dans ce monde-là, il est permis de le penser. C’est en tout cas la théorie du vieux professeur Aristide Breloquinte, qui occupe son temps à étudier les caprices du temps à bord du Laps, son navire laboratoire. C’est aussi l’avis de la belle Manie Ganza, qui semble convaincue que le temps, c’est de l’argent, et même des espèces sonnantes et trébuchantes. Chimère ! Diront certains. Non-sens diront les autres.
Et puisqu’on parle de non-sens, signalons tout de même ce fait étrange : depuis quelques temps déjà, on a perdu le pôle nord. Ça n’a probablement rien à voir… Ou alors, c’est tout l’inverse.
En compagnie d’une myriade de personnages fantastiques que n’aurait pas reniés Lewis Carroll, embarquez pour un fabuleux voyage qui vous emmènera tout autant dans les sphères éthérées de l’imagination qu’au cœur des préoccupations existentielles humaines.
Quel endroit singulier ! Le drapeau, Monsieur Friche…
Il y a des moments dans la vie d’un homme où toutes les souffrances et les sacrifices trouvent enfin leurs justification.
Tiens, mais c’est ce bon vieux comte de La Pérue qui nous revient. Alors, ce voyage?
Je viens annexer ce territoire, au nom du roi Irénée le magnanime et…
Mais qu’est-ce qu’il raconte hohoho! […] Vous ne reconnaissez pas la grande plage? Vous êtes à Ponduche là!
Impossible, je suis parti cap à l’Ouest il y a presque deux ans! Personne n’est jamais allé aussi loin!
Ben mon vieux! tout ça pour accoster ici…
Wilfrid Lupano est sans consteste l’un des scénaristes les plus en vogue de la bande dessinée de ces dernières années, en témoignent les succès des Vieux fourneaux ou encore de Traquemage, pour ne citer qu’eux. Pour la série qui nous intéresse ici, commencée dès 2012, Lupano est accompagné des pinceaux virtuoses de Jean-Baptiste Andréae (Wendigo, La Confrérie du Crabe). Le résultat est tout bonnement détonnant.
Azimut, avant d’ouvrir le premier album c’est de prime abord une sublime couverture sur trois plans, qui annonce une galerie de personnages et un univers en hauts en couleurs. L’histoire ne le sera pas moins. Nous sommes dans « le vaste capharnaüm des mondes possibles », rien de moins. Pourtant, pour ne pas rendre la situation plus aisée, les habitants de ce monde viennent de perdre le Nord. Le pôle Nord s’en est allé, sans explication aucune, plongeant les mondes dans un rocambolesque chaos. Le comte explorateur La Pérue retourne à la case départ après des années d’exploration, le Lapin Polo, qui n’est pas sans rappeler le Lapin blanc de Lewis Carrol, a perdu la mémoire, le Petitghistan réclame son indépendance au Royaume de Ponduche, puisque le traité stipulant que les territoires au Nord du-dit royaume lui appartiennent tandis que le roi Irénée craint plus que tout la venue de l’arracheur de temps… Bref, tout ce petit monde est chamboulé.
Derrière cette histoire farfelue, encore que, c’est un monde d’une grande richesse dans lequel est plongé le lecteur. Tout y est malgré tout explicité dès les pages de garde, des mouches mécaniques que l’on croise vaguement au cours de cet album ou des oiseaux organo-mécaniques qui se jouent des caprices du temps. Les personnages sont intrigants, leurs aventures promettent surprises et rebondissements inattendus sous la plume de Lupano, dont l’imagination semble sans borne pour donner vie à ce nouveau monde.
Et que dire dans de la mise en image et en couleurs de ce monde. Le travail d’orfèvre d’Andreae est somptueux, tant sur les personnages sublimes et variés que sur les décors. Le monde est fou, et fou de détails, les personnages sont excentriques et d’une rare expressivité. Le tout servi par des couleurs judicieuses, douces. Les pinceaux de l’artiste, le mot sied parfaitement au travail accompli, donne vie à ce monde imaginaire et captive le lecteur. Chaque page, chaque vignette, vaut bien que l’on s’y attarde pour en observer la construction et le souci du détail.
Lupano et Andreae inaugurent avec Azimut une aventure grandiose sur tous les points: écriture, humour, dessin, couleurs, mise en scène, les ingrédients sont rassemblés pour que le résultat final, après cette belle mise en bouche, se dévore d’un trait. Tout y est réussi.
Voir aussi : Tome 2 ; Tome 3 ; Tome 4
Autres critiques : Yaneck Chareyre (Chroniques de l’Invisible)