Fantasy

Dragons

Dragons

Titre : Dragons
Auteurs/Nouvelles : Daylon (« Chansons pour Ouroboros ») ; Frédéric Jaccaud (« Soldats de plomb ») ; Thomas Day (« La contrée du dragon ») ; Virginie Bétruger (« Coeur de Pierre ») ; Jean Claude Bologne (« Le dragonneau anorexique ») ; Ugo Bellagamba (« Les années d’orichalque ») ; Francis Berthelot (« Au seuil de Loïkermaa ») ; Charlotte Bousquet (« La mort de Tlatecuhtli ») ; Robin Tecon (« Au plus haut des cieux ») ; David Camus (« Draco Luna ») ; Estelle Faye (« La suriedad ») ; Eudes Hartemann (« Le feu sous la cendre ») ; Philippe Guillaut (« Quelques bêtes de feu et d’effroi ») ; Jérôme Noirez (« D’un dragon à l’autre ») ; Fabrice Colin (« Archéologie d’un monstre ») ; Johan Héliot (« L’huile et le feu ») ; Mélanie Fazi (« Dragon caché ») ; François Fierobe (« Tératologie des confins »)
Éditeur : Calmann-Lévy
Date de publication : 2009

Synopsis : Créatures fabuleuses, parfois bienveillantes, souvent impitoyables, les dragons ont essaimé la quasi-totalité des mythologies humaines, comme destructeurs de mondes ou gardiens de trésors immémoriaux. Traversant les siècles, on les retrouve aujourd’hui au cœur des littératures de l’imaginaire, chaque fois réinventés. Car depuis le Smaug de Bilbo le Hobbit jusqu’aux fameux dragons de Pern, cet animal légendaire a su emprunter mille formes, croiser mille quêtes pour sans cesse répondre aux innombrables rêves – ou cauchemars – qu’il sait susciter dans le cœur des hommes. C’est à cette figure essentielle de la fantasy que se sont confrontés avec talent les auteurs de cette anthologie. Tour à tour effrayantes, épiques ou pleines d’humour, les nouvelles qui la composent forment le plus beau des hommages à son éternelle majesté.

Note 3.0

Et le lendemain, jour après jour, ils remontaient en selle. Ils s’assirent au bord des lacs noirs et chauds où nagent d’étranges formes. Ils fatiguèrent leurs yeux, des heures durant, à discerner des monstres dans les profondeurs troubles. Ils s’enfoncèrent dans les montagnes et les déserts, dans des pays inconnus de tous, dans des légendes inouïes qui toutes murmuraient le dragon. Ils avaient appris cent mots pour le nommer : pourquoi ne se révélait-il pas enfin à eux ? « Parce que son temps est passé » disaient les anciens. « Parce que les hommes l’ont trahi » lâchaient les prêtres. « Parce que vous n’avez pas d’yeux pour le voir » osaient les conteurs ambulants. C’était comme si le monde qu’habitaient les hommes s’était peu à peu vidé de sa substance divine. Car oui, sans doute, des êtres nimbés d’une aura mystérieuse, ils en eussent jadis trouvé au cœur de chaque bosquet, au détour de chaque chemin. (P. Guillaut, Quelques bêtes de feu et d’effroi)

 

Bêtes malfaisantes capables de causer la ruine d’une ville ou d’un peuple ; monstres incompris et persécutés par des hommes en quête de gloire ; divinités aériennes à la beauté majestueuse ; légendes inlassablement recherchées mais pourtant insaisissables… : voilà ce que continue aujourd’hui encore à nous évoquer la figure du dragon. Une figure qui inspire apparemment toujours les amateurs des littératures de l’imaginaire puisqu’ils sont nombreux à avoir répondu à l’appel et à s’être penchés sur le cas de cette créature mythique et désormais emblématique de la fantasy. L’anthologie regroupe ainsi dix-huit textes nés de l’imagination et de la plume d’auteurs francophones confirmés (Thomas Day, Charlotte Bousquet, Ugo Bellagamba…) aussi bien qu’amateurs. Avant de s’attarder sur le contenu de l’ouvrage, quelques bémols en matière de travail éditorial sont à signaler, à commencer par l’absence de présentation, même succincte, des différents participants au sommaire de l’anthologie (un oubli d’autant plus embêtant que, comme signalé plus haut, certains noms risquent de ne pas parler à grand monde…). De même il est un peu dommage de démarrer l’ouvrage abruptement par la première nouvelle sans qu’il n’y ait de préface nous présentant en quelques mots le sujet et la ligne directrice de cette anthologie (la présence de belles illustrations en noir et blanc au début de chaque texte est cependant très appréciable).

Pour ce qui est des nouvelles en elles-mêmes, le résultat est là aussi plutôt mitigé, la première partie de l’anthologie étant assez difficile à digérer et manquant trop souvent d’originalité, tandis que la seconde se relève de très grande qualité. Parmi les textes qui m’ont le plus enthousiasmée, commençons par la nouvelle de Philippe Guillaut qui signe avec « Quelques bêtes de feu et d’effroi » le plus beau texte de cette anthologie et nous entraîne au cœur de l’époque tourmentée des Diadoques où un soldat et un poète se lancent en quête des légendaires créatures du dieu de la guerre Arès. Le style y est extrêmement travaillé et d’une grande poésie, de même que l’intrigue par laquelle on se laisse aisément embarquer. Estelle Faye réussit également son coup avec « Suriedad », nouvelle mettant en scène un dragon des mers et un marin destiné à purger le monde. De même pour Johan Héliot qui nous fait vivre avec « L’huile et le feu » l’enquête d’un shérif d’une bourgade insignifiante des États-Unis du XIXe où se mêle trafic de femmes chinoises, complot organisé par une secte à la Ku Kux Klan, et évidemment… saurien de taille gigantesque. Thomas Day, enfin, signe comme toujours un texte captivant comprenant son lot de personnages attachants et un univers intéressant que l’on devine d’une grande richesse.

 

Une anthologie qui rend un bel hommage à ces créatures légendaires qui ne cessent de titiller notre imagination depuis des siècles et qui prennent ici vie le temps de quelques pages. Si l’ouvrage souffre de quelques défauts (notamment dans sa première partie), il serait dommage de passer à côté de certaines nouvelles qui valent franchement le détour.

Antiquiste passionnée d’art, de cinéma, de voyage et surtout grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement).

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